SARDA Raoul, Henri, Joseph, Marie [SARDA de CAUMONT]

Par André Balent

Né le 8 août 1900 à Toulouse (Haute-Garonne) ; fusillé à Castelmaurou (Haute-Garonne) le 27 juin 1944 ; agent immobilier à Auch (Gers) ; résistant du Gers (réseau Action de la R4).

Raoul SARDA
Raoul SARDA
Archives familiales. Cliché communiqué par Jean-Daniel Gaudais, du Groupe de recherches des fusillés de la Reulle, Castelmaurou Gragnague

Raoul Sarda était le fils de Marie, Auguste Sarda, propriétaire, et de Pauline, Joséphine, Marie, Antoinette Cavaré âgés respectivement de trente-et-un ans en 1900 et vingt-deux ans en 1900. Il se maria le 8 octobre 1923 à Vic-Bigorre (Hautes-Pyrénées) avec Thérèse, Cécile, Eugénie Abbo. À Paris, avant la guerre, il vécut maritalement avec Eva Miniks, épouse Singer, de nationalité estonienne, née en 1912. Cette liaison avait débuté dès avant 1936 puisque, cette année-là, Raoul Sarda et Eva Miniks firent ensemble un voyage en Europe. Eva Miniks était née russe et avait acquis la nationalité estonienne en 1918 lors de l’indépendance de l’Estonie. Après son mariage avec Nicolas Singer, Hongrois, elle conserva la nationalité estonienne. Elle fut ensuite naturalisée française. Elle n’était pas juive, à la différence de Nicolas Singer. Le couple formé par Raoul Sarda et Eva Miniks résidait 4 rue du Théâtre français dans le premier arrondissement de la capitale. Ils auraient dû, selon le témoignage d’Eva Miniks, se marier. Seule la guerre aurait empêché la réalisation de ce projet. En 1950, Éva Miniks était toujours nommée par la police : "Mme Singer née Miniks". Le divorce n’avait toujours pas été prononcé alors qu’il était envisagé avant 1939. Raoul Sarda et Eva Miniks eurent une fille. Raoul Sarda était toujours nommé "Sarda de Caumont" par Eva Miniks. Le patronyme "Sarda de Caumont" figure sur l’acte de décès enregistré sur le registre de l’état civil de Castelmaurou, mais les mots "de Caumont" ont été barrés.

Raoul Sarda vécut donc un temps à Paris avant 1939. Publiciste de formation, il participa un moment à la direction de l’agence Havas.

Raoul Sarda avait souffert d’une affection pulmonaire pendant la Première Guerre mondiale et avait été réformé. Toutefois, en 1939, il s’engagea comme soldat de première classe. Il fut démobilisé à Toulouse en 1941.

Il s’installa à Auch (Gers) où il vécut dans une villa, avenue Victor Hugo, avec sa compagne Eva Miniks. Dans cette ville, il ouvrit un cabinet immobilier qui lui procura une aisance matérielle appréciable. Il possédait deux automobiles (une Simca 5 et une traction avant Citroën) et une motocyclette.

Raoul Sarda participa à la Résistance, dans le même réseau qu’Albert Sarda de Caumont. Sa compagne expliqua plus tard dans une déposition qu’elle fit le décembre 1950 devant l’inspecteur Édouard Pichavant à la demande du Tribunal militaire permanent de Bordeaux qu’elle savait qu’il était recherché par la Police allemande. Son appartement du 143 rue Victor-Hugo à Auch fut perquisitionné le 16 mars 1944 alors que sa compagne était alitée, malade, depuis courant 1943, et qu’il était absent. Son bureau du 9 rue docteur Samalens avait été également perquisitionné et une de ses automobiles avait été saisie. Eva Miniks indiqua aussi qu’après cette première alerte, Raoul Sarda ne voulut pas réduire ses activités résistantes et fut, de ce fait, très imprudent. Une Toulousaine âgée de vingt-trois ans, Yvonne Pujol fut employée comme femme de ménage afin d’aider Éva Miniks, toujours souffrante et de s’occuper de la fillette. Raoul Sarda fut prévenu qu’elle fréquentait "assidument" des militaires allemands. Yvonne Pujol disparut après l’arrestation de Raoul Sarda dont la compagne assuré qu’elle "aurait été fusillée par la Résistance". Toujours d’après Eva Miniks, Sarda se contenta de menacer Yvonne Pujol de représailles dans le cas où il lui arriverait "quelque chose". Raoul Sarda était aussi un résistant que la police allemande recherchait, d’autant plus que son oncle Albert Sarda de Caumont, alias "Rosette", était l’un des cadres les plus en vue de la résistance de la R4. Comme lui-même portait aussi volontiers le patronyme de "Sarda de Caumont", la confusion était possible.
Pour son action résistante, Raoul Sarda quitta Auch pour Paris via Toulouse. Il fut arrêté en gare d’Auch le 4 avril 1944. Il monta dans un autorail à destination de Toulouse-Matabiau dans lequel avaient pris place des Allemands. Reconnu, il fut arrêté.

