SOBEL Bernard [Rothstein Bernard, dit]

Par Marie-Ange Rauch

Né le 10 janvier 1936 à Paris ; auteur, metteur en scène et réalisateur de télévision français, directeur fondateur de l’Ensemble théâtral de Gennevilliers, directeur fondateur du théâtre de Gennevilliers (Hauts-de-Seine), Centre dramatique national de 1983 à 2006.

Né dans le quartier de Belleville de parents immigrés polonais d’origine juive, il avait cinq ans au moment des rafles quand son père est déporté. Bernard Rothstein, suit des études au Lycée Voltaire, où Jean-Louis Bory et Henri Agel y enseignaient la littérature et lui transmirent leur amour du cinéma, de sorte qu’il fréquenta beaucoup la cinémathèque de la rue de Messine. Il prépara ensuite une licence d’allemand, obtint une bourse d’un an pour les Etats Unis où il se passionna pour la peinture et le cinéma. La rencontre avec le théâtre se fit par hasard lorsque, adhérent à l’Union des étudiants communistes, faisant partie d’une délégation invitée en RDA, il visite le Berliner Ensemble comme un passage obligé.
Le jeune homme demanda à assister à une répétition, obtint une bourse d’un an et resta en définitive quatre ans dans la troupe alors dirigée par la veuve de Berthold Brecht, Hélène Weigel. Stagiaire, puis assistant, il monta son premier spectacle L’exception et la règle de Brecht en 1957. En 1961, il rentra à Paris, pour travailler aux cotés de <Jean Vilar* à la mise en scène de La résistible Ascension d’Arturo Ui au Théâtre National Populaire.
Jacques Roussillon l’invita à collaborer à la création du Théâtre Gérard Philipe de Saint Denis. Fort de cette expérience, Bernard Sobel (il a pris le nom de sa mère) fonda sa propre troupe, l’Ensemble théâtral de Gennevilliers, en 1963. Michèle Raoult Davis et Yvon Davis, respectivement étudiant en lettres et en philosophie, s’attachèrent aux activités du théâtre. Alain Girault rejoignit l’équipe en 1970.
Bernard Sobel s’inscrivait dans le réseau militant des théâtres de la banlieue parisienne (Gabriel Garran* à Aubervilliers, Guy Rétoré* au TEP...), qui forts de l’expérience de la décentralisation dramatique menée par Jeanne Laurent entre 1945 et 1952 et du soutien des élus communistes, peinaient à revendiquer l’attention et le soutien du ministère de la culture pour leur travail de création et d’action culturelle depuis un territoire ouvrier et majoritairement communiste.
Waldeck L’Huillier*, maire de la ville, les accueillit dans la salle de la rue des Grésillons. Le travail artistique de Bernard Sobel fut également soutenu par Lucien Lanternier*, conseiller municipal depuis 1965, qui prit la tête de la municipalité en 1973, fut élu conseiller général des Hauts de Seine de 1967 à 1985 et présida le groupe communiste au sein de l’Assemblée départementale.
En 1968, la troupe de B. Sobel joua L’exception et la règle dans les usines occupées par les grèves et rencontre le public ouvrier qu’elle s’efforça de gagner à la culture.
Entré à l’ORTF comme cinémathécaire, après son service militaire, au début des années 1960, il devint aussi assistant, puis réalisateur. Outre ses activités théâtrales, Bernard Sobel, réalisa de nombreux documentaires et plusieurs adaptations télévisées de créations théâtrales dont : Lulu monté par Patrice Chéreau, L’ Indiade mise en scène par Ariane Mnouchkine... Germaniste de formation, il a contribué à plusieurs travaux de traduction dont la version française du film Hitler de Hans-Jürgen Syberberg.
À partir de 1969, la troupe se professionnalisa rapidement. Une convention annuelle fut passée avec la municipalité pour la réalisation annuelle d’une création artistique dans la salle municipale des fêtes. La troupe quitta son statut d’association amateur et donna son premier spectacle Homme pour homme de Brecht en 1970. Elle fut aussi progressivement subventionnée comme « compagnie hors commission » par le ministère de la culture.
