ROUX Gérard

Par Frédéric Dabouis

Né le 1er juillet 1924 à Faymoreau (Vendée), mort le 19 janvier 1994 à Angers (Maine-et-Loire) ; instituteur en Maine-et-Loire, puis PEGC, principal de collège ; militant du SNI ; militant du PSU puis du PS.

Gérard Roux était issu d’une famille de protestants cévenols. Son grand-père, charpentier, vint s’installer dans la commune vendéenne de Faymoreau, aux confins des Deux-Sèvres, pour participer à l’étayage des galeries des mines de charbon. Gérard Roux se présenta au concours d’entrée de l’Ecole normale d’instituteurs d’Angers, ville où son frère aîné était élève ingénieur aux Arts et Métiers, mais il ne fut pas formé dans le cadre des écoles normales d’instituteurs, car celles-ci furent supprimées en août 1941 par le régime de Vichy. Il entra donc, comme élève-maître et major de sa promotion, en classe de seconde au lycée David d’Angers. Comme il fut brillamment reçu au baccalauréat, le directeur de la mine de Faymoreau lui proposa alors de payer intégralement ses études supérieures et de préparer le concours d’entrée à l’Ecole des Mines, mais Gérard Roux refusa car, très amoureux, il préférait rester auprès de Claudette Chevalier, née elle aussi en 1924. Ils s’étaient rencontrés en 1940 et se marièrent, encore mineurs, quatre ans plus tard. En 1943-1944, pour sa dernière année de formation, dans le cadre de ce qui était alors « l’institut de formation professionnelle », il avait fait son stage du second trimestre à l’Ecole d’Agriculture de Rennes.

Après la Seconde Guerre mondiale, Gérard Roux fut instituteur en Maine-et-Loire : à Montreuil-sur-Maine, puis à Trélazé, d’abord à l’école de la Maraîchère, puis, comme professeur de mathématiques, au cours complémentaire des Plaines. Il milita au Syndicat national des instituteurs dans le courant “École émancipée“. À ce titre, il fut membre du conseil syndical de la section départementale de 1956 à 1964 et l’un des représentants à la commission administrative paritaire départementale de 1963 à 1969. Délégué aux congrès nationaux du SNI de Paris (1957) et Strasbourg (juillet 1960), candidat au bureau national du SNI en novembre 1963, il fut l’un des signataires du programme « Pour un syndicalisme révolutionnaire » des « Amis de l’École émancipée » pour cette élection. A la suite du vote du conseil national en décembre 1963, cette liste obtint deux élus sur 30.

Partisan de l’indépendance de l’Algérie, il fit de nombreuses interventions sur ce thème au conseil syndical du SNI de Maine-et-Loire et écrivit plusieurs tribunes dans le bulletin départemental du syndicat, notamment dans la période 1959-1962.

Actif aussi sur le plan politique, il fut à la fin de 1955 l’un des initiateurs d’un tract-pétition en faveur d’un nouveau « Front populaire », ce qui entraîna une mise au point de la majorité départementale du SNI, proche des socialistes, qui reprocha aux militants “École émancipée“ du Maine-et-Loire de rompre avec le syndicalisme révolutionnaire. Celle-ci, par la voix de Michel Magnant et de Gérard Roux, répondit que le tract n’émanait pas de l’EE. Roux écrivit néanmoins une tribune dans le bulletin du SNI de mars 1956, dans laquelle il souhaitait un « Front populaire à la base » et « l’unité d’Action ouvrière », comme en 1936. A la réunion du conseil syndical du 14 février 1957, il dénonça « les deux impérialismes » (américain et soviétique) et les camps de concentration qui se créaient des deux côtés du « rideau de fer ». Dès 1957, il dénonça l’usage de la torture, mais aussi la menace que faisait peser sur la démocratie la poursuite de la guerre en Algérie : « la France est mûre pour le fascisme », disait-il. Dans le bulletin du SNI de juin-juillet 1958, il publia une tribune de deux pages intitulée « Dix jours pour sauver la République » dans laquelle il expliquait que « c’est la guerre coloniale qui a fait naître la montée fasciste » et appelait à une « action révolutionnaire » du prolétariat. En mai 1960, dans une autre tribune, il prit la défense d’un jeune instituteur de Jarzé, Robert Gréard, qui venait d’être condamné à 20 mois de prison pour objection de conscience. Le SNI de Maine-et-Loire s’inscrivit alors dans la campagne pour un statut des objecteurs de conscience, mais Gréard fut radié de l’Education nationale et finit par s’exiler en Suisse.

