BOIGEGRAIN Édouard, Louis, Justino

Par René Lemarquis

Né le 17 novembre 1886 à Troyes (Aube), fusillé comme otage le 30 avril 1942 à Montgueux (Aube) au lieu-dit Montchaud ; comptable, employé de coopérative ; militant communiste et résistant.

Édouard Boigegrain
Édouard Boigegrain
SOURCE : DVD Rom AERI de l’Aube.

Édouard Boigegrain était l’aîné de quatre enfants d’une famille modeste et non religieuse. Comptable, il avait des idées socialistes ; lui et sa femme, une ouvrière du textile, adhéraient à une société anticléricale. Édouard fut blessé pendant la Première Guerre mondiale, son frère y mourut ainsi que son beau-frère.
En 1921, Boigegrain était secrétaire adjoint de la Libre-Pensée de l’Aube et fut, à ce titre, candidat de protestation contre le Bloc national aux élections cantonales de 1922 à Ramerupt. Membre du Parti communiste, il démissionna en 1922 de la Ligue des droits de l’Homme en application des décisions nationales, suite au IVe congrès de l’Internationale communiste. Il anima la même année le Comité d’assistance à la Russie dont il était trésorier.
En 1923, Édouard Boigegrain fut élu secrétaire du syndicat unitaire de l’Alimentation et, en 1929, il fut candidat de la CGTU aux élections prud’homales. De 1926 à 1929 il fut plusieurs fois candidat au conseil d’administration de la coopérative de consommation « La Laborieuse » sur la liste du Cercle des coopérateurs révolutionnaires.
Membre de la commission de contrôle du rayon de Troyes du PCF, il se présenta aux élections municipales à Saint-Julien-les-Villas en mai 1929. Il vint s’installer par la suite à Sens (Yonne) où il fut candidat aux élections municipales de 1935.
À la fin de l’année 1941, Jean-Pierre Ringenbach (Gaston) arriva dans l’Yonne pour constituer le Front national. Il prit contact avec Édouard Boigegrain, René Louis et Émilien Jacquin, deux autres militants communistes sénonais. Les trois hommes avaient accueilli Jean-Pierre Ringenbach en décembre 1941 lorsque celui-ci était arrivé dans l’Yonne pour prendre la succession de René Roulot à la tête du Parti communiste icaunais.
Ringenbach, arrêté par la police allemande le 29 janvier 1942 et incarcéré à la prison de Troyes (Aube), céda sous les tortures le 24 février et dénonça les résistants qu’il connaissait, dont Édouard Boigegrain. Celui-ci fut arrêté, comme plusieurs de ses camarades, le 5 mars 1942 par la Gestapo et les services du commissaire spécial Grégoire qui avaient été requis pour l’occasion ; Boidegrain fut arrêté à Sens. On trouva à son domicile des imprimés pour les convocations aux réunions de sections, des cartes vierges du PCF, des cachets et divers autres documents. Emprisonné au quartier allemand de la maison d’arrêt de Troyes, il a été fusillé comme otage le 30 avril 1942 dans les environs de Troyes. Il avait refusé l’assistance d’un prêtre.
Ses camarades communistes dont René Louis ont été fusillés comme otage le même jour au champ de tir d’Égriselles-Venoy (Yonne).

En 1944, le nom d’Édouard Boigegrain fut donné à un maquis créé près de Malay-le-Grand.
Il eut des obsèques officielles à Troyes le 1er mai 1945. Son nom est gravé sur le monument regroupant les Morts pour la France de tous les cantons de l’arrondissement de Sens (Yonne), situé place des Héros, ainsi que le monument aux morts de Saint-Julien-les-Villas (Aube) où il habitait en 1925. Il figure aussi sur la stèle commémorative de Montchaux à Montgueux avec treize autres.
Il était décoré de la Croix de guerre et de la Médaille militaire au titre de la Première Guerre mondiale.
Aucun dossier au nom de Boigegrain ne figure au BMC-DMPA.
Sa fille, Andrée Jeanny, internée politique, était à la Libération secrétaire de l’Association des familles de fusillés de l’Aube.


Voir Montchaud, commune de Montgueux (1940-1942)

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article17045, notice BOIGEGRAIN Édouard, Louis, Justino par René Lemarquis, version mise en ligne le 20 octobre 2008, dernière modification le 29 juin 2022.

Par René Lemarquis

Édouard Boigegrain
Édouard Boigegrain
SOURCE : DVD Rom AERI de l’Aube.
Obsèques de Édouard Boigegrain
Obsèques de Édouard Boigegrain

SOURCES : AVCC, Caen, B VIII 3. – La Dépêche de l’Aube 1921-1929. – L’Aube Libre et La Dépêche, 1944-1945. – Joël Drogland, fiche Édouard Boigegrain, La Résistance dans l’Yonne, CDrom ARORY et AERI, 2004. – Notes Jean-Pierre Besse. — Robert Loffroy Mémoires d’un résistant et militant communiste de l’Yonne ARORY, 2014. — Notes de Jean Lefèvre. — Mémorial Genweb.

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