MANON Louis, Gaston

Par Philippe Lecler

Né le 2 mai 1891 à Haybes (Ardennes), exécuté le 29 août 1944 par représailles, au bois de la Rosière, à Tournes (Ardennes) ; hôtelier à Fumay (Ardennes) ; résistant.

Les fusillés du bois de la rosière

Né dans une famille modeste d’ouvriers ardoisiers, Louis Manon est le dernier de neufs enfants. En 1914, il achève ses trois ans de service militaire au 148e R.I. de Givet (Ardennes) quand la guerre éclate. Après avoir combattu sur le front de Salonique, il est démobilisé après la victoire. Rentré à Haybes, il épouse une veuve de guerre et grâce à un modeste héritage, il achète un premier hôtel, puis ira s’installer à Fumay. Ouvrier ardoisier le jour, il aide le soir son épouse dans la gestion de l’établissement. En 1939, l’armée l’appelle de nouveau. Il met les siens à l’abri à Gardanne, dans le Midi, où il les rejoint après avoir été démobilisé. La famille Manon y reste jusqu’en 1943. De retour à Fumay, c’est un hôtel pillé de fond en comble que les Manon retrouvent, mais après quelques semaines de travaux, l’établissement rouvre ses portes. Contacté par le chef local de la résistance Gabriel Sacrez, Louis Manon héberge clandestinement des prisonniers évadés, des aviateurs alliés, des résistants recherchés par la police allemande…
Au début du mois de mars 1944, un contact lui amène huit jeunes gens, des réfractaires désireux de former un maquis. L’un d’eux, « Max », est un traître. Quelques jours plus tard, le 13 mars, Max se rend à la poste du bourg. Il téléphone à la police allemande et la Feldgendarmerie intervient à l’Hôtel du Château. Trois jeunes gens parviennent à s’enfuir. Pour les autres c’est la prison de Charleville (deux d’entre eux, Alexandre et Auguste Salmeron seront condamnés à mort et fusillés sur le plateau de Berthaucourt).

Gabriel Sacrez incite Louis Manon à prendre la fuite, mais celui-ci refuse d’inquiéter sa famille. Quelques jours plus tard, les Allemands viennent le chercher. Incarcéré à la prison de Charleville, il en fut extrait pour être exécuté au bois de la Rosière, à Tournes, le 29 août 1944, avec douze autres patriotes. Son acte de décès porte la mention « Mort pour la France ».

Son nom est inscrit sur le Mémorial de Berthaucourt à Charleville-Mézières.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article170203, notice MANON Louis, Gaston par Philippe Lecler, version mise en ligne le 29 janvier 2015, dernière modification le 7 février 2022.

Par Philippe Lecler

Les fusillés du bois de la rosière

SOURCES : Philippe Lecler, Le temps des partisans, Éditions D. Guéniot, Langres, 2009 – Commune de Tournes, 29 août 1944. Massacre au bois de la Rosière. — État civil de Tournes. — L’Ardennais, 27 juillet 1994. — Dossier de la cour de justice des Ardennes, procès Max Brochet, Archives départementales des Ardennes.
Voir Fusillés du bois de la Rosière, à Tournes, le 29 août 1944

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