ROUXIN Jeannine [née BEAUMATIN Françoise, Louise, dite]

Par Gérard Boëldieu, Jacques Girault

Née le 31 janvier 1929 à Paris (XXe arr.) ; institutrice puis professeur d’enseignement général de collège dans la Sarthe ; militante syndicaliste du SNI ; secrétaire de la fédération de la Sarthe du Parti communiste français ; exclue du PCF en 1989 ; adjointe au maire du Mans de 1977 à 1995.

Délégués sarthois au XIXe congrès du PCF in Robert Jarry, op. cit., tome 2, p. 282.
Délégués sarthois au XIXe congrès du PCF in Robert Jarry, op. cit., tome 2, p. 282.
De droite à gauche, RobertJarry, Jeannine Rouxin, Jeanine Haudebourg, Raymond Philippe.

Fille d’Anne, Marguerite Beaumatin, née le 6 avril 1905 à Massignac (Charente), qui avait neuf frères et sœurs, alors sans profession, qui habitait Pont-sur-Yonne (Yonne), Françoise Beaumatin, que ses proches prénommèrent toujours Jeannine, élevée par sa mère, passa sa prime enfance près de Coutras (Gironde). Dans ses notices biographiques pour le PCF, remplies en 1953 et en 1954, elle indiquait que son père, artisan, était décédé.

À partir de 1935, elle vécut à Dinard (Ille-et-Vilaine) où sa mère, tricoteuse à domicile, milita au Parti communiste (secrétaire de section avant 1939). Pendant l’Occupation, cette appartenance politique et des liens avec des résistants causèrent son arrestation à Dinan par la police française le 16 août 1943. Après un interrogatoire au commissariat de Dinard, où elle resta une semaine, Marguerite Beaumatin fut internée à Monts, près de Tours, puis dirigée vers la prison de la Pierre-Levée à Poitiers d’où elle s’évada le 11 ou le 20 mai 1944 (selon les sources) sous le nom de Jeanne Le Cam, en compagnie de l’institutrice Marie Le Fur, sans doute, comme cette dernière, en accord avec le Parti communiste. Elle rejoignit ses deux filles cachées, sous une fausse identité, à Camors (Morbihan). Jeanine Beaumartin, sous le pseudonyme, « Anne Marie Jeannine Faurisson », assura la liaison entre la direction communiste clandestine et sa mère. Revenue en Ille-et-Vilaine, secrétaire départementale de l’Union des femmes françaises à la Libération, sa mère mourut d’une congestion cérébrale le 8 avril 1946 à Dinard, en pleine séance de cinéma organisée par l’UFF au bénéfice de “la croisade de l’air pur”.

Au cours complémentaire de Dinard, Jeannine Beaumatin prépara le concours d’entrée à l’École normale d’institutrices de Rennes qu’elle réussit en 1945 (major de sa promotion). Son professeur de français, Lucette Mussat, militante communiste, comme son mari, André Mussat, futur professeur d’histoire de l’art à l’Université de Rennes, eut sur elle une grande influence, mais plus intellectuelle que politique. Après la mort de sa mère, Lucette et André Mussat furent ses correspondants. Jeannine Beaumatin adhéra au Mouvement des Jeunesses communistes à la Libération sans y prendre de responsabilités autre que la trésorerie du groupe de l’école normale.

Au cours de sa première année d’enseignement, comme institutrice à l’école maternelle annexe de son école normale, Jeannine Beaumatin épousa le 18 février 1950 à Colombes (Seine, Hauts-de-Seine) Pierre Rouxin (1923-1982), fils de militaire, né à Beyrouth, cheminot au Mans, résistant, communiste depuis 1943, militant cégétiste, neveu d’un ami de sa mère chez lequel il s’était caché pour échapper au Service du travail obligatoire, à Combourg. Son mari n’ayant aucune chance d’être muté à Rennes, elle sollicita et obtint un exeat pour la Sarthe. Membre du comité de la fédération à partir de 1956, il devint membre du secrétariat fédéral permanent en 1957.

Institutrice d’école maternelle à Sablé, à compter d’octobre 1950, elle fut la responsable locale du Mouvement de la Paix. En 1952, en pleine guerre d’Indochine, Jeannine et Pierre Rouxin figurèrent parmi les huit « militants de la paix » condamnés à une amende par le tribunal correctionnel de La Flèche, jugement confirmé par la Cour d’appel d’Angers, pour distribution de tracts sans nom d’imprimeur, incitant les parents d’élèves à ne pas envoyer leurs enfants à une exposition itinérante de matériel militaire avec invitation pour les jeunes à s’engager, recommandée par l’Inspection académique. Par la suite, elle fit partie du conseil départemental du Mouvement de la Paix.

