LYNEN Robert

Par Annie Pennetier

Né le 24 mai 1920 à Nermier (Jura), fusillé le 1er avril 1944 à Karlsruhe (Allemagne) ; acteur de cinéma (Poil de carotte) ; résistant du réseau Alliance.

Fils d’un peintre et d’une mère chanteuse et pianiste, Robert Lynen vécut les trois premières années de sa vie dans la campagne jurassienne où la famille élevait des animaux. Installé à Paris, son père travailla comme dessinateur industriel. À l’issue de sa scolarité élémentaire, Robert devint élève de l’École du spectacle, jouait au théâtre et poursuivait ses études avec des professeurs particuliers. Remarqué par le réalisateur Julien Duvivier, à l’âge de douze ans, il fut engagé pour le rôle principal du film Poil de carotte. Suite au succès public, il devint l’enfant vedette du cinéma français, dans de nombreux films, comme Rémy dans Sans famille. Sa rencontre avec Louis Jouvet en 1938 dans Éducation de Prince le marqua. Au printemps 1941, il participa à un chantier de jeunesse qu’il quitta à l’automne pour reprendre le théâtre. Domicilié à Cassis (Bouches-du-Rhône), au cours d’un voyage professionnel à Nice (Alpes-Maritimes), en mai 1942, Robert Lynen rencontra Jean-Louis Crémieux, alors chef du réseau de renseignements Alliance pour le secteur de Marseille (Bouches-du-Rhône). Il accepta de transmettre des lettres, son métier l’amenant à voyager en France et à l’étranger, et mit ses relations cinématographiques au service de la Résistance. Des professionnels du cinéma comme Burel-Danis et Vernon rejoignirent le réseau Alliance qui œuvrait au service des Britanniques. Il choisit comme nom de code « l’Aiglon » allusion au film du même nom, et accéda au grade de sous-lieutenant des Forces françaises libres. Malgré la présence allemande en zone sud, il continua à transmettre, collecter des informations notamment à filmer tout ce qui concernait l’armée allemande, dont les installations qui se mettaient en place.

Arrêté par la Gestapo le 7 février 1943 à Cassis, interrogé par la police allemande, torturé, il fut déporté via le camp de Compiègne à la prison de Kehl puis à celle de Fribourg-en-Brisgau. Son procès se déroula les 15 et 16 décembre 1943 devant le 3e Senat, présidé par le juge Schmauser. L’administration judiciaire du Tribunal de guerre du Reich RKG, considéra Robert Lynen comme le chef des dix co-inculpés ; il fut condamné à la peine capitale pour activité d’espionnage au profit d’une puissance ennemie. Le jugement fut confirmé le 20 janvier 1944 à Torgau par l’amiral Bastian, président du RKG.

Robert Lynen et ses compagnons ont été fusillés à Karlsruhe le 1er avril 1944. Leurs corps ont été ensuite rapatriés et reposent dans le carré militaire du cimetière de Gentilly.

La Cinémathèque de la ville de Paris prit le nom de Robert-Lynen le 3 février 1967. Âgé de 24 ans, il avait joué dans quatorze films et mis sa caméra au service de la libération de la France.

George Perec évoque Lynen dans Je me souviens : « il n’est donc pas mort au début de la guerre ». Des documentaires décrivent son combat résistant.

Liste des fusillés avec Lynen : Boyer A., Malbosc L., Rocher E., Savon G., Schneider C., Talon G., Zeppini G.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article169971, notice LYNEN Robert par Annie Pennetier, version mise en ligne le 17 janvier 2015, dernière modification le 7 mai 2021.

Par Annie Pennetier

Robert Lynen dans le film Espoirs (1942)

SOURCES : Auguste Gerhards. Tribunal de guerre du IIIe Reich. Cherche Midi, Paris 2014. — François Charles, Vie et mort de Poil de Carotte. Robert Lynen, acteur et résistant, 1920-1944. — Sites internet. — La Marseillaise., 29 mai 2017.

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