CHAPEAU(X) Gaspard. [Belgique]

Par Jean Puissant

Né en Belgique en 1834. Ouvrier mécanicien, communard, militant de l’Association internationale des travailleurs à Bruxelles et dans le bassin du Centre (pr. Hainaut).

Gaspard Chapeau(x) figure à la douzième place dans la liste d’adhésion à l’Association internationale des travailleurs (AIT) à Bruxelles. Il y milite avant de gagner Paris, puis le Centre. Il y travaille à nouveau en octobre 1873 ce qui soulignerait la mobilité de nombreux mécaniciens à l’époque.

Lorsque éclate la Commune, Gaspard Chapeau(x) travaille à Paris, sous la responsabilité de l’armurier liégeois, Émile Delchef, dans un atelier devenu coopératif, l’Atelier métallurgique, dans le 11e arrondissement, à la fabrication, la révision et la réparation d’armes légères. Contrairement à Delchef qui fait de la prison, il se réfugie en Belgique et échappe donc à la condamnation par contumace à la déportation prononcée par le 4e Conseil de guerre le 8 janvier 1874.

Militant de l’Internationale dans le bassin du Centre en 1873-1874, Gaspard Chapeau(x) représente ce bassin à divers congrès de l’AIT : au Congrès de Jumet-Gohyssart (aujourd’hui commune de Charleroi, pr. Hainaut, arr. Charleroi) le 2 juin 1873 comme représentant des tourneurs, au Congrès fédéral, à celui d’Anvers (Antwerpen, pr. et arr. Anvers) le 15 août 1873 (il est membre du bureau) et à celui de Bruxelles, le 25 décembre 1873.

À Anvers, Gaspard Chapeau se prononce en faveur de l’envoi d’un permanent à Charleroi. À Bruxelles, il propose que le congrès suivant se tienne à Baume (5-6 avril 1874), hameau de Haine-Saint-Pierre (bassin du Centre, aujourd’hui commune de La Louvière, pr. Hainaut, arr. Soignies - aujourd’hui arr. La Louvière), voué aux ateliers métallurgiques. Il s’y oppose aux grèves partielles, onéreuses : « Elles ne peuvent avoir lieu que lorsqu’il y a impossibilité de les éviter ». Il invite les ouvriers à s’organiser et s’oppose aux affiliations individuelles. Au Congrès de Bruxelles de décembre 1873, il s’en prend à « Durant », auteur de correspondances de Paris, qu’il dénonce comme bonapartiste, contre Désiré Brismée qui le défend, première expression de différends qui éclatent en 1874.

Lors d’une réunion de l’AIT à Bruxelles, le 23 août 1874, Jean Pira explique que Gaspard Chapeau(x) est exclu de la Fédération du Centre pour détournements. Désiré Brismée dénonce les tentatives de Chapeau(x), associé à Edmond Warnotte, de créer une organisation de mineurs détachée de l’Union des métiers, à l’origine, organisation des ouvriers métallurgistes visant à s’étendre à d’autres professions.

Gaspard Chapeau(x) est effectivement exclu par la Fédération du Centre le 19 juillet 1874, exclusion confirmée par le Congrès national de Gand des 15 et 16 août 1874. Il aurait été l’auteur de malversations à la coopérative de consommation, créée par La Solidarité de Fayt, malversations qui entraînent sa disparition. Chapeau(x) est également accusé de s’en être pris à L’Internationale et au Mirabeau en soutenant la création de L’Ami du Peuple, puis d’avoir tenté d’en prendre le contrôle. Puis, il est accusé par Désiré Brismée, d’avoir, lors d’une grève à Charleroi, semé la zizanie entre métallurgistes et mineurs (17 janvier 1875).

Le nom de Gaspard Chapeau(x) est associé à ceux de Vannès, Warnotte et Wauters. C’est Fidèle Cornet, dirigeant de l’Union des métiers, qui lui succède à la tête de la Fédération du Centre.
Dans Le Mirabeau du 26 avril 1874, Chapeau(x) avait fait l’éloge de « l’association, qui, seule avec la solidarité pour base, peut faire retourner à la collectivité ce que possède l’individualité, aussi bien l’instruction que les instruments de travail. »

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article170154, notice CHAPEAU(X) Gaspard. [Belgique] par Jean Puissant, version mise en ligne le 26 janvier 2015, dernière modification le 1er octobre 2023.

Par Jean Puissant

SOURCES : SARTORIUS F., DE PAEPE J.-L., Belges ralliés à la Commune de Paris, Bruxelles, 1985 – WOUTERS H., Documenten betreffende de geschiedenis der arbeidersbeweging ten tijde van de Ie internationale, (1866-1880), deel III, 1971 (Cahiers du Centre interuniversitaire d’histoire contemporaine, 60) – FREYMOND J. (dir.), La Première Internationale , t. III - IV, Genève, 1971.

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