COMITI Jean, Hercule, Baptiste

Par Louis Botella, Jean-Claude Lahaxe, Jean-Marie Guillon

Né le 26 juin 1903 à Ajaccio (Corse, Corse-du-Sud), mort le 9 avril 1971 à Marseille (Bouches-du-Rhône) ; chaudronnier ; militant communiste et syndicaliste CGT de la Métallurgie, secrétaire de l’Union départementale CGT des Bouches-du-Rhône.

Jean Comiti était le fils de Marie Fabienne Susini et de Don Sébastien Comiti, originaire de Serra-di-Scopamene. Son père, cheminot, fut révoqué lors des grèves de 1910. Il fut ensuite chef de gare.
Jean Comiti dut interrompre ses études et commencer à travailler dès l’âge de douze ans en tant que tôlier, tout d’abord dans diverses entreprises de la région parisienne puis comme chaudronnier dans la construction aéronautique à Marignane (Bouches-du-Rhône). Il résidait à Marseille, rue Albrand.
Militant communiste depuis 1936, il appartenait à la cellule Jean Jaurès et à la cellule aviation de Berre-Rognac dont il aurait le « chef » d’après la police. Rédacteur occasionnel à l’hebdomadaire du parti, Rouge Midi, il adhérait aussi au Secours populaire et à Paix et Liberté. Syndicaliste CGT, il était secrétaire de la section des métaux de Rognac, délégué du secteur de Berre et membre de la commission exécutive de la section fédérale de l’aviation. Divorcé, il se remaria le 16 août 1939 à Marseille avec Éliane Quétier, entoileuse à la SNCASE où, probablement il travaillait aussi. Il fut mobilisé au 7e Génie à Avignon (Vaucluse) à la déclaration de guerre, en septembre 1939. Libéré le 17 juillet 1940, il était considéré comme « suspect » par la police spéciale dans une note du 30 août 1940. Il fit partie de la fournée de militants marseillais visée par un arrêté d’internement administratif le 27 novembre 1940. Arrêté le 29 novembre 1940, il fut envoyé au camp de Chibron (commune de Signes, Var), puis, à la dissolution de camp en février 1941, dans celui de Saint-Sulpice-la-Pointe (Tarn). Là, remarqué pour son militantisme actif, il fut l’un des vingt-sept militants transférés en Algérie, à la centrale de Maison Carrée près d’Alger, puis au camp de Bossuet. Le 9 février 1942, le préfet des Bouches-du-Rhône le signalait à son confrère d’Oran en demandant à ce qu’il soit surveillé. Libéré en février 1943, il fut ensuite chargé de reconstituer les organisations du PCF et de l’Union départementale CGT dans la Corse libérée.
Jean Comiti fut, peu de temps après son retour à Marseille, candidat sur la liste communiste aux élections à l’Assemblée constituante en octobre 1945 dans la 2e circonscription des Bouches-du-Rhône. Il fut appelé à Paris pour devenir l’un des collaborateurs d’Ambroise Croizat, le ministre du Travail. il fut élu secrétaire général de l’Union des syndicats CGT des métaux (USM) des Bouches-du-Rhône lors de sa création le 1er septembre 1946. Il figura sur la liste d’Union Républicaine et Résistante présentée par ce parti dans la 1re circonscription des Bouches-du-Rhône lors des élections législatives du 2 juin 1946. Secrétaire du syndicat des métaux et de l’aviation puis de la SNCASE, il exerça, à partir de sa première promotion lors du 27e congrès (4-6 juillet 1947), d’importantes responsabilités au sein du secrétariat de l’UD CGT des Bouches-du-Rhône. Jean Comiti s’impliqua en particulier lors des multiples conflits sociaux qui marquèrent 1949 et 1950. Le 20 décembre 1949, il intervint devant le comité d’action pour la paix au Vietnam, des cadres syndicaux et des élus communistes pour dénoncer l’isolement des dockers qui luttaient pour arrêter une guerre « prélude au3e conflit mondial ». Au printemps de l’année 1950. Il participa au congrès des travailleurs du bâtiment qui se déroula le 8 janvier à Marseille, assista à l’assemblée générale des lock-outés de la SNCASE le 31 janvier. Jean Comiti se montra actif lors des quarante jours de grève sur le port de Marseille. Après avoir versé une somme de 3 000 francs aux dockers en lutte, il présida, en compagnie de Pierre Debray* (représentant des Combattants de la paix et de la liberté) et de Marcel Baudin* (le secrétaire général de la fédération CGT de Ports et docks), le meeting organisé le 31 mars pour exiger la libération de Victor Gagnaire* et Marcel Andréani*, les deux figures emblématiques du mouvement incarcérées à la prison des Baumettes (Marseille) depuis l’accrochage du 22 mars avec les forces de l’ordre. Il assista le 14 avril à l’une des dernières assemblées générales des dockers grévistes. Jean Comiti fut aussi régulièrement chargé de négocier avec les pouvoirs publics pour obtenir les autorisations relatives aux défilés syndicaux du 1er Mai et du 14 juillet. Afin d’accroître l’efficacité du travail de propagande dont il était chargé auprès des travailleurs nord-africains de l’Étang de Berre, il séjourna, en compagnie d’Alexandre Crottier-Combes, en Algérie en février 1952. . La Vie ouvrière mettait à l’honneur Jean Comiti comme un des "meilleurs recruteurs". Son UD comptait 1 200 adhérents nouveaux au début de l’année 1952. En juillet 1953, il siégea au sein du cartel départemental CGT des travailleurs des secteurs publics.
Jean Comiti se mobilisa aussi lors des diverses campagnes politiques initiées par le PCF. Il prit ainsi la parole lors de la réunion du comité départemental de la paix aux arènes du Prado le 29 juin 1952. Le 16 novembre de la même année, il signa l’appel en faveur du congrès des peuples de Vienne. Jean Comiti participa, le 6 janvier 1953, à un meeting organisé en faveur des Rosenberg au cercle des Capucins à La Plaine (quartier de Marseille). Dans le cadre de la campagne pour les municipales, il vint en compagnie de Jean Cristofol à la rencontre des électeurs sur le marché du cours Julien le 30 mars 1953.
En 1968, soit moins de deux ans avant sa mort, Jean Comiti était toujours membre du secrétariat de l’union départementale CGT des Bouches-du-Rhône. Il était encore président de l’Union confédérale des retraités des Bouches-du-Rhône et membre du conseil d’administration de la Bourse du Travail lorsqu’il mourut à Marseille, le 9 avril 1971. Une plaque commémorative à son nom a été installée dans ce bâtiment.