Se réclamant de l’anarcho-syndicalisme, très intéressé par l’histoire en général et par celle de l’anarcho-syndicalisme espagnol en particulier, athée, militant laïque, mais dépourvu de tout sectarisme, Gérard Roux rejoignit le Parti socialiste unifié fin 1960-début 1961, en même temps que son épouse Claudette Chevalier, institutrice à Trélazé, où ils habitaient désormais, au 34 cité Bellevue. Il milita dans ce parti pendant plusieurs années, notamment aux côtés d’un militant de l’Action catholique ouvrière passé de la CFTC à la CGT, Joseph Sallé. Il fut membre du bureau de la section de Trélazé du PSU. Il rejoignit ensuite le Parti socialiste (tendance CERES).

Gérard Roux dut cesser de militer activement à l’Ecole Emancipée après le congrès de Lille du SNI en 1964, à la suite du conflit qui éclata à l’intérieur de cette tendance entre le courant syndicaliste-révolutionnaire et les trotskystes « lambertistes » partisans du « Front Unique Ouvrier », qui formèrent ensuite une tendance distincte portant ce nom. Son nom apparut dans un bulletin départemental du SNI d’octobre 1967, aux côtés de ceux des militants de l’Ecole Emancipée, qui refusaient le remplacement du vote d’orientation en assemblée générale par le vote par correspondance qui défavorisait selon eux les militants.

Gérard Roux participa en 1963 à la création – dans des baraquements préfabriqués – du collège d’enseignement général de Saint-Barthélemy-d’Anjou, commune industrielle limitrophe d’Angers, où il exerça, comme directeur, un rôle social important auprès des élèves en difficulté mais aussi en aidant des parents à remplir leurs documents administratifs. Il avait également mis en place dans ce collège un service de revente des livres scolaires afin de réduire les frais de scolarité, service que les Associations de parents d’élèves ont ultérieurement généralisé. Quand il quitta le collège de Saint-Barthélemy, les parents d’élèves lui offrirent une montre Lip, à l’époque où l’activité de Lip avait été reprise en autogestion par ses salariés. Il entama ensuite une carrière de principal de collège à Villaines-la-Juhel (Mayenne) qu’il termina au collège de Moncoutant (Deux-Sèvres), à 25 km de sa commune natale.

Espérantiste, militant de l’Ecole Moderne (pédagogie Freinet), Gérard Roux participa à un projet de simplification de l’orthographe du français. Il fut aussi vers 1956 secrétaire de mairie à Montreuil-sur-Maine.

SOURCES : Arch. Nat., 581AP/100. — Presse syndicale. — Bulletins du SNI de Maine-et-Loire. — L’école en bataille, paroles d’un instituteur du Maine-et-Loire, ouvrage écrit par Maurice Faës, camarade de promotion de Gérard Roux, Editions Cheminements, 1999. — Entretiens avec Raymond Maucour (4 octobre et 29 novembre 1996), Michel Magnant (14 février et 24 juillet 1997) et Martine Roux (27 avril 2015) . — Notes de Jacques Girault et d’Anthony Gouas.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article171180, notice ROUX Gérard par Frédéric Dabouis , version mise en ligne le 2 mars 2015, dernière modification le 2 novembre 2021.

Par Frédéric Dabouis

SOURCES : Arch. Nat., 581AP/100. — Presse syndicale. — Bulletins du SNI de Maine-et-Loire. — L’école en bataille, paroles d’un instituteur du Maine-et-Loire, ouvrage écrit par Maurice Faës, camarade de promotion de Gérard Roux, Editions Cheminements, 1999. — Entretiens avec Raymond Maucour (4 octobre et 29 novembre 1996), Michel Magnant (14 février et 24 juillet 1997) et Martine Roux (27 avril 2015) . — Notes de Jacques Girault et d’Anthony Gouas.

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