BOIS Guy, Marc

Par Jacques Girault

Né le 25 décembre 1934 à Fès (Maroc), mort le 8 juin 2019 à Antony (Hauts-de-Seine) ; professeur d’Université ; militant communiste ; militant syndicaliste (SNES puis SNESup).

Fils d’un contrôleur civil, directeur des affaires politiques à Rabat (1946-1950), « très impliqué dans la gestion du protectorat », Guy Bois ne reçut aucun sacrement religieux mais son éducation fut influencée par le protestantisme de sa mère. Il effectua sa scolarité primaire et secondaire au lycée Gouraud de Rabat.

Diplômé de l’Institut d’études politiques de Paris en 1956, il obtint en 1957 une licence d’Histoire à la Sorbonne et fut reçu à l’agrégation d’histoire en 1959. Successivement professeur au lycée de Châlons-sur-Marne (Marne) en 1959-1960, assistant à la faculté des lettres de Tunis (1961-1962), professeur au lycée Carnot à Paris (1964-1965), assistant d’histoire médiévale à la Sorbonne (1965-1968), puis maître-assistant (1968-1969), chargé de recherches au CNRS (1969-1972), docteur d’État (1973), il devint maître de conférences puis professeur à l’Université de Besançon (1973-1988), avant d’obtenir un poste de professeur à l’Université de Paris VII qu’il occupa jusqu’à son départ à la retraite en janvier 1997.

Guy Bois épousa en décembre 1962 à Paris (XIVe arr.) Claudette Doucet, maître de conférences de chimie. Le couple eut deux enfants.

Il adhéra à la cellule de Sciences Po du Parti communiste français en avril 1954. Membre du comité de la section du Ve arrondissement de Paris (1957-1959), il représenta l’enseignement supérieur à la commission de l’enseignement auprès du comité central du PCF, avec Daniel Monteux en 1966-1968. Membre de l’Union des étudiants communistes depuis 1956, il fit partie du bureau national, responsable de la propagande et occupa la responsabilité de rédacteur en chef-adjoint de Clarté, le mensuel de l’organisation. Il participa, dès sa création, aux travaux de la commission « Histoire » du Centre d’études et de recherches marxistes.

D’abord membre du Syndicat national de l’enseignement secondaire, Guy Bois adhéra au Syndicat national de l’enseignement supérieur en 1965. Secrétaire de la section Sorbonne (1967-1968), membre de la commission administrative (1967-1968), à l’automne 1967, lors du congrès de Paris (École normale supérieure), il conduisait la liste qui fut battue par la liste conduite par Alain Geismar soutenue par la direction de la Fédération de l’Éducation nationale. En outre, il était suppléant à la commission administrative nationale de la FEN.
Il prit une part active lors de l’occupation de la Sorbonne, en mai-juin 1968, au sein des instances ou comités qui essayaient d’empêcher les débordements d’éléments extérieurs au monde universitaire. Il fit partie des militants qui s’opposèrent aux positions de la direction du SNESup.

Dans cette période d’intenses luttes internes, Guy Bois fut le principal animateur, avec Daniel Monteux et Guy Odent* de la constitution, après le congrès du début juillet 1968, de ce qui allait devenir le courant « Action syndicale », proche d’ « Unité et Action », qui entendait, face aux divers groupes qui avaient amené le basculement précédent, rassembler sur des bases revendicatives.
En mars 1969, au congrès extraordinaire de Paris (nouvelle faculté de Médecine), la liste « Action syndicale » l’emportait de peu. Bois ne devait pas devenir le secrétaire général du syndicat. Après des discussions entre les diverses composantes de la nouvelle majorité, finalement le nouveau secrétaire général fut Georges Innocent qui n’appartenait pas au PCF, élu avec le soutien de Bois et d’autres militants communistes. En détachement au CNRS, il quitta le bureau national l’année suivante.

