ROULIC Gérard, Eugène, René

Par Alain Dalançon

Né le 13 avril 1935 à Cancale (Ille-et-Vilaine), mort le 14 juillet 2022 à Nantes (Loire-Atlantique) ; professeur d’espagnol ; militant syndicaliste en Loire-Atlantique, secrétaire du S2 du SNET (1964-1965), secrétaire de la section départementale de la FEN (1965-1967), secrétaire du S2, puis secrétaire du S3 du SNES de Nantes (1967-1977) ; militant communiste ; militant associatif.

Gérard Roulic
Gérard Roulic

Son père, employé municipal, devint directeur du service administratif de la mairie de Saint-Malo (Ille-et-Vilaine). Militant local de la CGT à partir de 1934, ce dernier milita après 1948 à la CGT-FO en étant responsable local, puis départemental, puis régional de la Fédération des services publics ; après sa prise de retraite, il était responsable régional des retraités CGT-FO des services publics. Sa mère fut employée des PTT durant une douzaine d’années. Ses grands-pères paternel et maternel étaient « morts pour la France » durant la Première Guerre mondiale.

Comme sa sœur, Gérard Roulic fut baptisé, fit sa communion et reçut une éducation petite-bourgeoise provinciale. Son père était cependant un laïque et tenait à ce qu’il suive sa scolarité dans des établissements publics. Après l’école primaire à Saint-Malo, il entra au cours complémentaire puis termina son cursus scolaire secondaire au collège de Saint-Servan, aucun lycée ou collège public n’existant alors à Saint-Malo. Il y obtint le baccalauréat série philosophie en 1952 et, sur les conseils de son professeur de philosophie, M. Decaen, décida de ne pas devenir instituteur, mais d’aller préparer le concours d’entrée à l’École normale supérieure de l’enseignement technique au lycée Lakanal de Sceaux (Seine/Hauts-de-Seine). Il intégra l’ENSET en 1955 (section F) et, après avoir obtenu des certificats de licence d’espagnol à la Sorbonne, en sortit en 1959, muni du certificat d’aptitude au professorat de l’enseignement technique (CAPET F, lettres, espagnol). Son goût pour la richesse linguistique et culturelle du monde hispanique lui avait été communiqué au départ, en classes de première et terminale, par sa professeur, Suzanne Autissier ; il fut alors conforté dans son choix par le lecteur d’espagnol au collège, M. Pons, républicain espagnol exilé, qui lui fit découvrir les méfaits du franquisme.

Gérard Roulic avait commencé à trouver dans la lecture de Témoignage chrétien une orientation correspondant à son éducation chrétienne, puis il était devenu lecteur de l’Humanité à partir de 1954 ; il se trouvait de plus en plus proche des analyses du Parti communiste français, notamment en raison de ses prises de position contre les guerres coloniales, la guerre d’Algérie en particulier. Mais il n’adhéra pas encore au PCF.

Il épousa à l’église, le 3 août 1957 à Château-Gontier (Mayenne), une institutrice, Liliane Dacosse, avec laquelle il eut trois enfants, dont deux survécurent : Anne, devenue cadre SNCF, et Armel, technicien territorial ; ils divorcèrent en 1997.

Dispensé du service militaire, il débuta sa carrière d’enseignant au lycée Saint-Cricq de Pau (Basses-Pyrénées/Pyrénées-Atlantiques) de 1959 à 1961, puis fut muté à Nantes (Loire-Atlantique), successivement au lycée technique Livet, de 1961 à 1963, au lycée Launay La Chauvinière, de 1963 à 1965, et enfin au lycée Vial, de 1965 à sa retraite, prise en 1995 au grade d’agrégé obtenu par promotion interne.

Gérard Roulic commença à se syndiquer au Syndicat national de l’enseignement technique à l’ENSET en 1957. Il commença à y prendre des responsabilités dans le bureau de la section (S1) du lycée Saint-Cricq. Arrivé à Nantes, il devint secrétaire du S1 du lycée Livet en 1962-1963 puis secrétaire de la section départementale (S2) en 1964-1965 et, bien que militant du courant de pensée « Union pour une action syndicale efficace », secrétaire de la section départementale de la Fédération de l’Éducation nationale, de mai 1965 à novembre 1967. Devant l’impossibilité de trouver un candidat parmi les « autonomes » du département, il avait en effet été recommandé par le secrétaire général de la FEN, Georges Lauré, ancien secrétaire général du SNET, et soutenu par Jean Parc, un militant actif du Syndicat national de l’enseignement secondaire, « cégétiste » de la liste « B ». Cette expérience fut très féconde pour lui, car il eut l’occasion de mieux connaitre les réalités du monde ouvrier et de son syndicalisme, entre autres lors des actions intersyndicales pour la défense de la Navale en 1965, notamment au contact de Georges Prampart, militant de la CGT et de Gilbert Declercq, militant CFTC fondateur de la CFDT, militant de l’unité d’action dans un esprit de respect de chaque organisation.

