Par André Balent
Né le 16 mars 1900 à Toulouse (Haute-Garonne) : officier de l’Armée ; résistant de la Haute-Garonne ; responsable de l’AS et des maquis pour la R4.
Le neveu d’Albert Sarda de Caumont, Raoul Sarda, fusillé le 27 juin 1944 à Castelmaurou (Haute-Garonne) résidait dans le Gers. Lui-même, pendant la clandestinité de la Seconde Guerre mondiale semble avoir résidé en permanence dans la Haute-Garonne, à Toulouse, plus précisément. Capitaine de l’Armée, Sarda de Caumont avait été fait prisonnier en 1940. Il put se faire libérer par les Allemands en se faisant passer pour un ancien combattant de la Première Guerre mondiale. Résistant, il devint l’adjoint de Louis Pélissier (alias « Carton », issu de Combat) à la tête de l’AS de l’ensemble de la R4.
D’après Serge Ravanel, Albert Sarda de Caumont était issu de la noblesse tarnaise.
Le capitaine (certaines sources lui attribuent le grade de commandant, d’autres celui de lieutenant-colonel, grades auxquels il accéda officiellement après la Libération) Albert Sarda de Caumont, proche d’André Hauriou un résistant socialiste, fut d’abord membre du mouvement Combat. Il entra naturellement à l’AS et devint en mai 1943 et était en octobre 1943 chef régional du service national des maquis pour la R4 avec pour adjoint, un jeune étudiant de l’École coloniale (Toulouse), Jean Cressot. Il supervisa la mise en place de plusieurs dizaines de maquis de la R4. Il participa à la mise en place, à partir d’éléments venus de Toulouse et de sa région, du maquis AS Bir Hakeim dans l’Aveyron. Ce maquis atypique passa rapidement sous l’autorité de la R3 (Montpellier) après que Sarda de Caumont eut passé un accord avec son homologue de la R3, le capitaine André Pavelet. Sarda de Caumont obtint du service maquis à Paris, une subvention de 25 000 Fr. pour le maquis Bir Hakeim fondé et dirigé par Jean Capel, alias « commandant Barot » — qui, en août 1944, participa à la libération de Montpellier après une longue équipée dans le sud du Massif Central. Par la suite, il semble, d’après Gérard Bouladou (cf. SOURCES. Bouladou) qui lui attribue le grade de lieutenant-colonel), qu’il y ait eu des différends entre Albert Sarda de Caumont et Jean Capel.
En décembre 1943, Sarda de Caumont fut remplacé à ce poste par son adjoint Thévenard, alias « Pascal ». Sarda de Caumont déploya une activité inlassable pour donner de la cohérence à des maquis minés par la désorganisation, la tentation du banditisme, les désertions, et le manque d’armement. Son effort porta sur l’organisation et la discipline. Une structuration départementale des maquis permit de mieux contrôler l’organisation administrative et financière de ces maquis. Dans un premier temps, Sarda de Caumont visita systématiquement chaque mois tous les maquis de l’AS, tâche qui s’avéra impossible dès le début de 1944 du fait de leur développement.
À partir de janvier 1944, il devint le chef militaire « Action » de la R4, et supervisait ainsi l’AS, les maquis de l’AS et les groupes francs.
En février 1944, Sarda de Caumont supervisait soixante-et-onze maquis des départements de la R4 regroupant 2880 hommes, alors qu’à sa prise de fonction les maquis de l’AS de la R4 n’étaient implantés que dans le Lot et la Montagne Noire, aux confins du Tarn et de l’Aude (département de la R3).
En avril 1944, il céda les fonctions de responsable Action de la R4 à Serge Ravanel qui a déclaré à Jean Estèbe (cf. SOURCES) qui l’interrogeait que « Sarda de Caumont n’avait pas été chef militaire de la région ». Il devint ensuite aux côtés de Jean-Pierre Vernant*, l’adjoint de Serge Ravanel à la tête de des FFI de la R4. Le 17 juin 1944, Ravanel dans un rapport sur l’état de la Résistance dans la R4, faisait état de ses différents avec Albert Sarda de Caumont et Louis Pélissier dont il ignorait que les Allemands avaient exécuté ce dernier à Saint-Céré dans le Lot.
Serge Ravanel, tout en ne cachant pas les désaccords qui ont pu l’opposer à d’autres dirigeants de la Résistance de la R4, le dépeignit favorablement dans ses mémoires de Résistance (1995) losqu’il évoquait son "ton bourru et tranchant (...) [qui cachait] une personnalité attachante et sensible".
Par André Balent
SOURCES : Archives privées de Serge Ravanel, rapport du 17 juin 1944, publié en ligne sur le site du musée de la résistance et de la déportation de la Haute-Garonne, consulté le 3 février 2015.— Gérard Bouladou, Les maquis du Massif Central méridional 1943-1944. Ardèche, Aude, Aveyron, Gard, Hérault, Lozère, Tarn, Nîmes, Lacour-Rediviva, 2006, 617 p. [P. 92]. — Jean Estèbe, Toulouse, 1940-1944, Paris, Perrin, 1996, 357 p.[p. 172, 180, 181, 331]. — Michel Goubet, « Le service régional des maquis » in La Résistance dans la Haute-Garonne, Paris, AERI, CDROM. — HR. Kedward, À la recherche du maquis, Paris, Éditions du Cerf, 1999, 473 p. [p. 131, pp. 409-410]. — Henri Noguères et Marcel Degliame-Fouché, Histoire de la Résistance en France, Tome III, Novembre 1942-septembre 1943, Paris, Robert Laffont, 1972, 717 p. [p. 94, 301] ; Tome IV, Octobre 1943 Mai 1944, Paris, Robert Laffont, 1976, 710 p. [p. 57, 227, 670]. — Serge Ravanel, L’esprit de résistance, Paris, Le Seuil, 1995, 444 p. [en particulier les p. 216 et 330]. — Le Petit Journal, édition Toulousain, 23 juillet 2014.