Sa seconde épouse, Éliane Quetier, née en 1918 à Orléans (Loiret), militante elle aussi, fut licenciée de son emploi à la SNCASE sur avis de la police spéciale pendant la guerre. Arrêtée le 3 juin 1940, elle fut astreinte à résider à Châteaurenard (Bouches-du-Rhône) par un arrêté signé le 4. Elle obtint d’être assignée à Rognac où se trouvait sa mère le 16 septembre. Elle avait à charge l’enfant du premier lit de son époux, ce qui joua en sa faveur. L’assignation fut rapportée le 9 juillet 1942.
Jean Comiti divorça en octobre 1946. Il se remaria le 28 août 1948 à Marseille avec Jeanne Battesti qu’il avait rencontré en 1943 : née en 1916, cette dernière fut conseillère municipale communiste à Ajaccio. Elle fut plus tard l’infirmière de Jean Cristofol. Le couple eut deux enfants : Fabienne et Joëlle

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article170555, notice COMITI Jean, Hercule, Baptiste par Louis Botella, Jean-Claude Lahaxe, Jean-Marie Guillon, version mise en ligne le 3 mars 2015, dernière modification le 17 mars 2022.

Par Louis Botella, Jean-Claude Lahaxe, Jean-Marie Guillon

SOURCES : Arch. dép. Bouches-du-Rhône 5 W 175 (dossiers d’internement du couple), 76 W 115, 148 W 189, note du 4 janvier 1950, dossier 148 W 302, notes du 3 mai 1950, du 19 avril 1951, du 29 avril 1952, photo du défilé du 1er Mai 1955, dossier 148 W 294, courrier du ministère de l’Intérieur du 21 février 1952. — Arch. dép. Var 4 M 292. — Arch. Municipales Marseille, 409 W 44. — Rouge-Midi, 20 octobre 1945, (biographie et photo) — La Marseillaise, 1949-1964. — Midi-Soir, 14 avril 1950. — Le Midi Syndicaliste, numéro 9, décembre 1952. — Jean-Claude Lahaxe, Les communistes à Marseille à l’apogée de la Guerre froide (1949-1954). Organisations et militants, engagements et contre-société, Aix-en-Provence, Université Aix-Marseille I, thèse, 2002. — Service historique de la Défense, Vincennes GR 16 P 139512 (nc). — Déclarations de sa fille Fabienne, 19 septembre 2007. — État civil.

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