RUCHAUD Guy [RUCHAUD Camille, Julien, Stanislas]

Par Jean Péaud

Né le 15 mai 1930 à Croix-de-Vie (Vendée), mort le 1er août 2022 à La-Roche-sur-Yon (Vendée) ; ouvrier ; jociste ; syndicaliste CFTC puis CFDT ; militant socialiste.

Fils de Benjamin Ruchaud, gendarme, et de Léonce laire Herbert, femme au foyer, tous les deux issus du milieu agricole dans le sud-Vendée. Après des études primaires à l’école laïque (CEP en mai 1944), il entra dès l’âge de 14 ans en apprentissage chez un charron à Coëx (Vendée), puis de 1946 à 1951, chez un carrossier automobile de La Roche-sur-Yon où il obtient à 18 ans un CAP de menuisier. Après son service militaire, il travailla un temps à Bordeaux et revint en Vendée exercer son métier de menuisier dans une entreprise de bâtiment aux Brouzils puis aux « Pieux-à-vis », une entreprise yonnaise d’une centaine d’ouvriers d’où il fut licencié en juillet 1957. Après une période de chômage, situation rendue difficile du fait de son engagement connu, - il n’y avait par ailleurs pas de conseil de prud’hommes en Vendée à cette époque-, il entra comme OS, agent de production sur chaîne en métallurgie à l’usine Esswein, qui fabriquait des machines à laver le linge, où il milita activement au syndicat CFTC, de 1957 à 1961.

Catholique pratiquant, il découvrit la JOC en 1948, par des copains, pas sous l’influence du milieu familial. C’est au travers des réflexions jocistes qu’il vint au syndicalisme. De 1953 à 1956, président départemental de la JOC, il milita ensuite à l’Action catholique ouvrière (AOC).

Adhérent à la CFTC depuis 1948, délégué du personnel dans son atelier de menuiserie à partir de 1953, il devint rapidement l’un des dirigeants du syndicat Bois-et-Bâtiment, puis de celui de la Métallurgie. Il entra au conseil départemental en 1955, année où il connut sa première grève. A partir de 1961, il devint permanent à l’Union départementale CFTC puis CFDT, et le resta jusqu’en 1973. Secrétaire-général adjoint en 1961, puis secrétaire général de 1963 à 1973, il succéda à Louis Champain (voir ce nom). Il fut particulièrement marqué par la solidarité avec les mineurs lors de la grève de 1963 où l’UD-CFDT accueillit une équipe du bassin de Saint-Etienne durant une semaine, et par la guerre d’Algérie. Guy Ruchaud s’efforçait de convaincre les syndicats CFTC d’adhérer à la CFDT, ce qu’il relata dans son livre : 53% des syndicats vendéens se prononcèrent pour le changement de statut et de nom.
Durant son mandat, Guy Ruchaud contribua à une importante progression de la CFTC puis de la CFDT en Vendée. Au début des années 1960, la CFTC comptait 2 500 adhérents avec une implantation dans le Bâtiment, sur la côte, dans la chaussure et l’industrie du vêtement présentes dans le bocage, avec cinq Unions locales. Fin 1972, l’UD-CFDT de Vendée revendiquat 12 000 adhérents et dix UL. Jean Guilloteau puis Joseph Allain lui succédèrent en 1973.
Guy Ruchaud expliquait cet essor par une action dynamique et un soutien intense mené aux côtés des travailleurs dans les entreprises vendéennes. Les patrons, habitués à une main-d’œuvre docile et facile, peu formée, issue du monde rural, acceptèrent mal la création des syndicats et développent largement la chasse aux syndicalistes et la répression. Plusieurs fois, il fut personnellement pris à partie par des patrons n’acceptant pas sa présence auprès des travailleurs en grève. Il relata dans son ouvrage de nombreux exemples de conflits dans l’habillement, la chaussure, -à forte main-d’œuvre féminine- où les travailleurs décidaient la grève sans préparation. Sa formation par les ENO (Ecoles normales ouvrières) lui permit d’encadrer les mouvements.