Il était un agent du réseau "Action" de la R4, celui que dirigeait précisément Albert Sarda de Caumont.

Sarda fut incarcéré au quartier allemand de la prison Saint-Michel de Toulouse. D’après Eva Miniks (déposition du 8 décembre 1950), Sarda n’aurait pas subi de sévices pendant sa détention à Saint-Michel. Grâce aux témoignages d’autres détenus (Tauronnet, de Lyon et Oscar Julien, de Toulouse), elle sut également que Sarda fut réveillé vers 8 heures du matin et fut, seul parmi ses codétenus, extrait de sa cellule. Il y fut ramené avant d’en être à nouveau extrait, vers 10 heures.

Le 27 juin 1944, il fit partie des quinze de fusillés du bois de la Reulle de Castelmaurou avec : Claude Charvet, Noël Pruneta*, Charley De Hepcée*, Marcel Mercié*, 32 ans ; Roger Toubiana*, Roger Cazenave*, 29 ans ; Jean-Louis Belvezet*, 28 ans ; Jean-Marie Ducasse*, 42 ans ; Joseph Guillaut* ; Pierre Cartelet* ; Marcel Joyeux*. Les soldats de la division Das Reich qui formaient le peloton d’exécution les obligèrent à creuser leur tombe.

Franc-maçon de la Grande loge de France (loge 288, Cosmos, Orient de Paris) où il avait été initié en 1936), fusillé en juin 1944, Sarda de Caumont figure sur la liste des maçons de la Grande loge "persécutés" entre 1939 et 1945.

Le nom de Raoul Sarda figure sur la stèle érigée dans le bois de la Reulle à la mémoire des quinze fusillés du 27 juin.

La mention "Mort pour la France" ne lui a été attribuée que le 1er août 2017 et ne fut inscrite sur son acte de décès de l’état civil de Castelmaurou que le 1er septembre 2017. Les démarches en vue de cette inscription, couronnées de succès, ont été entreprises par Georges Muratet le président du Groupe de recherches des fusillés du bois de la Reulle Gragnague-Castelmaurou

Voir : Lieu d’exécution : Castelmaurou (Haute-Garonne), fusillés sommaires du Bois de La Reulle (ou Reule).

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article170062, notice SARDA Raoul, Henri, Joseph, Marie [SARDA de CAUMONT] par André Balent, version mise en ligne le 22 janvier 2015, dernière modification le 12 juin 2021.

Par André Balent

Raoul SARDA
Raoul SARDA
Archives familiales. Cliché communiqué par Jean-Daniel Gaudais, du Groupe de recherches des fusillés de la Reulle, Castelmaurou Gragnague

SOURCES : SHD, dépôt central de la Justice militaire, Le Blanc (Indre), déposition d’Eva Singer, née Miniks, compagne de Raoul Sarda, 8 décembre 1950, document communiqué par Jean-Daniel Gaudais, Toulouse. — Arch. com. Toulouse, état civil, acte de naissance de Raoul Sarda et mention marginale. — Arch. com. Castelmaurou, acte de décès de Raoul Sarda et mentions marginales (y compris celle de "mort pour la France" rajoutée en 2017). — Le Petit Journal, édition Toulousain, 23 juillet 2014. — Patrice Castel, Pierre Coll, Pierre Léoutre , Lucien Sabah, Antimaçonnisme, francs maçons et résistance dans le Midi toulousain : de la persécution à la reconstruction des loges (1940-1944), Ramonville-Sainte-Anne, Association Mémoire résiste, 2009, 461 p. — Guy Labedan, Marcel-Pierre Carrère, Mémorial des habitants du département du Gers morts au cours de la Deuxième Guerre mondiale, , Arh. dép. Gers, 2000, p. 50.— Cd-Rom AERI, Haute-Garonne, Michel Goubet, fiche communiquée par Georges Portalès. — Sites internet : Mémorial Gen web ; In memoriam Grande loge de France, 1939-1945 consulté le 3 février 2015 ; ONAC Gers, document en ligne, La Résistance dans le Gers, consultés le 3 février 2015. — Courriel de Jean-Daniel Gaudais (12 mai 2018) avec communication des pièces concernant l’attribution en 2017 de la mention "mort pour la France". — Courriels de Jean-Daniel Gaudais (28 juillet 2018 et 5 avril 2019) faisant état de courriel de Michel Singer, fils de Nicolas Singer et d’Eva Miniks apportant des précisions sur la nationalité estonienne conservée après son mariage et sur les liens entre celle-ci et Raoul Sarda. — Note de Claude Pennetier.

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