Par Jacques Girault
Né le 10 octobre 1942 à Aïn-Témouchent (Algérie) ; attaché d’administration scolaire et universitaire ; militant syndicaliste du SNIEN, secrétaire général de la FEN puis de l’UNSA éducation (1997-2002), secrétaire général de l’UNSA fonctionnaires (1998-2001) ; militant socialiste.
Fils d’un officier, devenu à sa retraite fondé de pouvoir dans une exploitation agricole de la région de Sidi-Bel-Abbès (Algérie), Jean-Paul Roux reçut une éducation catholique mais se définissait comme un athée depuis sa majorité. Son engagement militant fut profondément influencé par les idées d’Albert Camus. Il effectua sa scolarité secondaire au lycée Laperrine à Sidi-Bel- Abbés jusqu’en 1961, puis au lycée de Bayonne (Pyrénées-Atlantiques) où il obtint le baccalauréat (série “Philosophie“ en 1962). Il suivit les cours de propédeutique lettres en 1964 à la faculté des lettres d’Aix-en-Provence. Passionné d’athlétisme, il pratiquait la course à pied depuis son adolescence.
Il se maria en juillet 1963 à Toulon (Var) avec Anny, Lucie, Aimée Girod, secrétaire d’administration scolaire et universitaire. Le couple eut deux enfants et divorça en 1977. Il se remaria en février 1980 à Saint-Paul-sur-Ubaye (Alpes de Haute-Provence) avec Madeleine, Célina, Joséphine Caire, attachée d’administration scolaire et universitaire et militante de la FEN.
Jean-Paul Roux fut surveillant d’externat au lycée d’Oloron-Sainte-Marie (Pyrénées-Atlantiques) puis au lycée Jean Aicard d’Hyères (Var) de 1962 à 1965. Il devint secrétaire d’intendance universitaire auxiliaire au lycée technique Rouvière à Toulon (Var) en 1965. Titularisé l’année suivante, il conserva cette fonction jusqu’en 1979, avant de devenir secrétaire d’administration scolaire et universitaire dans le même établissement jusqu’en 1990. Il fut alors nommé attaché d’administration scolaire et universitaire à l’inspection académique du Var à Toulon, de 1990 à sa retraite en novembre 2002. Il fut placé, à partir de 1977, en décharge complète de service, à titre syndical.
Jean-Paul Roux adhéra au Syndicat national de l’enseignement secondaire donc à la Fédération de l’Éducation nationale en 1962, puis au Syndicat national de l’intendance universitaire en 1965, devenu Syndicat national de l’intendance de l’Éducation nationale en 1967. Il devint enfin adhérent du Syndicat de l’administration et de l’Intendance en 1994, lorsque le SNIEN fusionna avec le Syndicat national de l’Administration universitaire.
Membre des bureaux académiques du SNIU (1966), puis du SNIEN (1967-1977), des bureaux nationaux du SNIEN puis de A et I (1971-2003), Roux fut secrétaire général adjoint du SNIEN (1977-1982). Il fut, dans le cadre de ces mandats, élu aux commissions administratives paritaires académiques puis nationales.
Secrétaire administratif de la section départementale du Var de la FEN (1971-1973), puis secrétaire général adjoint (1973-1974), Jean-Paul Roux fut secrétaire général de la section (1974-1980). Il votait pour la tendance “Rénovation syndicale“ au sein de la FEN jusqu’en 1970 avant de rejoindre la tendance “Unité, Indépendance, Démocratie“.
Membre de la commission administrative nationale de la FEN (1976-1982), intégré dans l’équipe des animateurs du centre fédéral de formation syndicale (1976-1982), responsable de la Majorité fédérale (1982-1983), membre du bureau national (1982-2002), Jean-Paul Roux devint secrétaire national, responsable du secteur « Revendications » (1983-1997). Il coordonna l’activité de la FEN puis celle de l’Union nationale des Syndicats autonomes-fonctionnaires, dans le domaine de la Fonction publique, en particulier lors des négociations salariales et de celles sur la revalorisation des enseignants (1989) et la réforme de la grille des rémunérations dite « accords Durafour » (1990). Dès 1985, il fut à l’initiative d’une coordination de cinq fédérations de fonctionnaires "réformistes ", réunies autour de la FEN et de la CFDT, avec comme objectif de créer un "pôle majoritaire" dans la Fonction publique. Ce "groupe des 5" (FEN, CFDT, FGAF, CFTC, CGC) poursuivit ses activités jusqu’au début des années 2000.
