BOISSELIER Élie, dit BOIVIN

Par Rodolphe Prager

Né le 12 juin 1913 à Moscou (Russie) ; ingénieur à la Compagnie du Métropolitain de Paris ; militant trotskyste et syndicaliste.

Bien que né également en Russie, le père d’Élie Boisselier, petit industriel, propriétaire d’une entreprise de machines agricoles, possédait la nationalité française par son père. Les grands parents maternels d’É. Boisselier étaient d’anciens serfs qui avaient réussi à s’échapper de leur village. Ses parents détestaient le tsarisme et se félicitèrent de l’accomplissement de la Révolution de février 1917, mais furent hostiles aux bolcheviks et persuadés que ceux-ci ne conserveraient pas le pouvoir. Son père eut ses biens confisqués et fut interné dans une caserne désaffectée de Moscou en tant que bourgeois et étranger. La famille d’É. Boisselier quitta l’URSS par un convoi de rapatriement en 1919.
Grâce au soutien de ses deux frères É. Boisselier put achever ses études et devenir, en 1935, ingénieur des Arts et Métiers. Il fut sensibilisé aux problèmes politiques, vers 1933 et adhéra au début de 1934 à la 14e section des Jeunesses socialistes dont le secrétaire était M. Corvin* et où il connut Suzanne Augonnet-Schechter* (voir ces noms). Lorsqu’en septembre 1934 les trotskystes de la Ligue communiste adhérèrent au Parti SFIO, Marcel Hic arriva à la 14e section et fit largement connaître les idées de Trotsky. É. Boisselier adhéra bientôt au Groupe bolchevik-léniniste et se lia d’amitié avec Marcel Hic, avant d’effectuer son service militaire (octobre 1935 à octobre 1936).
Il en revint avec le grade de sous-lieutenant, qui devait le préparer, dans son esprit, à mieux servir la Révolution le moment venu.
É. Boisselier reprit son action militante dans le Parti ouvrier internationaliste qui s’était constitué entre temps et il fut responsable de la cellule du XIVe arrondissement (et délégué au deuxième congrès du parti, en novembre 1937). Il entra en avril 1937, à la Compagnie du Métropolitain de Paris (qui devint la RATP après la guerre) où se déroula toute son activité professionnelle. Il refusa en 1939 de rejoindre le Parti socialiste ouvrier paysan de M. Pivert, conformément à la décision de la IVe Internationale. Mobilisé en août 1939, il vécut jusqu’à la fin de 1943 en captivité, comme prisonnier de guerre dans un « Oflag » (camp d’officiers) en Autriche. Il fut rapatrié à titre sanitaire grâce aux interventions de Claude Morgan, écrivain et journaliste communiste, avec lequel il s’était lié au camp malgré de profonds désaccords.
De retour à Paris le 1er octobre 1943, É. Boisselier retrouva quelques jours plus tard son ami Marcel Hic, dirigeant de l’organisation clandestine du POI, qu’il revit pour la dernière fois. Hic fut arrêté peu après par la Gestapo, déporté à Buchenwald et tué à Dora. En même temps qu’il milita dans l’organisation trotskyste, Boisselier entra en rapport avec la section syndicale clandestine de son atelier et la Résistance dans l’entreprise. Il exerça en août 1944 le commandement de la 6e compagnie FFI, du Métro, à Denfert-Rochereau. Une délégation ouvrière lui demanda, alors de prendre la direction technique des ateliers à la suite de l’épuration des cadres en place. Pendant près d’un an les ateliers du Métro de la Porte d’Italie fonctionnèrent sous le contrôle d’un comité ouvrier, les ingénieurs assumant le rôle de conseillers techniques.
Participant à partir de 1949 à la commission syndicale du Parti communiste internationaliste, É. Boisselier fit partie avec P. Boussel d’une délégation syndicale de diverses tendances qui se rendit à Belgrade à la célébration du 1er Mai 1950, sur l’invitation du Conseil central des syndicats yougoslaves. Il assura, pendant la guerre d’Algérie, le secrétariat du Comité pour la libération de Messali Hadj et des victimes de la répression, de 1954 à 1957. A ce titre, il se rendit en délégation en compagnie de J. Cassou et P. Boussel, auprès de Messali Hadj en résidence forcée à Angoulême, en mai 1955. En raison de ses fonctions, il se vit poursuivi en mai 1957 sur plainte du Ministre de la Défense nationale pour diffamation envers les armées dans un article paru dans le Bulletin du comité.
Sa connaissance du russe amena É. Boisselier à rédiger de 1954 à 1959 une chronique consacrée à l’URSS dans La Vérité. Il interrompit par la suite ses activités militantes tout en conservant ses convictions en faveur de la IVe Internationale.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article17076, notice BOISSELIER Élie, dit BOIVIN par Rodolphe Prager, version mise en ligne le 20 octobre 2008, dernière modification le 27 mai 2017.

Par Rodolphe Prager

SOURCES : La Lutte ouvrière, 25 novembre 1937. — Témoignage auto-biographique d’Élie Boisselier, mars 1979.

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