En 1974, Bernard Sobel créa Théâtre/Public, une revue bimestrielle d’analyse et de débat, d’abord dirigée par Max Denes, puis par Alain Girault, et Olivier Neveux. Bernard Sobel demeura directeur de la publication. Le théâtre de Gennevilliers était perçu comme un théâtre de recherche et de rencontres où de nombreux hommes de théâtre trouvèrent l’opportunité de faire leurs débuts : Patrice Chéreau, Stéphane Branschweig , Bruno Bayen... En 1983, après des années d’activité artistique entravée par le manque de moyens, dans un moment les programmations étaient rendues de plus en plus difficiles faute de moyens, Bernard Sobel obtint le statut de Centre dramatique national, l’objectif fixé au CDN par les pouvoirs publics étant de rechercher « l’audience d’un vaste public » et de conquérir « de nouveaux spectateurs, conditions d’une forte implantation locale comme d’un rayonnement régional et national.
En 2005, le ministère fit savoir à Bernard Sobel que son mandat de directeur de CDN arrivait à échéance, et ne serait pas renouvelé en raison de son âge. Une génération de metteurs en scène qui avaient œuvré à implanter sur le territoire de la Seine Saint-Denis un théâtre populaire de qualité, accessible au plus grand nombre, devait désormais passer le relais à des artistes plus jeunes, qui se virent confier des mandats de 3 ans, renouvelables 2 fois. Bernard Sobel quitta le CDN après avoir monté une cinquantaine de pièces à Gennevilliers, tourné en province et à l’Etranger. Retenons : Têtes rondes et Têtes pointues de Brecht en 1973, Le Juif de Malte de Christopher Marlove en 1976, Né dans le quartier de Belleville de parents immigrés polonais d’origine juive, il avait cinq ans au moment des rafles quand son père est déporté. Bernard Rothstein, suit des études au Lycée Voltaire, où Jean-Louis Bory et Henri Agel y enseignaient la littérature et lui transmirent leur amour du cinéma, de sorte qu’il fréquenta beaucoup la cinémathèque de la rue de Messine. Il prépara ensuite une licence d’allemand, obtint une bourse d’un an pour les Etats Unis où il se passionna pour la peinture et le cinéma. La rencontre avec le théâtre se fit par hasard lorsque, adhérent à l’Union des étudiants communistes, faisant partie d’une délégation invitée en RDA, il visite le Berliner Ensemble comme un passage obligé.
Le jeune homme demanda à assister à une répétition, obtint une bourse d’un an et resta en définitive quatre ans dans la troupe alors dirigée par la veuve de Berthold Brecht, Hélène Weigel. Stagiaire, puis assistant, il monta son premier spectacle L’exception et la règle de Brecht en 1957. En 1961, il rentra à Paris, pour travailler aux cotés de Jean Vilar* à la mise en scène de La résistible Ascension d’Arturo Ui au Théâtre National Populaire.
Jacques Roussillon l’invita à collaborer à la création du Théâtre Gérard Philipe de Saint-Denis. Fort de cette expérience, Bernard Sobel (il a pris le nom de sa mère) fonda sa propre troupe, l’Ensemble théâtral de Gennevilliers, en 1963. Michèle Raoult Davis et Yvon Davis, respectivement étudiant en lettres et en philosophie, s’attachèrent aux activités du théâtre. Alain Girault rejoignit l’équipe en 1970.
Bernard Sobel s’inscrivait dans le réseau militant des théâtres de la banlieue parisienne (Gabriel Garran à Aubervilliers, Guy Rétoré au TEP...), qui forts de l’expérience de la décentralisation dramatique menée par Jeanne Laurent entre 1945 et 1952 et du soutien des élus communistes, peinaient à revendiquer l’attention et le soutien du ministère de la culture pour leur travail de création et d’action culturelle depuis un territoire ouvrier et majoritairement communiste.
Waldeck L’Huillier, maire de la ville, les accueillit dans la salle de la rue des Grésillons. Le travail artistique de Bernard Sobel fut également soutenu par Lucien Lanternier, conseiller municipal depuis 1965, qui prit la tête de la municipalité en 1973, fut élu Conseiller général des Hauts de Seine de 1967 à 1985 et présida le groupe communiste au sein de l’Assemblée départementale.
En 1968, la troupe de B. Sobel joua L’exception et la règle dans les usines occupées par les grèves et rencontre le public ouvrier qu’elle s’efforça de gagner à la culture.
Entré à l’ORTF comme cinémathécaire, après son service militaire, au début des années 1960, il devint aussi assistant, puis réalisateur. Outre ses activités théâtrales, Bernard Sobel, réalisa de nombreux documentaires et plusieurs adaptations télévisées de créations théâtrales dont : Lulu monté par Patrice Chéreau, L’ Indiade mise en scène par Ariane Mnouchkine... Germaniste de formation, il a contribué à plusieurs travaux de traduction dont la version française du film Hitler de Hans-Jürgen Syberberg.
