MATAGNE Georges, Émile

Par Didier Bigorgne, Philippe Lecler

Né le 17 février 1919 à Deville (Ardennes), mort le 1er mai 2004 à Reims (Marne) ; mécanicien automobile, puis chauffeur routier ; militant communiste et résistant ; responsable du mouvement FTPF dans les Ardennes et dans l’Aisne.

Fils de Léa Bourgeois, ménagère, Georges Matagne fut reconnu le 3 mars 1919 par Jules Matagne (aucune profession n’est mentionnée dans l’acte d’état civil). Ouvrier mécanicien au garage automobile Froussart à Charleville, Georges Matagne était membre du Parti communiste et responsable des Jeunesse communistes de Villers-Semeuse, localité où il habitait.

Pendant la Seconde Guerre mondiale, Georges Matagne devint commissaire aux opérations régionales du mouvement de résistance FTPF dans les Ardennes. Il rejoignit le maquis de Launois à Viel-Saint-Rémy créé en mars 1943. Il le structura et lui donna une orientation combattante (initiation de ses membres au maniement des armes et des explosifs). Il mena lui-même des actions de sabotage (écluses sur le canal latéral à l’Aisne, voies ferrées dans tout le département). Dénoncé par deux cultivateurs de la région, le maquis fut encerclé par les Allemands dans la nuit du 15 décembre 1943 ; la répression fut dure pour les maquisards capturés (douze fusillés après condamnation par un tribunal militaire, onze déportés en Allemagne). Individu fort courageux, voire téméraire (Rolande Trempé* témoigna de la personnalité de Matagne, en évoquant, qu’assise à ses côtés, elle l’avait vu forcer avec son automobile un barrage routier allemand), Georges Matagne réussit à se cacher et à échapper aux Allemands. Réfugié chez Raymond Deparpe à Mohon, il dirigea clandestinement les missions des rescapés du maquis (récupération de tickets de rationnement, sabotages ferroviaires).

Georges Matagne quitta les Ardennes en avril 1944. Nommé commissaire aux opérations régionales dans l’Aisne, il s’installa à Saint-Quentin et dirigea le mouvement FTPF sous le pseudonyme de « Commandant Jean ». À la Libération, il fit partie de la commission d’épuration de Saint-Quentin.
En octobre 1945, des poursuites judiciaires furent engagées contre Matagne et deux de ses camarades. En effet, le 2 février 1944, la mère d’un résistant du maquis de Launois arrêté par les Allemands menaça de dénoncer l’organisation pour sauver son fils ; elle fut exécutée.au fort des Ayvelles après l’ordre du commandement régional FTPF. Georges Matagne et ses camarades furent inculpés d’homicide volontaire et jugés par le tribunal militaire permanent de Lille qui rendit une ordonnance de non-lieu ; les faits étant légitimés par l’ordonnance du 6 juillet 1943 (qui distinguait les actes ayant servi la cause de la libération de la France). Cet épisode douloureux éprouva durement Matagne et contribua sans doute à la fin de son engagement militant.

Le 12 novembre 1960, à Reims, Georges Matagne épousa Simone Hélène Hachez, sans profession. Il exerçait alors le métier de chauffeur routier.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article171094, notice MATAGNE Georges, Émile par Didier Bigorgne, Philippe Lecler, version mise en ligne le 28 février 2015, dernière modification le 28 février 2015.

Par Didier Bigorgne, Philippe Lecler

SOURCES : Arch. Dép. Aisne, J 1461/12. — Arch. Dép. Ardennes, 1J 361.— L’Ardennais, 20-21 octobre 1945. — Entretien avec Rolande Trempé. — Philippe Lecler, Le temps des partisans, Langres, Éditions Guéniot, 2009.— Notes de Frédéric Stévenot. — État civil de Deville et de Reims.

rebonds ?
Les rebonds proposent trois biographies choisies aléatoirement en fonction de similarités thématiques (dictionnaires), chronologiques (périodes), géographiques (département) et socioprofessionnelles.
Version imprimable