Après la fusion du SNES et du SNET en 1966, Gérard Roulic, clairement identifié militant « Unité et Action », devint secrétaire départemental du nouveau Syndicat national des enseignements de second degré, la section académique (S3) restant dirigée par deux militants « autonomes », Raymond Guillon pour l’ancien SNES, et Michel Metterie pour l’ancien SNET. À la suite des élections à la commission administrative nationale de mai 1967, où la liste « B » U-A arriva en tête dans le S3 avec 47 % des exprimés, la CA académique décida de revoir sa composition en invitant d’autres camarades U-A et « École émancipée », à titre provisoire, jusqu’au prochain congrès. Gérard Roulic devint alors secrétaire général, tandis que Raymond Guillon fut secrétaire académique adjoint, mais ce dernier démissionna au bout de quelques mois et ne fut pas remplacé, la liste « A » étant dans l’incapacité de désigner un candidat pour lui succéder. En octobre 1967, le S3 fut particulièrement actif pour dénoncer les conditions de la rentrée et populariser les revendications du SNES, notamment lors d’une manifestation où Gérard Alaphilippe vint apporter le soutien de la nouvelle direction nationale.

Au cours des événements de mai-juin 1968, Gérard Roulic et son équipe furent en permanence sur le terrain, dans les établissements scolaires et aux côtés des travailleurs en lutte. Il fut un des animateurs du Comité central de grève de Nantes constitué par les UD- CGT, CFDT, CGT-FO et la SD-FEN, qui avait pour but de régler les nombreux problèmes de ravitaillement en lien avec les militants de la Fédération départementale des syndicats d’exploitants agricoles, d’organiser un service de cantine, de surveiller les prix des denrées alimentaires, et de coordonner les comités de grève locaux. Il eut l’occasion de s’opposer aussi aux militants « gauchistes », comme le 13 mai, où il fut pris à partie parce que les syndicats refusaient de marcher sur la préfecture, marche qui eut pourtant lieu et qui fut marquée par de violents affrontements avec la police.

En 1969, la liste U-A devint majoritaire dans le S3 et Gérard Roulic put conserver sa responsabilité face à d’actives minorités de l’ « École-émancipée-Rénovation syndicale » et du « Front unique ouvrier ». Membre suppléant de la CA nationale de 1967 à 1977, il participait régulièrement à ses réunions, apportant aux débats et aux décisions une contribution fondée sur l’expérience du terrain.

En 1977, il décida de passer le témoin de la direction du S3 à des militants plus jeunes, Jean-Claude Lucas, Alain Fouché et Annette Bigaud, qu’il avait contribué à former. Il continua cependant de siéger à la CA académique comme actif jusqu’en 1995 puis comme retraité, étant devenu responsable académique en 2002. Il siégeait en même temps au conseil délibératif fédéral départemental de la Fédération syndicale unitaire et participa à l’animation de la section fédérale des retraités de la FSU de 2002 à 2014. Il en était toujours un membre actif en 2022.

En 1978, Gérard Roulic avait adhéré au PCF car il avait toujours voulu éviter les interférences entre parti politique et syndicat. Il resta ensuite fidèle à ce parti où il militait toujours en 2014 dans le cadre du Front de gauche. Il était aussi membre du collectif des « procès des 42 et des 16 » du Comité du souvenir des fusillés de Châteaubriant et Nantes et de la Résistance en Loire-Inférieure. À ce titre, il prononça un discours poignant en février 2011, à la Chapelle Basse-Mer, devant la stèle élevée en mémoire des cinq républicains espagnols fusillés par les nazis le 13 février 1943. Dix ans plus tard, il était toujours présent pour ce témoignage de mémoire.

Par ailleurs, il s’était engagé dans le Mouvement national de lutte pour l’environnement et en était membre du bureau départemental. Il était aussi adhérent de l’association « Vivre à Djinadio » (commune du Mali) et de l’association Nantes-histoire.

Ses obsèques eurent lieu le 21 juillet 2002 au crématorium de Château-Thébaud.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article170510, notice ROULIC Gérard, Eugène, René par Alain Dalançon, version mise en ligne le 8 février 2015, dernière modification le 14 novembre 2022.

Par Alain Dalançon

Gérard Roulic
Gérard Roulic

SOURCES : Arch. IRHSES (SNES : congrès et de CA, circulaires du S3 de Nantes, Le Travailleur de l’enseignement technique, L’Université syndicaliste). — l’Humanité du 14 février 2011. — Renseignements fournis par l’intéressé en 2014.

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