À partir de 1969, la troupe se professionnalisa rapidement. Une convention annuelle fut passée avec la municipalité pour la réalisation annuelle d’une création artistique dans la salle municipale des fêtes. La troupe quitta son statut d’association amateur et donna son premier spectacle Homme pour homme de Brecht en 1970. Elle fut aussi progressivement subventionnée comme « compagnie hors commission » par le ministère de la culture.
En 1974, Bernard Sobel créa Théâtre/Public, une revue bimestrielle d’analyse et de débat, d’abord dirigée par Max Denes, puis par Alain Girault, et Olivier Neveux. B. Sobel demeura directeur de la publication. Le théâtre de Gennevilliers était perçu comme un théâtre de recherche et de rencontres où de nombreux hommes de théâtre trouvèrent l’opportunité de faire leurs débuts : Patrice Chéreau, Stéphane Branschweig , Bruno Bayen... En 1983, après des années d’activité artistique entravée par le manque de moyens, dans un moment les programmations étaient rendues de plus en plus difficiles faute de moyens, Bernard Sobel obtint le statut de Centre dramatique national, l’objectif fixé au CDN par les pouvoirs publics étant de rechercher « l’audience d’un vaste public » et de conquérir « de nouveaux spectateurs, conditions d’une forte implantation locale comme d’un rayonnement régional et national.
En 2005, le ministère fit savoir à Bernard Sobel que son mandat de directeur de CDN arrivait à échéance, et ne serait pas renouvelé en raison de son âge. Une génération de metteurs en scène qui avaient œuvré à implanter sur le territoire de la Seine Saint-Denis un théâtre populaire de qualité, accessible au plus grand nombre, devait désormais passer le relais à des artistes plus jeunes, qui se virent confier des mandats de 3 ans, renouvelables 2 fois. Bernard Sobel quitta le CDN après avoir monté une cinquantaine de pièces à Gennevilliers, tourné en province et à l’Etranger. Retenons : Têtes rondes et Têtes pointues de Brecht en 1973, Le Juif de Malte de Christopher Marlove en 1976, La Charrue et les étoiles de Sean O’Casey en 1986, La Mère d’après Gorki en 1991.
Dans le cadre de l’élargissement de la programmation du Festival d’Avignon au théâtre musical, Bernard Sobel avait aussi mis en scène entre autres : Le Pavillon au bord de la rivière de Kuan Han Chin (musique de Betsy Jolas) en 1975, Mario et le magicien d’après Thomas Mann (musique de Jean-Bernard Dartigolles) en 1979... Il a signé également plusieurs mises en scène d’Opéra.
A soixante dix ans passés, Bernard Sobel poursuit son travail de création. En 2013, il monta Hannibal de Christian D. Grabbe, au Théâtre de Gennevilliers, à la demande de son successeur, Pascal Rambert. En septembre 2014, il présenta quatre mises en scène, deux pièces de l’auteur américain Richard Foreman et deux fables du chinois Guan Hanqing au Théâtre des Déchargeurs à Paris. Il poursuit aussi un travail de formation et intervient notamment au Conservatoire supérieur d’Art Dramatique.
La carrière de Bernard Sobel reste marquée par une fidélité à son engagement politique et à un territoire où une majorité de travailleurs sont en grande difficulté. Ancien conseiller municipal, Sobel revendiqua toujours clairement son engagement communiste, « au sens strict, et pas le moins du monde refondateur ou rénovateur » (Sylviane Gresh). Premier Président de l’Université populaire des Hauts-de-Seine, « lieu d’imagination, de formation, d’apprentissage à l’exercice de la pensée critique » ouvert au plus grand nombre en 2004, il en demeure le Président d’honneur.
Il a été fait Commandeur des Arts et Lettres, Officier de la Légion d’honneur et il est titulaire de la médaille Goethe.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article170596, notice SOBEL Bernard [Rothstein Bernard, dit] par Marie-Ange Rauch, version mise en ligne le 12 février 2015, dernière modification le 28 juillet 2022.

Par Marie-Ange Rauch

SOURCE : Raymonde Temkine, Mettre en scène au présent T.2, Lausanne, L’Age d’homme, 1979. — Bernard Sobel, Un art légitime, conçu et réalisé par Sylviane Gresh, Actes Sud, 1995.

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