STIENNE Louis

Par Christian Lescureux

Né le 6 juin 1909 à Vitry-en-Artois (Pas-de-Calais), mort le 18 août 1989 à Vitry-en-Artois ; ouvrier papetier ; militant syndical à la CGT, résistant FTPF, membre dirigeant du Parti communiste, maire de Vitry-en-Artois, conseiller général du Pas de Calais.

Fils d’Alexandre Stienne, ouvrier terrassier, soldat disparu durant la Première Guerre mondiale et de Maria Hulot Maria, Josèphe, Désirée, Louis Stienne sa mère et ses deux sœurs furent évacués en région parisienne par ordre de l’ennemi dès avril 1917, la région de Vitry-en-Artois étant occupée par les troupes allemandes.

De retour dans le bourg dévasté, sa mère est employée dans un moulin. A treize ans le jeune garçon apprit le métier de cordonnier chez un artisan puis chez un oncle. À l’âge de quatorze ans, il adhéra aux Jeunesses socialistes. Entre 1926 et 1931, il s’installa à son compte comme cordonnier.

En 1933, Louis Stienne épousa Louise Scache. Le couple eut six enfants (2 filles et 4 garçons). En 1936, il entra comme ouvrier papetier dans le complexe papeterie-sucrerie Béghin qui comptait alors un millier d’ouvriers, dans le bourg voisin de Corbehem. Située le long de la Scarpe, cette région était fortement industrialisée et les grèves de 1936 s’y multiplièrent. Syndiqué à la CGT, Louis Stienne, bon orateur, devint un porte-parole influent des ouvriers. En 1938, bien qu’adhérent à la SFIO, il condamna l’accord de Munich.

Mobilisé en 1939, et fait prisonnier, Louis Stienne s’évada et se réfugia en région parisienne. De retour à Vitry en Artois, il adhéra au Parti communiste clandestin en 1941 et rejoignit la Résistance en 1942. Responsable du Front National, il dirigea avec Georges Destrez, président du Comité local de Libération, l’insurrection pour libérer Vitry en Artois les 1er et 2 septembre 1944.

Louis Stienne mèna dès lors de front responsabilités syndicales et activité politique. Délégué syndical CGT et du Comité d’entreprise dans l’importante usine Ferdinand Béghin (qui compta jusqu’à 2 500 travailleurs) il conduisit plusieurs grèves mémorables, notamment en 1968, et il était populaire dans toute la vallée industrielle de la Scarpe où il était familièrement surnommé « Ch’grand » à cause de sa haute taille repérable dans toutes les manifestations.

Dès la Libération, il participa à la direction départementale de la CGT jusqu’en 1956 et à la direction de la fédération nationale de l’industrie du papier/carton jusqu’en 1963. De 1952 à 1957 il siégea au comité de la fédération communiste du Pas-de-Calais.

Il siégea plusieurs années comme administrateur des Caisses de Sécurité sociale et d’Allocations Familiales. Louis Stienne fut élu maire de Vitry-en-Artois de 1945 à 1947 sur la liste Union Patriotique Républicain Antifasciste (UPRA). Conseiller municipal en 1965 il fut à nouveau élu maire de 1969 à 1981. Son fils Martial lui succéda un temps à ce poste.

Élu dans le canton rural et ouvrier de Vitry-en-Artois, Louis Stienne fut conseiller général du Pas de Calais de 1967 à 1979. Il fut là encore remplacé dans cette fonction par son fils Martial Stienne, conseiller général de 1979 à 2015.

Louis Stienne est candidat communiste dans la deuxième circonscription du Pas de Calais, en 1956, 1967, 1968 et 1973, amené chaque fois à se désister au profit du candidat socialiste.
Il décède le 18 août 1989 dans son bourg natal.

La figure ouvrière de Louis Stienne, son franc-parler, le souvenir de ses affrontements avec l’un des plus puissants représentants du patronat français restent vivaces dans la région d’Arras à Douai, qui a depuis perdu ses principales usines.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article170571, notice STIENNE Louis par Christian Lescureux, version mise en ligne le 11 février 2015, dernière modification le 15 octobre 2016.

Par Christian Lescureux

SOURCES : Chronique sur la famille Louis Stienne dans la revue de recherches généalogiques Racines arrageoises. — . Journaux Liberté et La Voix du Nord. — Communistes en Pas-de-Calais entretien avec son fils Martial Stienne, Édit. France Découverte.

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