ROUSSE Eugène [ROUSSE Paul, Eugène]

Par Alain Dalançon, Jacques Girault

Né le 5 mars 1928 à Saint-Denis (La Réunion), mort le 3 décembre 2019 à La Possession (La Réunion) ; instituteur puis PEGC à La Réunion ; militant syndicaliste du SNI, de la LDH ; conseiller municipal du Port, proche du Parti communiste réunionnais.

Eugène Rousse
Eugène Rousse

Fils d’une fratrie de neuf enfants, son premier prénom, Paul, fut remplacé par son second, Eugène, quand il fut hébergé à la suite de l’incendie de la paillotte de ses parents par une famille qui comptait déjà un petit Paul en son sein. Son père était facteur des postes, d’opinions « progressistes », et l’emmenait dans ses tournées. Il fut baptisé, alla au catéchisme, et à la messe dominicale avec ses parents mais ne pratiqua pas par la suite.

Après l’école à classe unique de Saint-Bernard, il fréquenta l’école centrale puis le cours complémentaire de Saint-Denis où la famille vint s’installer en septembre 1939. Il réussit le brevet élémentaire et le concours d’entrée à l’École normale d’instituteurs en 1945, obtint le baccalauréat au lycée Leconte de Lisle. En octobre 1949, bénéficiant d’une 4e année d’EN, il se rendit en métropole à Aix-en-Provence pour sa formation professionnelle, année qu’il mit à profit pour voyager en France, à Paris, en Bretagne où il avait un oncle, et dans le nord de l’Italie, en Suisse, en Allemagne.

En octobre 1950, il revint à la Réunion où il fut nommé instituteur au Port. Il y effectua toute sa carrière professionnelle, comme instituteur jusqu’en 1954, puis professeur au cours complémentaire et enfin professeur d’enseignement général de collège, jusqu’à sa retraite en 1983.

Eugène Rousse se maria en janvier 1952 à Saint-Denis avec une institutrice avec laquelle il eut quatre enfants. Il fut dispensé du service militaire pour raison familiale.

Adhérent au Syndicat national des instituteurs dès 1949, il siégea au conseil syndical de la section départementale de 1965 à 1983, et durant la même période à la commission administrative départementale de la Fédération de l’Éducation nationale. Militant du courant « cégétiste », proche de son responsable Raymond Mondon, en 1965, après l’accident de santé de ce dernier, il devint le dirigeant du courant « Unité et Action ». Il fut à deux reprises exclu pour avoir fondé un courant « école réunionnaise », perçu comme une menace de séparatisme, puis réintégré dans le syndicat. Il militait en même temps à la FOL (Fédération des œuvres laïques) de 1950 à 1983 et à la FCPE (Fédération des conseils de parents d’élèves).

Adhérent du Parti socialiste pendant une dizaine d’années, militant en parfaite communauté de pensée et d’action avec les communistes du PCR, il fut candidat aux élections municipales du Port en mars 1962 sur la liste « communiste et progressiste pour la défense des intérêts sociaux et économiques du Port ainsi que le respect du suffrage universel » conduite par Raymond Mondon. Il se porta ensuite candidat sur des listes similaires de 1965 à 2001 conduites de 1971 à 1989 par Paul Vergès, puis Pierre Vergès, Jean-Yves Langenier, et fut élu conseiller municipal de 1971 à 2008. Suivant son témoignage, il s’employa à « donner des raisons d’espérer à la frange de la population la plus démunie. J’ai surtout activement participé au combat visant à doter la cité maritime d’établissements scolaires bien équipés et en nombre suffisant, tout en veillant à ce que, hors temps scolaire, les jeunes aient la possibilité de s’occuper utilement et de s’épanouir pleinement. » Il militait aussi à la LDH.

Retraité, il poursuivit ses combats au cœur de la gauche réunionnaise. Historien, il publia plusieurs études sur le Combat des Réunionnais pour la liberté, sur l’histoire du Port, sur l’insurrection de 1947, sur des personnalités (Victor Schoelcher, Raymond Mondon, Théodore Drouhet, Léon de Lepervanche, Raymond Vergès) ainsi que des chroniques dans la presse. Son rôle de transmetteur, pour que les Réunionnais s’approprient leur passé, lui valut le prix Zarboutan nout kiltir en 2008. Il était membre d’un comité de soutien pour la Maison des Civilisations et de l’Unité Réunionnaise (MCUR) baptisé “Mete Ansanm pour la maison des civilisations” comprenant une vingtaine d’artistes, de militants culturels et associés.

Toute la presse réunionnaise annonça la mort de "l’historien de l’île" à 91 ans. Le maire du Port, Olivier Hoarau, les députés Huguette Bello et Jean Hugues Ratenon, la maire de Saint Denis, Gilberte Annette et la CGT réunionnaise lui rendirent hommage.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article170886, notice ROUSSE Eugène [ROUSSE Paul, Eugène] par Alain Dalançon, Jacques Girault, version mise en ligne le 24 février 2015, dernière modification le 31 mars 2021.

Par Alain Dalançon, Jacques Girault

Eugène Rousse
Eugène Rousse
Cérémonie Léopard en 2016, au côté de Jean-Yves Langrenier

ŒUVRE : Le fichier de la BNF comprend treize références dont Combat des Réunionnais pour la liberté, trois tomes, Saint-Denis, 1994-2000. — La commune du Port a 100 ans, quatre tomes, Saint-Denis, 1995-2000.

SOURCES : Renseignements fournis par l’intéressé. — Jérôme l’archiviste, extrait de l’ouvrage Célébrités de la Réunion, 2009. — Récit autobiographique en 2016 transmis par son petit-fils Laurent, site du journal Témoignages (Di sak na pou di). — Site Réunionnais du monde (1er janvier 2014) ; site Actus Réunion, décembre 2019 : biographie par Brigitte Croisier.

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