CHEVAL Eugène, Hyppolite.

Par Jean Puissant

Rouen (département de la Seine-Maritime, France), 31 mai 1830 – Bruxelles (pr. Brabant, arr. Bruxelles ; aujourd’hui Région de Bruxelles-Capitale), 20 décembre 1872. Ouvrier métallurgiste, marchand de journaux à Bruxelles, militant de l’Association internationale des travailleurs, membre de plusieurs sociétés rationalistes.

Tourneur-mécanicien, Eugène Cheval, appelé communément Cheval, travaille vers 1860 à Paris dans l’horlogerie. En 1863-1865, il est domicilié à Molenbeek (pr. Brabant, arr. Bruxelles ; aujourd’hui Région de Bruxelles-Capitale). Il trouve sans doute du travail dans cette commune en plein essor industriel qui porte le nom, à l’époque, de « petit Manchester ». Il est admis aux Solidaires le 8 mai 1865. Il gagne ensuite l’Angleterre après être passé par la France avant de revenir à Bruxelles où il est hébergé un moment par Désiré Brismée au n°13 de la rue des Alexiens, lieu de passage de nombreux français (27 juillet 1867). Il est considéré par la police française comme « réfugié ». En 1868, il est mentionné comme sans emploi. Cheval est admis le 8 février 1868 au sein de l’Affranchissement, où il est signalé comme bouquiniste, installé au n°14, Grand’Place à Bruxelles.

Louis Bertrand, en rupture de messe dominicale, se rend dans sa boutique pour y acheter L’Internationale (1872). Cheval vend des photographies, imprime des lithographies sur une presse dans sa cave. Il vend la brochure de Mina Pucinelli, L’homme obscur qui ment. Il est également spécialisé en littérature interdite en France : littérature licencieuse, journaux de chantage.

Cheval est admis aux Solidaires le 8 mai 1865, à l’Affranchissement, présenté par Pellering le 8 février 1869. Il semble jouer un rôle d’intermédiaire entre les Solidaires et le Conseil général de l’Association internationale des travailleurs (AIT) à Londres en septembre 1865 (voir DEVREESE D., 1986). Il assiste à une réunion de l’AIT le 21 juillet 1868, où il se propose de chercher un local pour le Congrès international. Il y vend le Peper en Zout brugeois (voir Frans Van den Berghe*). Au Congrès international, il vend le numéro de La Cigale qui se moque du ministre de l’Intérieur, Jules Bara, représenté en Don Quichotte, qui avait annoncé son intention d’interdire le congrès.

En novembre 1869, il se dit que Cheval a donné sa démission de l’AIT. À un meeting de l’AIT, le 15 mai 1871, il « faisait de la propagande communiste avec force gestes et grand bruit ». Une autre note du 21 mai souligne que s’il assiste à de nombreuses réunions et meetings, notamment « au dernier meeting du « Cercle populaire », il y est silencieux. « Ce qui augmente aujourd’hui sa prudence, ce sont les succès obtenus dans son commerce et les instances de sa femme pour qu’il ne prenne plus part aux discussions politiques. »
En juin, dans la cave qui lui sert de commerce, il a une presse et imprime des caricatures de l’ex empereur et des ministres français.

Le 2 octobre 1871, la police note : la brouille entre les internationalistes et le couple Cheval est complète « d’autant qu’on est redevable à Brismée et à la Liberté de numéros vendus ». Ils sont en outre accusés d’avoir dénoncé des français à la police. Cheval rallie le groupe d’opposants à la direction de l’AIT belge, le groupe de « la Nouvelle tribune du peuple ». C’est d’ailleurs l’un des principaux dirigeants de cette scission, B. Delesalle, qui déclare son décès à l’État civil. L’Affranchissement lui organise ses funérailles civiles.

La veuve de Cheval, Marie-Louise L’Hermine (née en 1833), poursuit un moment ses activités, – elle est visiteuse des malades –, et fréquente les Cosmopolitains. Le 18 mars 1874, elle assiste à l’anniversaire de la Commune. Le 26 octobre 1875, lors d’une séance des Cosmopolitains, elle fait la collecte pour l’organe internationaliste liégeois, L’Ami du peuple. Elle quitte ensuite Bruxelles le 28 décembre 1875. La veuve Claeskens la remplace en tant que visiteuse des malades.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article170157, notice CHEVAL Eugène, Hyppolite. par Jean Puissant, version mise en ligne le 26 janvier 2015, dernière modification le 4 janvier 2020.

Par Jean Puissant

SOURCES : Archives générales du Royaume, Bruxelles : Police des étrangers, n°183157 – WOUTERS H., Documenten betreffende de geschiedenis der arbeidersbeweging ten tijde van den Ie Internationale, delen II-III, Leuven-Paris, 1971 (Cahiers du Centre interuniversitaire d’histoire contemporaine, 60) – Documents relatifs aux militants belges de l’Association internationale des travailleurs. Correspondance 1865-1872. Textes réunis, établis et annotés par Daisy-Eveline Devreese, Leuven-Paris, 1986 (Cahiers du Centre interuniversitaire d’histoire contemporaine, 79) – SARTORIUS F., Tirs croisés. La petite presse bruxelloise des années 1860, Tusson, 2004.

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