Sous sa responsabilité, le secteur « Revendications » constitua « un pivot autour duquel tant de choses s’organisèrent, se décidèrent qui excédaient largement les compétences du domaine des revendications ». Autour de ce secteur « se constitua un petit groupe très restreint d’abord puis de plus en plus large qui commença à militer pour le départ de Simbron* » et son remplacement par Guy Le Néouannic (témoignage de ce dernier, 18 mai 2005).
Jean-Paul Roux prit une place importante dans le processus qui déboucha sur la non-affiliation du Syndicat national des enseignements de second degré et du Syndicat national de l’éducation physique en 1992. Il eut la responsabilité du groupe de travail officieux qui définit les modalités de la scission.
Secrétaire général adjoint de la FEN (1994-1997), Jean-Paul Roux en devint le secrétaire général en 1997 avant de conserver cette responsabilité lorsqu’elle prit le nom d’UNSA éducation. Il fut ainsi le premier secrétaire général de la FEN issu d’un syndicat non enseignant. A la recherche d’un nouvel équilibre dans la vie fédérale, il y renforça le rôle et la place des syndicats nationaux avec lesquels il entretint des liens étroits, en particulier avec le SE et le SNPDEN. A son initiative, au cours du congrès de Pau en 2000, la FEN prit le nom d’UNSA Education et adopta un nouveau projet éducatif : « Pour une société éducative ». De même, au terme de son mandat, en mars 2002, l’UNSA éducation quitta ses locaux du 48 rue La Bruyère à Paris pour installer son siège à Ivry-sur-Seine (Val-de-Marne).
Jean-Paul Roux siégea au bureau exécutif mondial de l’Internationale de l’Education (1998-2001). Sous son impulsion, l’activité internationale de la FEN connut une nouvelle orientation fondée sur des actions de coopération régulières avec les syndicats enseignants de l’Europe centrale et orientale ainsi qu’avec ceux de l’Afrique francophone. Lors de sa retraite syndicale, il poursuivit cet engagement au titre de son organisation.
D’autre part, depuis les années 1990, fidèle à certains engagements de ses prédécesseurs, Jean-Paul Roux entretenait des relations particulières avec les proches de Messali Hadj en France et en Algérie. Deux colloques, soutenus par la FEN (1998, 1999) eurent pour objectif la « restitution » du messalisme dans les mémoires algériennes et françaises. Ainsi il participa au colloque « Messali Hadj : cette terre n’est pas à vendre » à Tlemcen (Algérie) en septembre 2011.
S’intéressant à l’histoire sociale et souhaitant ouvrir largement les archives de la FEN aux chercheurs, il signa le 25 novembre 1997 un contrat de dépôt avec le directeur des Archives Nationales afin que le Centre des Archives du monde du travail de Roubaix en soit désormais dépositaire.
Convaincu que « l’avenir du syndicalisme enseignant en général et celui de la FEN en particulier résidait dans le retour au syndicalisme confédéré », Jean-Paul Roux fut l’un des principaux artisans de la création de l’UNSA. Il initia le processus de mutation d’une fédération autonome en fédération affiliée à une organisation interprofessionnelle. A partir de 1985, Roux, tout en resserrant les relations avec la CFDT, fut chargé, au nom de la FEN, de nouer des contacts officieux avec les responsables des syndicats autonomes, qui, après la scission de la FEN, se concrétisèrent lors de la création de l’UNSA en 1993. Il siégea alors au bureau national de l’UNSA (1993-2002), devint le coordonnateur de l’UNSA-fonctionnaires (1995-1997), son secrétaire général adjoint (1998 et 2001-2002) puis son secrétaire général (1998-2001).