Guy Bois fut conseiller municipal d’Antony (Hauts-de-Seine) où il habitait, sur une liste « d’Union de la gauche pour une gestion démocratique et de progrès », conduite par André Aubry, communiste, de 1977 à 1983. Membre de deux commissions (cinquième : culture, loisirs, fêtes ; huitième : école, enseignement), délégué au conseil d’administration du foyer de jeunes et d’éducation populaire Lionel Terray, il signa dans le premier numéro du bulletin municipal en mai 1977 un article « Faisons le point » qui résumait les questions traitées lors des deux réunions de la commission de la culture. Il souhaitait une « redressement » passant « par une élaboration démocratique ». Il siégea comme non-inscrit à partir de mars 1981 à la suite de son exclusion du PCF.

Guy Bois, critique par rapport aux analyses de la direction du Parti communiste remettant en cause la logique du Programme commun, fut un des animateurs en 1978 de la pétition lancée par des militants de l’Université d’Aix-en-Provence. Il fut, avec le socialiste Stellio Farandjis, l’animateur du mouvement « Union dans les luttes ». La pétition lancée en décembre 1979 recueillit plus de cent mille signatures. Ce mouvement se traduisit par la création de nombreux comités de base unitaires et fut une des premières manifestations publiques de mouvement contestant la ligne de la direction du PCF. Il prit une part active dans la dynamique unitaire menant à la victoire de François Mitterrand en mai 1981.
Selon son témoignage, Bois participa « avec Maurice Kriegel-Valrimont, René Buhl, Jean-Pierre Vigier et Georges Labica, à la délégation qui proposa au secrétariat du Parti socialiste l’entrée dans le gouvernement, aux côtés des ministres communistes et socialistes, d’un « communiste critique », afin de légitimer aux yeux de l’ensemble du « peuple de gauche » la démarche d’union à la base. Cette proposition qui devait être transmise à François Mitterrand, se heurta à un refus catégorique, notamment de la part de Lionel Jospin. »

Par la suite, Guy Bois, sans adhérer à une formation politique, mena une activité en liaison avec les orientations de la gauche. En 1981-1982, comme responsable du secteur des sciences humaines, il joua un rôle de premier plan dans la préparation du colloque « Recherches et technologies ». Il présenta le rapport final des sciences humaines tout en critiquant ouvertement les orientations dirigistes impulsées par le ministre Chevènement. Libération publia après le colloque de larges extraits de la note critique qu’il avait transmise au Président de la République. En 2000-2002, il participa à la création et à l’animation de la fondation Marc Bloch, future Fondation du 2 mars qui échoua. En 2002, il participa au comité stratégique du Pôle républicain soutenant la candidature à la Présidence de la République de Jean-Pierre Chevènement. Il y soutint en vain une orientation antimondialiste qu’il exposa dans son ouvrage, [Une nouvelle servitude. Il appartenait en 2004 au conseil scientifique du mouvement ATTAC.

Après l’annonce de décès, le 22 juin 2019, l’Humanité lui rendit hommage dans son carnet.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article17058, notice BOIS Guy, Marc par Jacques Girault, version mise en ligne le 20 octobre 2008, dernière modification le 21 août 2021.

Par Jacques Girault

ŒUVRE : Crise du féodalisme : économie rurale et démographie en Normandie orientale du début du 14e siècle au milieu du 16e siècle, Paris, Presses de la Fondation nationale des sciences politiques, Éditions de l’École des hautes études en sciences sociales, 1976 et 1981, 410 p., publié en Anglais par Cambridge University Press, 1984, 456 p. — Ouvrons la fenêtre, camarades, (en collaboration avec E. Balibar, G. Labica, J-P Lefèbvre), Paris, Maspero, 1979. — La grande dépression médiévale XIVe-XVe siècles : le précédent d’une crise systémique, Paris, PUF, Actuel Marx, 2000, 211 p. — La mutation de l’an mil : Lournand, village maconnais de l’Antiquité au féodalisme, Paris, Fayard, 1989 et 1994, 284 p. — Une nouvelle servitude : essai sur la mondialisation, Paris, FX de Guibert, 2003, 201 p.

SOURCES : Arch. mun. Antony. — Bulletin du SNESup, L’Enseignemnt public. — Le Monde, mercredi 19 juin 2019. — Sources orales. — Renseignements fournis par l’intéressé.

rebonds ?
Les rebonds proposent trois biographies choisies aléatoirement en fonction de similarités thématiques (dictionnaires), chronologiques (périodes), géographiques (département) et socioprofessionnelles.
Version imprimable