Par Loïc Le Bars
Née le 23 novembre 1927 à Moulins (Allier) ; professeur agrégée d’allemand ; militante syndicaliste (École émancipée) du SNES, secrétaire de la section départementale de la FEN du Loiret (1958-1961) ; militante du PSU ; militante trotskyste (PCI, OCI).
Jacqueline Bois naquit dans une famille protestante dont les convictions de gauche ne se sont jamais démenties. Ses parents (Jacques Bois et Raymonde Bois), tous deux professeurs agrégés de philosophie, étaient adhérents à la SFIO et militaient au Syndicat national de l’enseignement secondaire. Après des études secondaires à Nantes puis à Paris, elle fut reçue en 1949 à l’École normale supérieure de Sèvres. L’année suivante, elle devint secrétaire du S1 du SNES de cet établissement et commença à militer au sein de la tendance « École émancipée » de ce syndicat où elle rencontra des militants du Parti communiste internationaliste, en particulier Robert Chéramy. Elle adhéra à cette organisation en 1953. Elle participa à la sous-commission des ENS dans le cadre de la Fédération de l’éducation nationale. Elle signa des articles dans L’enseignement public sur les revendications des élèves des ENS.
Après avoir échoué à l’agrégation de philosophie et quitté l’ENS, Jacqueline Bois entreprit des études d’allemand et, dans cette discipline, elle fut reçue au CAPES en 1955 puis à l’agrégation en 1958. Cette année-là, alors qu’elle venait d’être nommée au lycée Pothier d’Orléans, elle fut appelée au secrétariat général de la section FEN du Loiret, où les représentants de la tendance autonome étaient pourtant majoritaires. En effet, ces derniers, à la recherche d’un successeur à l’un de leurs camarades qui venait de mourir accidentellement, estimèrent que Jacqueline Bois, en tant que militante de l’École émancipée, saurait faire front, avec toute la fermeté nécessaire, aux responsables locaux de ce qui ne s’appelait pas encore « Unité et Action ». Sous son impulsion, la section FEN du Loiret participa à toutes les actions organisées pendant cette période contre la guerre d’Algérie et en particulier à la manifestation appelée notamment par l’Union nationale des étudiants de France le 27 octobre 1960. Cette même année, elle réussit à réunir sous l’égide de l’appel « pour un mouvement syndical uni et démocratique » (PUMSUD), et cela pour la première fois depuis 1949, des responsables départementaux de la CGT et de la CGT-FO ainsi que des militants de la FEN. À la rentrée 1961, elle obtint sa mutation pour le lycée Jean-Baptiste Corot de Savigny-sur-Orge (Essonne). Elle continua à intervenir dans le SNES, notamment en tant que responsable de la commission jeunes du S3 de Paris, et participa, jusqu’à la fin de ces années 1960, à la plupart des congrès de cette organisation.
Candidate en 1962 en quatrième position sur la liste E (École émancipée) à la commission administrative du SNES (la tendance n’avait pas présenté de liste depuis 1953), Jacqueline Bois devint suppléante des deux élus (Louis Bocquet et Pierre Broué), mais ne participa à aucune des réunions. Non-candidate en 1964, elle figurait à nouveau, en 1966, en cinquième position sur la liste « École émancipée » qui eut trois élus. En 1967, elle fut candidate sur cette liste en vingt-huitième position. En 1969, elle passa sur la liste de l’EE-FUO en 32e position et ne fut pas élue ; elle figura encore à la fin de cette liste aux élections de 1971.
En 1963, Jacqueline Bois obtint une bourse d’étude de la fondation Humboltd pour l’université de Francfort-sur-Main. Elle milita pendant les deux ans de son séjour dans cette ville au sein des Étudiants socialistes qui venaient de rompre avec le parti social-démocrate allemand. À son retour en France, elle fut nommée au lycée de Châtenay-Malabry (Hauts-de-Seine). Mais, victime d’un grave accident de voiture en octobre 1966, elle dut interrompre ses activités pendant plusieurs mois et, de 1967 à 1972, elle exerça au Centre national de télé-enseignement de Vanves.
En tant que responsable du S1 du SNES, elle participa aux événements de mai-juin 1968 pendant lesquels elle prit part à la constitution d’un comité de grève dans cette localité. Elle intervint parfois dans les débats de la presse syndicale ; elle signa une tribune libre dans L’Université syndicaliste (23 septembre 1970), dans laquelle elle valorisait le travail des professeurs-rédacteurs enseignant au CNTE comme elle, tout en s’élevant contre le « marché de la pédagogie » programmé par le VIe Plan ; elle concluait à la nécessité « de la résistance unie de tous les enseignants, parents et élèves, préparant la grève générale de l’Université ».
Membre de la section d’Orléans du PSA puis du PSU, membre de la commission exécutive fédérale, elle fut la déléguée de la fédération du Loiret lors du Congrès de 1960 (1er, 2 et 3 avril), comme l’atteste un titre de délégation délivré par sa fédération.
En 1969, après la scission de l’École émancipée, Jacqueline Bois contribua, avec d’autres militants de l’Organisation communiste internationaliste, qui avait succédé au PCI, à la création de la tendance École émancipée-Front unique ouvrier. Après un court passage au collège Paul Bert de Malakoff, elle se retrouva au lycée Rabelais à Meudon (Hauts-de-Seine) où elle fut responsable du S1 du SNES jusqu’en 1984, date à laquelle elle adhéra au SNLC-FO comme l’ensemble de ses camarades de tendance. Elle prit sa retraite en 1987 mais continua à militer au sein du PCI reconstitué puis, à partir de 1991, du Courant communiste internationaliste du Parti des travailleurs.
Par Loïc Le Bars
ŒUVRE : Jacqueline Bois a traduit, seule ou en collaboration, de nombreux ouvrages politiques de langue allemande parmi lesquels on peut citer Histoire et conscience de classe de Georg Lukàcs, Rosa Luxembourg de Paul Fröhlich et Le concept de nature chez Marx d’Alfred Schmidt.
SOURCES : Arch. Nat., 581AP/119, 581AP/1 (dossier 5). — Archives de la FEN, 1 BB 82 (dépouillées par Laurent Frajerman). —L’Enseignement public (1958-1962) — L’École émancipée (1955-1969) — Correspondance et entretien avec l’intéressée. — – Notes d’A.Dalançon et de J. Girault.