BOLLE Christiane [née RAYMOND Christiane]

Par Mathilde Dubesset, Pauline Maurel, Catherine Wolff

Née le 28 mars 1925 à Paris (XXe arr.), morte le 15 mai 2018 à La Terrasse (Isère) ; enseignante ; militante du Mouvement français pour le planning familial à Grenoble.

Issue d’une famille protestante dont le son père était instituteur et directeur d’école et la mère est au foyer, Christiane Raymond fut institutrice puis professeur d’enseignement ménager à Paris. Mariée à Pierre Bolle, historien, elle fut institutrice remplaçante à Grenoble.
Elle adhéra à l’association Jeunes Femmes (association féminine protestante fondée au lendemain de la guerre) et c’est grâce à ce mouvement qu’elle rencontra Simone Perillard, déjà sensibilisée par les questions de contraception, ce qui l’amena au MFPF. Comme mère de famille nombreuse, avec quatre enfants, elle se sentait concernée par cette question.

Christiane Bolle participa, dès sa fondation, au centre grenoblois du MFPF ouvert le 10 juin 1961, en tant qu’hôtesse d’accueil. À ses débuts, l’équipe fondatrice du MFPF grenoblois était relativement restreinte, ce qui autorisait et justifiait une répartition floue des tâches administratives. Le bureau se distinguait difficilement du conseil d’administration auquel tous les membres du centre participaient, les femmes autant que les hommes.

Christiane Bolle fut trésorière du MFPF grenoblois de 1961 à 1962, puis secrétaire générale pendant plusieurs années. L’équipe fondatrice était soudée, réunie par une préoccupation commune, celle du combat pour la contraception légalisée en 1967 par la loi Neuwirth. Le travail, qui était aussi un engagement, supposait une forte implication personnelle et collective : conférences deux à trois soirs par semaine, stages de formation et permanences. Cette activité bousculait un peu la répartition traditionnelle des tâches entre hommes et femmes, y compris dans les familles, offrant une forme d’indépendance pour les femmes.

Le centre fonctionna tout d’abord comme un centre d’accueil où les femmes et/ou les couples venaient pour s’informer sur la manière d’avoir accès aux moyens contraceptifs que l’on faisait venir d’Angleterre ou de Suisse de manière clandestine. Seuls les condoms étaient vendus en pharmacie comme moyen de lutte contre les maladies vénériennes. Avec le diaphragme, la nouveauté venait de ce que les femmes ne dépendaient plus, en matière de contraception, du bon vouloir de leur partenaire. Progressivement, la demande émanant des consultants s’élargit, les femmes venant au centre n’appartenaient plus forcément aux milieux sociaux favorisés et informés. Il fallut donc organiser des permanences et former les hôtesses d’accueil à l’écoute, ainsi qu’à l’éducation sexuelle. En 1966, Christiane Bolle suivit une formation de conseillère conjugale à l’Association Française des Centres de Conseil Conjugal et a exerça ensuite cette profession, bénévolement, au sein du MFPF grenoblois jusqu’ en 1973.

En 1973, lors de l’assemblée générale du centre, Christiane Bolle et d’autres fondatrices furent évincées de l’équipe du MFPF grenoblois. Ce départ correspondait à une divergence de conception par rapport au devenir et à l’existence du MFPF grenoblois. En effet, dans les années précédentes, dans le sillage de Mai 1968, de nombreuses animations avaient été organisées dans les collèges et lycées pour faire de l’éducation sexuelle. Une grande partie des nouveaux militants du MFPF grenoblois, souvent proches de l’extrême-gauche, adeptes de la liberté sexuelle, incluaient l’éducation sexuelle dans le cadre d’une remise en cause globale de la société et d’une contestation politique radicale. Pour Christiane Bolle et d’autres militantes pionnières du centre, cela ne correspondait pas à leur conception de l’engagement au MFPF

Par la suite, Christiane Bolle travaillé comme conseillère conjugale au centre de planification de l’Hôpital sud de Grenoble où elle assurait les entretiens pré et post - IVG. Elle a d’autre part suivi une formation de formateur en psycho-sociologie ainsi qu’une formation de thérapeute au psychodrame.

Comme d’autres militantes, elle étit représentative de cette mouvance protestante, politiquement à gauche, active dans les débuts du MFPF, puis prenant quelques distances, lorsque celui-ci a tenu un discours et adopté des pratiques plus radicales (autour du droit à l’avortement et de la liberté sexuelle) au début des années 1970.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article17107, notice BOLLE Christiane [née RAYMOND Christiane] par Mathilde Dubesset, Pauline Maurel, Catherine Wolff, version mise en ligne le 20 octobre 2008, dernière modification le 12 novembre 2021.

Par Mathilde Dubesset, Pauline Maurel, Catherine Wolff

SOURCES : Entretien (mai 1999). — « Le Mouvement français pour le Planning Familial de Grenoble célèbre son dixième anniversaire », Le Monde, 24 février 1966. — « Les couples nouveaux », Le Monde, 22 septembre 1966. — D’une révolte à l’autre, 25 ans d’histoire du Planning Familial, MFPF, Éditions Tierce, Paris, 1982.

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