POTTIER Pierre, Charles, Gaston [pseudonyme dans la Résistance : Athos]

Par Annie Pennetier

Né le 21 décembre 1914 à Paris (ex Seine, II° arr.), exécuté sommaire le 20 décembre 1943 au stand de tir de Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme) ; industriel ; résistant du mouvement Combat à Billom (Puy-de-Dôme).

Deuxième fils de Charles Maurice Pottier, emballeur et de Marcelline, née Bayle, sans profession,la famille habitait Rue Gaillon à Paris (IIe arr.). Pierre Pottier se maria à Fontainebleau (Seine-et-Marne) le 19 juillet 1934 avec Pierrette Le Breton. Il servit dans l’armée en tant que Brigadier-chef Radio.
Au début de la guerre, vers 1940, Pierre Pottier quitta Paris et se replia avec sa famille à Billom où il habitait route de Cournon, avec sa femme et ses trois enfants. Il créa une importante scierie (exploitation forestière, charpente, menuiserie) d’une centaine de salariés d’abord installée à la place des anciens établissements Bourgis puis à la sortie de la ville route de Cournon. Il employait de nombreux réfugiés de l’Est de la France, Alsaciens, Lorrains et/ou Juifs puis des réfractaires au STO.
Contacté par le résistant Adrien Pommier du mouvement de résistance Combat, devenu à l’automne 1942, responsable de la Résistance de l’arrondissement de Billom (cantons de Billom, Lezoux, Courpières, Saint-Dier, Cunlhat, Vertaizon et Pont-du-Château) dans le réseau Marceau lié au BCRAM (Bureau central de renseignement et d’action militaire devenu le 1er septembre 1942 BCRA), Pierre Pottier s’engagea en septembre 1942 sous le pseudonyme d’Athos et mit son usine à la disposition de la résistance.L’atelier de mécanique équipa des voitures rapides de caches servant au transport des armes, et de plaques minéralogiques modifiables. Il organisa une trentaine avec laquelle il constitua un réseau de renseignement sur la 14e Gare Militaire, des dépôts d’armes et de munitions parachutées en coopération avec son chef d’arrondissement d’action Adrien Pommier dit Arthur Capitaine Commandant le 4ème Corps Franc d’Auvergne. Il était son premier adjoint avec le grade de lieutenant depuis décembre.
En même temps, la fabrication de baraquements en bois vendus à l’organisation Todt permettait au chef d’entreprise Pierre Pottier d’obtenir permis de circulation (Ausweis) et bons d’essence.
Le 16 décembre 1943, les membres du SD service de sécurité allemand, en civil et en uniforme, aidés des troupes d’opération mirent en place des barrages routiers ; ils contrôlèrent les listes de réfractaires au STO dans une quinzaine de mairies, et pratiquèrent de nombreuses arrestations, dont 45 à Billom. L’usine Pottier fut fouillée et un groupe conduit à la caserne du 92e régiment d’infanterie de Clermont-Ferrand dont Pierre Pottier et son directeur Louis Escalier. Après avoir été torturés, six détenus de la scierie ont été fusillés au stand de tir du 92e RI et onze déportés à Buchenwald. Sept furent tués ou exécutés en différents lieux.

Pierre Pottier fit partie des vingt patriotes « morts pour la France » qui ont été fusillés au stand de tir du 92 e RI, à Clermont-Ferrand, le 20 décembre 1943, après avoir été torturés. Leurs corps furent retrouvés dans une fosse à la Libération. Il put être identifié et un jugement du tribunal civil de Clermont-Ferrand du 17 octobre 1944 ordonna la mention de son décès sur les registres d’état civil concernés.
Sa femme écrivit dans une lettre datée du 6 avril 1945 et confié à Adrien Pommier, liquidateur : « Mon mari a non seulement donné sa vie, mais il s’est ruiné pour la Résistance. En conséquence j’ai droit aux trois mois de solde délivrés aux veuves des FFI, ainsi qu’à la délégation de solde, mon mari était brigadier-chef dans l’active. »
La mention Mort pour la France ne fut pas inscrite à son état civil avant septembre 1949, le Capitaine Charles Woeste, Chef de la Mission Belge de Liaison, 5 rue du Faubourg Poissonière, Paris (IXe arr.) ayant écrit en ce sens le 27 août 1949, la réponse non datée indique la nécessité de compléter son acte de décès.
Il a été homologué lieutenant FFI, date de prise de rang le 1er décembre 1943, par décret du 23 octobre 1947, JO du 12 novembre 1947

Les propositions de décoration Médaille de la Résistance avec rosette et croix de la Légion d’Honneur trouvèrent un avis très favorable de la part de la Commission régionale signé Colonel Coulandon, mais la Commission nationale ne donna aucun avis. Il fut seulement décoré de la Croix de guerre 1939-1945.

Son nom est inscrit sur le monument aux morts de Billom et sur la plaque commémorative au 92e RI de Clermont-Ferrand.

Les autres fusillés de la nuit du 20 au 21 décembre 1943 sont : Pierre Barnier, Roger Bonnet, Gaston Bonniol, Louis Cornuéjouls, René Coudert, Jean-Baptiste Delavet, Bruno Einstein, Lucien Erny, André Jaffeux, Gabriel Lacour,, Jean Laroche, Armand Léoty, Jacques Meunier, Paul Picard, Jean Perrain, François Pradier, Paul Sabatier,, Roger Sommevialle et François Vaure.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article170382, notice POTTIER Pierre, Charles, Gaston [pseudonyme dans la Résistance : Athos] par Annie Pennetier, version mise en ligne le 5 février 2015, dernière modification le 17 mai 2022.

Par Annie Pennetier

SOURCES : SHD Vincennes GR 16P 487582 (notes de Geneviève Launay) . — Manuel Rispal Billom 1941-1943 Editions Authrefois, 15130 Ytrac, 2013. — Notes de Jean Darracq.— Mémorialgenweb .— État civil de Paris IIe et de Billom.

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