Spécialiste des dossiers de la Fonction publique, Jean-Paul Roux estimait « qu’arrivé au secrétariat général dans la période difficile qui a suivi la scission FEN-FSU », son action s’inscrivait « dans la durée pour favoriser l’émergence d’un syndicalisme réformiste capable de faire prendre en compte ses propositions, la mise en place d’une véritable “Société éducative“ et la modernisation négociée de la Fonction publique ».
Comme dirigeant syndicaliste, il rédigea et participa à la presse syndicale. Parmi ses articles ou contributions aux dossiers, signalons, outre les nombreuses contributions sur les services publics dans FEN-Hebdo ou L’Enseignement public. S’ajoutèrent des articles dans la Revue française d’administration publique (1996) et dans les Cahiers de la Fonction Publique (2000), des conférences sur « Le syndicalisme dans la Fonction Publique » à l’École Nationale d’Administration (2002), sur « Syndicalisme : ombres et lumières » au cercle Condorcet à Toulon (2006, site du centre Henri Aigueperse/UNSA Education).
A partir de 1997, président du centre Henri Aigueperse, il en devint le secrétaire général (2002-2004) et siégea au jury du prix Maitron.
Jean-Paul Roux participa à divers organismes sur le plan régional (Comité économique et social de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur de 1978 à 1980) et sur le plan national (Section de la Conjoncture du Conseil économique et social de 1982 à 1984, Conseil supérieur de la Fonction publique de l’État de 1982 à 2002, Conseil d’administration de l’École nationale d’administration de 1983 à 2001, Conseil supérieur de l’Éducation de 1997 à 2002)
Vice-président de la section du Var de la Mutuelle générale de l’Éducation nationale (1974-1980), il fut, sur le plan national, président d’honneur de la MRIFEN (1997-2000).
Jean-Paul Roux déclina toutes les propositions de décorations, se réclamant de la tradition anarcho-syndicaliste. Bien que lié d’amitié à de nombreux francs-maçons, il n’adhéra jamais à une loge maçonnique.
Politiquement, après avoir été proche du Parti socialiste unifié à partir de 1968, Jean-Paul Roux adhéra à la section de Toulon du Parti socialiste en 1973 dont il resta toujours membre sans interruption. Membre du CERES, il le quitta en 1975, après le congrès de Pau du PS, lorsque le CERES abandonna son soutien à la tendance UID dans le SNES pour créer un courant de pensée éphémère, “Unité et Rénovation“. Il fit alors partie du courant Mitterrandiste. Il se rapprocha, à partir de 1984, de Laurent Fabius avec lequel il entretint des relations régulières pendant vingt ans. Il rompit avec ce dernier en 2004 lorsque celui-ci appela à voter “non“ au projet de traité constitutionnel pour l’Union européenne. Il contribua à des numéros spéciaux de la revue Recherche socialiste consacrés à la Fonction publique en 2001 et à l’école en 2003.
A partir de 2003, sa carrière syndicale terminée, il prit des responsabilités dans la fédération du Var du PS (Conseil fédéral, bureau fédéral, secrétaire fédéral en charge des services publics). Il participa alors activement à la campagne pour l’adhésion de la France au projet de traité constitutionnel et soutint la motion de François Hollande au congrès du PS de 2005.
Tout en exerçant ses responsabilités à Paris, Jean-Paul Roux continuait à résider et à être électeur dans le Var. Depuis 2002, il habitait à La Seyne.
Par Jacques Girault
ŒUVRES : A ses articles dans la presse syndicale évoqués ci-dessus, ajoutons la publication des exposés présentés dans le cadre du séminaire sur l’histoire du syndicalisme enseignant et universitaire (Centre fédéral FEN puis centre Aigueperse-UNSA-Education-Centre de recherches d’histoire des mouvements sociaux et du syndicalisme-Paris I) : « Aux origines de l’UNSA » (7 janvier 2004, site du centre Henri Aigueperse/UNSA Education). — « Le secteur Revendications de la FEN » (1983-1995), (23 mars 2005), Cahiers du Centre fédéral, Sudel, avril 2007. — « De la FEN à l’UNSA éducation (1997-2002) » (4 juin 2008) (site du Centre Henri Aigueperse/UNSA Éducation).
SOURCES : Centre Henri Aigueperse-UNSA éducation. — Renseignements fournis par l’intéressé.