BOISSIEU Alexandre

Par Gilles Morin

Né le 10 juillet 1912 à Genève (Suisse), mort le 13 mars 1978 à La Tronche (Isère) ; instituteur en Isère ; militant syndicaliste ; résistant ; militant du Parti socialiste SFIO, puis du PSUnitaire ; libre penseur.

Fils d’une d’institutrice, Alexandre Boissieu fit ses études à l’école primaire supérieure de Saint-Marcellin (Isère) jusqu’en 1931. Il fonda un groupe de Jeunesses socialistes dans cette ville en 1930 et devint la même année trésorier fédéral des JS. Il obtint un poste d’instituteur en janvier 1932, à Pont-en-Royans, où il se syndiqua au Syndicat national des instituteurs (CGT), et milita au Groupe de jeunes avec Alix Berthet. Il resta membre du Syndicat national des instituteurs, unifié à la fin de 1935. Il fut ensuite muté à Pontcharra en 1934, puis à Décines-Charpieu en 1935. Il s’y maria le 4 août 1937 avec une institutrice.

Boissieu consacrait l’essentiel de son travail militant aux Jeunesses socialistes, dont il fut délégué à la propagande, et contribua à leur réorganisation en 1935, au lendemain de l’exclusion de militants responsables qui s’étaient solidarisés avec l’Entente de la Seine exclue pour ses sympathies trotskystes lors de la conférence de Lille. Trésorier de la section SFIO de Décines, puis trésorier de la fédération socialiste SFIO en juin 1935, il présida la réunion antifasciste de la ville le 31 octobre 1936. En avril 1937, succédant à Julien Géry, atteint par la limite d’âge, il devint secrétaire fédéral des JS de l’Isère et réussit à préserver la fédération des dissidences qui frappèrent l’organisation nationale sur sa gauche en ces années. Il fut élu en 1939 au comité national mixte des JS et était membre de la commission exécutive fédérale du Parti dans l’Isère et secrétaire de la section de Décines en 1939.

Mobilisé en 1939 au 159e RIA, Boissieu fut démobilisé à la fin juillet 1940 et reprit son poste à Décines-Charpieu. Mais son « passé marxiste » lui valut le 1er janvier 1941 un déplacement d’office à Rencurel (Isère), ainsi qu’à son épouse. Son attitude fut remarquée par les autorités ; il critiquait le gouvernement et qualifiait, selon la police, la cérémonie du drapeau de « singeries de Vichy », devant ses élèves et refusa de participer, le 1er mai, à la manifestation organisée par la Légion. Il milita dans le Parti socialiste clandestin au sein des Mouvements unis de la Résistance, puis du Mouvement de libération nationale et fut l’un des responsables du « service civil » du Vercors. Il gagna le maquis en 1944, appartint aux Francs-tireurs du Vercors et fut décoré ultérieurement de la médaille de la Résistance avec rosette.

Nommé directeur d’école à Grenoble après la Libération, Boissieu fut élu secrétaire fédéral de la SFIO en avril 1945 et fut rédacteur en chef du Droit du Peuple Il fut candidat aux élections à l’Assemblée nationale constituante, le 21 octobre 1945 (en 3e position sur la liste SFIO). A la réunion du conseil national du 9 juin 1946, il critiquait l’anticommunisme agressif de certains dirigeants socialistes et demandait une propagande plus spécifique du parti, tournée vers la classe ouvrière « sans laquelle il ne peut y avoir de socialisme ». Il démissionna de son poste de secrétaire fédéral le 16 septembre 1946. Il occupa ensuite la fonction de secrétaire de la section SFIO de Grenoble en décembre 1946. Mais il entra bientôt en conflit avec Berthet et Jean Landru à propos du contrôle de ce journal et de l’engagement de ce dernier dans l’entreprise du Dauphiné Libéré. Mis en minorité, en août 1947, après de longues discussions dans la commission des conflits, il démissionna du secrétariat fédéral et y fut remplacé par Landru. Il anima dans l’Isère la tendance de l’action socialiste révolutionnaire (ASR) dirigée par Yves Dechézelles, démissionna de la SFIO le 19 janvier 1948, avec Gaultier et Bertrand-Valère, pour devenir secrétaire de la fédération de l’ASR devenu autonome et fut exclu en mars 1948 de la SFIO.

En janvier 1949, Boissieu se tourna vers le Parti socialiste unitaire dans lequel il entraîna un certain nombre de militants connus à Grenoble. Il fut candidat du PSUnitaire aux cantonales de 1949 dans le canton de Saint-Marcellin
Selon une note de police de 1950, la fédération PSUnitaire qu’il dirigeait comptait 80 adhérents, dont 20 militants réels. Il fut membre du comité directeur du PSUnitaire en septembre 1949. Exploitant contre les dirigeants socialistes locaux un sentiment encore vivace d’attachement à l’unité ouvrière, il se présenta avec plusieurs de ses camarades du PSUnitaire sur une liste « unitaire » conduite par l’ancien maire Raymond Perinettii, secrétaire fédéral du Parti communiste français ; élu conseiller municipal en 1949, il le resta jusqu’en 1953. Membre du conseil communal de la paix de Grenoble, il participait à toutes les manifestations organisées par le PCF et les organisations satellites.

Après la disparition du PSUnitaire, il milita au Parti socialiste de gauche, dont il était membre comité directeur en novembre 1954 et pour lequel il fut candidat aux élections sénatoriales de 1955. Mais il consacra l’essentiel de son activité à la Libre Pensée dont il était le secrétaire fédéral en 1966 (année où il organisa le congrès national à Grenoble) et 1973. Il était également franc-maçon, membre du chapitre « Le Dauphinois ». Il prit sa retraite de directeur d’école en 1972.

Son épouse, Clémence, Marthe Boissieu, née Roussin, née le 23 novembre 1907 à Saint-Pierre-de-Chartreuse, fille d’un instituteur, suivit le même itinéraire politique. De plus, secrétaire des femmes socialistes de Grenoble en 1947, elle était membre du comité national de l’Union des femmes françaises en 1950 et militait au PSUnitaire. Ils eurent trois enfants, deux garçons et une fille. Elle décéda le 8 juin 1968 à l’hôpital de La Tronche.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article17082, notice BOISSIEU Alexandre par Gilles Morin, version mise en ligne le 20 octobre 2008, dernière modification le 21 mars 2022.

Par Gilles Morin

SOURCE : Arch. Nat., F/1cII/147, 255, 277, 553 ; 20010216/120/3169 ; 20050137/12/2553. — Archives Pierre Stibbe et Pierre Naville. — Arch. de l’OURS, correspondance Isère. — Archives FNSP, fonds D. Mayer, 3 MA 28. P. — Service historique de la Défense, Vincennes GR 16 P 68280. — DBMOF, notice par Pierre Broué. — Notes d’Alain Dalançon et de Jacques Girault. — Sources familiales.

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