BODEZ Gilbert, Marcel

Par Alain Dalançon

Né le 17 août 1928 à Magneux (Haute-Marne), mort le 18 juin 2017 au CHU de Nancy (Meurthe-et-Moselle) ; professeur de l’enseignement technique ; militant associatif, moniteur de gymnastique à la FSGT ; militant syndicaliste, secrétaire régional l’académie de Nancy du SNET (1963-1966) puis co-secrétaire du S3 de Nancy du SNES (1966-1967).

Gilbert Bodez
Gilbert Bodez

Fils d’un sous officier de carrière engagé initialement dans une unité des Tirailleurs algériens, « gueule cassée » de la guerre 1914-1918, décédé d’un accident du travail à l’usine Solvay en 1944, et d’une mère sans profession, Gilbert Bodez fut élevé avec son frère et ses deux sœurs en Lorraine suivant la tradition catholique.

Après l’école primaire à Morhange (Moselle) jusqu’en 1940, il fut élève au cours complémentaire à Dombasle (Meurthe-et-Moselle) en 1941 et 1942, où il obtint le certificat d’études industrielles lui permettant d’entrer à l’école d’apprentissage Solvay en 1943. Muni à sa sortie en 1945 d’un certificat d’aptitude professionnel et d’un brevet professionnel de tourneur-ajusteur, il préféra ne pas rester travailler chez Solvay et trouva facilement un emploi en pleine Reconstruction comme ouvrier professionnel tourneur dans plusieurs petites entreprises de Nancy spécialisées dans les machines-outils (Keller en 1947-1948, puis responsable de l’entretien de l’atelier à l’usine Damieux de1948 à 1951).

Ce parcours professionnel fut interrompu par le service militaire effectué en 1948-1949 dans la zone d’occupation française en Allemagne au 43e Régiment de Transmissions en tant que sergent des sports. Gilbert Bodez, adhérent de la Fédération sportive et gymnique du Travail, pratiquait en effet la gymnastique à un haut niveau (trois fois champion de Lorraine, vice-champion de France, membre titulaire de l’équipe de France de gymnastique FSGT) ; il avait obtenu un brevet de moniteur de gymnastique et encadrait les adolescents dans les clubs de la banlieue de Nancy, activité qu’il poursuivit à son retour du service militaire. Il avait épousé, le 11 août 1950 à Nancy, Léone Georges, une employée de la Banque nationale pour le commerce et l’industrie, avec laquelle il eut un garçon et une fille.

Les besoins en enseignants dans les établissements techniques étant considérables, Bodez entama une carrière comme auxiliaire au collège technique de Verdun (1952-1953), tout en préparant par correspondance les concours de professeur technique adjoint et d’entrée à l’École normale supérieure de l’enseignement technique, auxquels il fut reçu en 1953. Le certificat d’aptitude à l’enseignement technique correspondant à sa spécialité n’existant pas encore, il n’alla pas faire de stage à l’ENSET et resta en poste dans le même établissement en tant que PTA de génie mécanique de 1953 à 1959, puis obtint sa mutation à l’école nationale professionnelle de Nancy (qui devint lycée technique), ville où résidait sa famille.

Membre du Syndicat national de l’enseignement technique dès le début de sa carrière, Gilbert Bodez devint secrétaire de la section syndicale (S1) de l’ENP de Nancy à partir de 1959, puis secrétaire régional de l’académie, de 1963 à 1966, et membre titulaire de la commission administrative nationale (courant « Union pour une action syndicale efficace ») de 1962 à 1966, aux côtés notamment d’Étienne Camy-Peyret qui fut un peu son maître en syndicalisme et de René Plaisance. Mais les débats entre tendances concurrentes, peu développés au plan national, l’étaient encore moins au plan académique. Il gérait la section académique (S3) en parfaite entente avec les militants autonomes (Chabricol, le trésorier) ; il prenait toute sa place dans la section départementale de la Fédération de l’Éducation nationale, dans le comité départemental d’action laïque et la section départementale de la Mutuelle générale de l’Éducation nationale ; il entretenait d’excellentes relations avec le S3 du Syndicat national de l’enseignement secondaire et son secrétaire, André Mirgaux, ce qui permit de préparer efficacement sur le terrain la fusion entre les deux syndicats. Il siégea ensuite en tant que suppléant (liste « Unité et Action ») à la CA nationale du nouveau Syndicat national des enseignements de second degré (classique, moderne, technique) et en fut le co-secrétaire académique avec Mirgaux en 1966-1967. Il était dans le même temps membre du bureau de la section départementale de la FEN.