Il mena le combat pour le développement économique de la Vendée, en retard d’industrialisation. En avril 1965, une grande action : « L’Ouest veut vivre », préparée par la CFDT de Bretagne et Pays de la Loire à laquelle s’associa le syndicalisme paysan, rassembla des milliers de manifestants dans chaque département. 3 000 personnes montèrent à Paris, dont Guy Ruchaud et une centaine de militants vendéens pour interpeller les pouvoirs politiques. Toute cette période comme celle de 1968, fertile en grèves et occupations d’usines, contribua à un fort développement des sections syndicales d’entreprises. Guy Ruchaud fut également, pendant six ans, membre de la commission confédérale de formation CFDT. Fort de ces expériences, il revendiquait pleinement une conscience de classe qui ne s’est jamais démentie.

Après douze années d’activités et de responsabilités au niveau départemental, son reclassement dans le milieu industriel s’avéra difficile. L’action sociale lui offrit naturellement une opportunité qu’il accepta pour la mise en place, à partir de l’hôpital psychiatrique, d’un service de réinsertion professionnelle de personnes suivies par ce milieu médical. Responsable d’une petite équipe, il mena pendant 17 ans une action favorisant au sein de la Société Vendéenne d’Aide à la Santé Mentale, la création de structures d’accueil, de soutien, de reclassement tels que des foyers d’hébergement, centres d’aide par le travail et ateliers protégés. Guy Ruchaud assuma aussi la présidence d’une structure nationale de représentation de ce type d’équipes financées et contrôlées par le ministère de la Santé et du Travail durant quatre ans.

Mutualiste dès 1953, il représenta la CFTC puis la CFDT au conseil d’administration de l’ASSEDIC de Basse-Loire de 1959 à 1979 et la CFDT à la Caisse d’Allocations Familiales de 1973 à 1977.

Guy Ruchaud se maria le 29 juin 1956 à La Roche-sur-Yon (Vendée) avec Marie Thérèse Chauvière, responsable de la JOCF. Elle était couturière puis mère au foyer, ensuite monitrice technique auprès d’handicapés mentaux. Elle accompagna son mari dans ses activités syndicales, politiques et associatives. Ils eurent trois enfants, dont l’aîné, permanent CFDT à France Télécom de 1988 à 1995.

Fidèle lecteur de Témoignage chrétien pendant 25 ans, également du Nouvel Observateur et de Ouest-France, de la presse syndicale et politique, Guy Ruchaud déclarait avoir voté contre le général de Gaulle en 1958. Il adhèra au Parti socialiste en 1974 et devint membre du conseil fédéral de 1990 à 1997. Elu au conseil municipal de La Roche-sur-Yon sur la liste d’Union de la Gauche menée par Jacques Auxiette en 1977, il resta adjoint au maire jusqu’en 1989.

Fondateur et animateur de l’ADEPY (Association pour le Développement et l’Emploi du Pays Yonnais) à partir de 1982, vice-président en 1997 ; il fut actif au club « Convaincre en Vendée », à l’Association pour les Echanges Internationaux et Nationaux. Il fut président de l’Association d’aide aux chômeurs de La Roche-sur-Yon de 1989 à 1994.
Résidant toujours au chef-lieu du département, il continua à militer dans de nombreuses associations.

Ses obsèques religieuses eurent lieu le 5 août 2022 en l’église Sainte-Thérèse de La Roche-sur-Yon. Il fut inhumé au cimetière de Saint-André-d’Ornay.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article170180, notice RUCHAUD Guy [RUCHAUD Camille, Julien, Stanislas] par Jean Péaud, version mise en ligne le 17 février 2015, dernière modification le 24 août 2022.

Par Jean Péaud

ŒUVRE : Guy Ruchaud, Parcours d’un militant, Geste éditions, 2011.

SOURCES :La Trouée syndicale, organe de liaison des militants CFTC puis CFDT de Vendée (fonds CFDT du CDHMOT de Vendée) ; La Vendée ouvrière, organe de l’UD-CFTC puis CFDT (fonds CDHMOT) ; Mémoire syndicale : Le syndicalisme chrétien en Vendée, n°1, 1983 (publication du CDMOT) ; Mémoire syndicale : Dictionnaire biographique des militants CFDT de Vendée (1964-2004), publication du CDMOT, 2004 ; Figures du mouvement ouvrier yonnais. Les syndicalistes (1904-1954), Lettre d’information du CDMOT, n°12, 2004. Notes de Florence Regourd. — "La Roche-sur-Yon. Figure du syndicalisme, Guy Ruchaud est décédé", Ouest-France, 2 août 2022. — État civil.

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