BOITEAU Pierre, Louis

Né le 3 décembre 1911 à Cognac (Charente), mort le 1er septembre 1980 à Orsay (Essonne) ; agronome et biologiste ; militant syndical, l’un des fondateurs de l’Union des Syndicats CGT de Madagascar et co-secrétaire général de cette Union (1943-1947), avec J. Ravoahangy-Andriamasinavalona ; conseiller de l’Union française (1949-1958) et secrétaire du groupe communiste de cette Assemblée.

Fils de Boiteau Jean, Marius*, commis des PTT* et de Brun, Suzanne, Marie, Mathilde, couturière. Orienté d’abord vers l’enseignement agricole : École régionale de l’Oisellerie (Charente), puis École nationale d’Horticulture de Versailles (1929-1932), il participa au premier congrès international pour la protection de la Nature qui se tint dans le cadre de l’Exposition coloniale, à Paris, Porte Dorée (1931). Il y fut présenté au professeur Auguste Chevalier qui l’envoya à Madagascar pour les Réserves naturelles et la création d’un Jardin botanique. Sans ressources, il dut partir à titre militaire, comme « engagé spécial ». Il fut recruté sur place, au rabais, au titre des « cadres locaux » et tout d’abord chargé de l’entretien des parcs et jardins de Tananarive et d’Antsirabé. En 1935, il obtint la création officielle du Parc botanique et zoologique de Tananarive (arrêté gubernatorial du 18 juillet 1935), sis à Tsimbazaza, et fonda dans ce cadre le premier jardin des plantes médicinales malgaches, le Laboratoire de botanique et le Laboratoire de chimie végétale. Reçu ingénieur d’agronomie tropicale en 1939 et ingénieur-docteur de l’Université d’Alger (1943), il fut enfin versé dans le cadre de la Recherche agronomique outre-mer.
L’un des animateurs des réseaux de résistance de la France Combattante, il fut chargé par le général Legentilhomme et le recteur de l’Université d’Alger d’organiser l’enseignement du PCB à Madagascar en 1943 et plus spécialement chargé des cours de Biologie cellulaire et de Biologie végétale. De nombreux médecins et pharmaciens malgaches sont ses anciens élèves.
P. Boiteau a fondé à Tananarive en 1936 le Syndicat CGT des personnels de l’Agriculture, de l’Élevage et des Eaux et Forêts dont il devint le secrétaire général, un des rares syndicats à l’époque à recevoir sur un pied d’égalité Français et Malgaches. Il participa aux luttes pour l’attribution des droits syndicaux aux travailleurs malgaches (décret du 19 mars 1937). Aussi, lors de la reconstitution de l’Union des syndicats CGT de Madagascar (unifiée pour la première fois) en décembre 1943, les Malgaches lui demandèrent-ils de devenir l’un des deux secrétaires généraux. Malgachisant lui-même, il créa, au sein de l’Union, une commission de travail en langue malgache qui permettra aux travailleurs non-francophones de s’exprimer dans leur propre langue.
Après l’arrestation arbitraire, en avril 1947, des députés malgaches dont Ravoahangy, co-secrétaire-général, l’Union des syndicats mena campagne pour leur libération. P. Boiteau fut alors relevé de ses fonctions administratives ; l’Institut de la Recherche scientifique qu’il avait fondé et qu’il dirigeait depuis 1946 fut rattaché à l’Office de la Recherche scientifique coloniale (créé par la loi vychiste du 11 octobre 1943) et il fut renvoyé en France. Dans une situation matérielle très difficile (son fils aîné Jean-Pierre mourra des représailles exercées sur sa famille par l’administration coloniale), il milita au département international de la CGT et s’occupa notamment du Bulletin confédéral des Territoires d’Outre-mer. Il adhéra en juillet 1947 au Parti communiste français et commença à militer au sein de ce qu’on appelait encore la « Section coloniale ». Élu Conseiller de l’Union française (1949-1958), il devint secrétaire du groupe communiste dans cette Assemblée. Il prit une part particulièrement active, avec le concours de la commission juridique de la CGT à l’élaboration du Code du Travail outre-mer et des régimes d’allocations familiales et de réparation des accidents du travail dans les TOM.
Parallèlement il continua son travail scientifique sur les plantes médicinales malgaches et devint l’adjoint du Dr Rakoto-Ratsimamanga à la Faculté de Médecine de Paris.
Après la reconnaissance de l’indépendance de Madagascar, P. Boiteau devint secrétaire général adjoint de la Commission de la Pharmacopée malgache (décret du 16 janvier 1969 du Président de la République Malgache). Il fut aussi nommé directeur du Laboratoire d’identification des végétaux (Centre national de la Recherche scientifique, Gif-sur-Yvette) en 1975. On lui doit des médicaments très connus tirés des plantes malgaches et plusieurs centaines de publications scientifiques dont le Dictionnaire des noms malgaches de végétaux.
Il fut membre associé de l’Académie Malgache (depuis 1936), correspondant du Museum national d’Histoire naturelle, Paris (depuis 1941), Commandeur de l’Ordre national Malgache (1977). Une de ses filles, Jacqueline Mathé était, en 1980, journaliste à l’Humanité.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article17097, notice BOITEAU Pierre, Louis, version mise en ligne le 20 octobre 2008, dernière modification le 18 février 2022.

ŒUVRE POLITIQUE ET SOCIOLOGIQUE : outre les nombreux articles parus dans L’Intersyndicale de Madagascar, le Bulletin confédéral des territoires d’Outre-Mer, Le Peuple, La Vie ouvrière, Pierre Boiteau a publié notamment : « La situation matérielle et morale des travailleurs Malgaches », Esprit 16, n° 142 (février 1948) ; L’Affaire de Madagascar (avec R. Boudry, A. Espiard et J. de l’Orme), brochure de 60 pages, éditée par le Comité de défense et d’action pour la vérité et la justice dans l’Affaire de Madagascar.
P. Boiteau a publié également de nombreux articles et études dans La Nouvelle Critique, 1952, 1954, 1973 ; Démocratie Nouvelle, 1957 ; France Nouvelle, 1958 ; La Pensée, 1960 ; Cahiers du CERM, 1962, 1966 ; Cahier de l’Institut M. ThoreZ, 1972.
P. Boiteau était membre des comités de rédaction de La Pensée et Aujourd’hui l’Afrique et membre de la présidence de l’Association française d’amitié et de solidarité avec les peuples d’Afrique.

SOURCES : Fonds Pierre Boiteau, Arch. dép. de Seine-Saint-Denis (309 J), inventaire en ligne. —Titres et travaux de P. Boiteau. — Journal Officiel, Assemblée de l’Union française 1949-1958. CR de la Commission mixte franco-malgache et de l’Assemblée territoriale de Madagascar (P. Boiteau a été rapporteur du premier plan de développement économique et social, lors de la création du FIDES en 1946). — Mémoires et Bulletins de l’Académie Malgache. — Archives nationales Malgaches. — Bulletin du Museum national d’Histoire naturelle, Paris. — Cahiers du CNRS. — L’Humanité, 4 septembre 1980. — Autobiographie de P. Boiteau.

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