Gilbert Bodez, participa activement à la vie du SNET, prenant part à la bataille pour la reconnaissance de l’enseignement technique et de ses enseignants dans tous ses aspects. Élu suppléant à la commission paritaire nationale des PTA en 1965 et au Conseil général de l’enseignement général et technique en 1966, il joua notamment un rôle tout à fait important dans la mise au point des programmes de sa spécialité, dans le cadre de la commission pédagogique dirigée par Gaston Langlois puis au CEGT.

Parallèlement à son enseignement en lycée technique, Bodez donnait des cours à l’École des mines de Nancy dont le contenu fut remarqué par Bertrand Schwartz, de sorte qu’il fut sollicité pour la mise en place de l’Institut universitaire de technologie de la capitale lorraine et qu’il participa à la réforme de l’École des Mines de Nancy. Reçu au concours de professeur technique (génie mécanique) en 1967, concours qu’il avait contribué à faire naître, il entra à l’IUT et y demeura jusqu’à sa retraite en 1988, qu’il prit au grade de professeur certifié.

Syndiqué dès lors au Syndicat national de l’enseignement supérieur, puisqu’il avait été décidé au plan national que les personnels des IUT relèveraient de la syndicalisation au SNESup et non du SNES, Bodez se trouva assez rapidement mal à l’aise dans un syndicat dont les préoccupations étaient trop étrangères aux siennes et il cessa son adhésion. Ce qui ne l’empêchait pas de suivre avec intérêt tout ce qui concernait l’initiation à l’enseignement technique et son développement en amont de l’enseignement supérieur : il fut sollicité pour mettre au point la formation à l’enseignement de la technologie en classes de 4e et de 3e des collèges et donna durant plusieurs années des cours à l’École normale d’instituteurs de Nancy. En outre, à partir de novembre 1965, il fit partie de la commission pédagogique nationale des IUT et fut chargé de mettre en place les départements de Génie mécanique et productique en France, poste qu’il conserva jusqu’à sa retraite.

La formation continue des adultes fut une de ses préoccupations principales. Dès 1966, Gilbert Bodez avait été chargé par le ministère de mettre en place la formation continue dans l’équipe du Centre universitaire de coopération économique et sociale, animée par Bertrand Schwartz, formation accessible à toute la population du bassin ferifère du nord de la Meurthe-et-Moselle et notamment aux mineurs de fer, dont les mines et usines sidérurgiques commençaient à fermer. Il forma 200 formateurs (ingénieurs, contremaîtres, professeurs de lycées professionnels...) à des méthodes pédagogiques spécifiques aux adultes et mit en place des unités de formation dans les domaines demandés par les auditeurs (français ou anglais comme électricité, mécanique ou soudure), ce qui permit plusieurs années après, de créer des CAP par unités capitalisables et le passage du relais à l’Éducation nationale en 1976. Bodez était satisfait d’avoir pu faire travailler ensemble enseignants et représentants des professions et d’avoir contribué à vaincre les méfiances des militants de la CGT.

Dans la même veine, en 1984, grâce à des crédits de la Région Lorraine, Gilbert Bodez mit en place un partenariat entre l’IUT et l’association Idées-Vosges, permettant à de jeunes titulaires d’un DUT ou d’un BTS de passer à la créativité d’un brevet de fabrication et/ou d’une entreprise, grâce à un stage intensif de six mois rémunéré et ainsi de contribuer à ce que les PMI ne soient pas de simples receveuses d’ordre des grands groupes industriels et puissent s’adapter aux mutations des technologies et de diffusion.

Gilbert Bodez effectua par ailleurs deux mandats au conseil d’administration de la section départementale de la Mutuelle générale de l’éducation nationale.

En 2005, il s’occupait de son jardin et de son parc et faisait profiter ses nombreux amis de ses compétences d’œnologue.

Décédé en milieu hospitalier, ses obsèques furent célébrées à l’église de Voinemont.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article17007, notice BODEZ Gilbert, Marcel par Alain Dalançon, version mise en ligne le 20 octobre 2008, dernière modification le 28 avril 2022.

Par Alain Dalançon

Gilbert Bodez
Gilbert Bodez

SOURCES : Arch. IRHSES (S3 Nancy-Metz, Le Travailleur de l’enseignement technique, L’Université syndicaliste). — Articles dans L’Est républicain. — Témoignage de l’intéressé. — Renseignements fournis par Jacques Sarre et Julien Veyret.

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