Mutée au Mans à la rentrée scolaire de 1952, elle y poursuivit sa carrière d’enseignante jusqu’à sa retraite en 1978, successivement institutrice en école maternelle (4 ans), professeur de français et d’histoire-géographie aux collèges Véron-de-Forbonnais puis Albert-Camus, au Mans, après l’obtention du CAPCEG en 1956.

Adhérente de la FEN-CGT et du SNI depuis 1950, elle fut la secrétaire départementale de la FEN-CGT qu’elle quitta en janvier 1954 à la demande du PCF. Dans la section départementale du SNI, elle soutint la tendance « cégétiste » puis « Unité et Action ». Elle fit partie du bureau de la section départementale du SNI de 1959-1960 à 1967-1968. Le 14 juin 1965, ses collègues l’élurent au Conseil départemental de l’enseignement primaire (788 suffrages sur 835 votants). En 1970, elle ne siégeait plus dans cette instance.

Membre du PCF à partir de janvier 1952 à Sablé, secrétaire adjointe de sa cellule, elle suivit, en 1953, le stage pour les instituteurs communistes organisé par la direction du PCF. Proche de Robert Jarry, premier secrétaire fédéral de 1949 à 1977, très active, elle devint rapidement une des figures marquantes de la fédération de la Sarthe. Membre du bureau puis secrétaire de l’importante section de Pontlieue, au Mans en 1960, elle entra dans la commission fédérale de contrôle financier en 1953, fut intégrée dans le comité fédéral en 1954. Aux élections législatives de janvier 1956, elle figura en avant-dernière place sur la liste des cinq candidats communistes qui eut un élu (Robert Manceau). Membre du bureau fédéral à partir de 1957, elle devint membre du secrétariat fédéral de 1960 à 1962, responsable de l’organisation. Mais selon son témoignage, elle participa peu aux activités dirigeantes en raison de la naissance en 1963, de son troisième et dernier enfant. Elle fut seulement membre du bureau fédéral, responsable des femmes en 1962-1963, puis responsable de la page départementale de l’Humanité dimanche. Elle suivit l’école d’un mois du PCF en 1966 et revint à nouveau au secrétariat fédéral, la même année, responsable de la propagande et y resta jusqu’en 1974. Redevenue membre du seul bureau fédéral, elle fut réélue pour peu de temps au secrétariat fédéral en 1977. Elle le quitta ainsi que le bureau fédéral en raison de son élection au conseil municipal du Mans. Elle fut réélue au bureau fédéral en 1982 et ne fut pas reconduite en 1985 au comité fédéral en raison de désaccords. Elle assuma pendant cette période la rédaction en chef de l’hebdomadaire de la fédération, Sarthe-Nouvelle et la direction d’écoles fédérales,. En 1970, lle fut au nombre des délégués sarthois au XIXe congrès du PCF.

Déjà candidate en 1953, 1965 et en 1971, en 1977, Jeannine Rouxin entra au conseil municipal du Mans, consécutivement au succès, au second tour, de la liste d’union de la gauche conduite par Robert Jarry. Elle exerça trois mandats successifs d’adjointe chargée des relations publiques, les deux premiers (de 1977 à 1989) en tant qu’élue communiste. Au renouvellement de 1989, elle fut exclue du PCF comme les communistes restés aux côtés de Robert Jarry en conflit avec la direction nationale du PCF. Comme lui réélue, elle contribua à la création du groupe de la Gauche progressiste, auquel Jarry n’appartint pas, dont l’influence ne dépassa guère les limites de la Sarthe.

Jeannine Rouxin œuvra, en lien avec l’Office de tourisme et le Palais des Congrès et de la Culture ouvert en 1982, pour la promotion de la ville afin d’effacer sa réputation de “gros bourg”. Très active dans la politique des jumelages, elle favorisa celui avec Haouza, campement de réfugiés sahraouis installé près de Tindouf en Algérie. Pour animer le Vieux-Mans en été, elle joua un rôle décisif dans la création les “Cénomanies”. Cette manifestation festive avec défilés costumés d’initiatives populaires et spectacles de rues sur un thème historique en rapport avec le cadre de ce quartier ne perdura pas.

La non-candidature de Jeannine Rouxin aux élections municipales de 1995 signifia son retrait de la vie publique. Dès lors, en simple militante, tout en continuant à participer aux initiatives en faveur des enfants de Haouza, elle rejoignit « Femmes solidaires ».

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article171193, notice ROUXIN Jeannine [née BEAUMATIN Françoise, Louise, dite] par Gérard Boëldieu, Jacques Girault, version mise en ligne le 2 mars 2015, dernière modification le 25 août 2022.

Par Gérard Boëldieu, Jacques Girault

Délégués sarthois au XIXe congrès du PCF in Robert Jarry, op. cit., tome 2, p. 282.
Délégués sarthois au XIXe congrès du PCF in Robert Jarry, op. cit., tome 2, p. 282.
De droite à gauche, RobertJarry, Jeannine Rouxin, Jeanine Haudebourg, Raymond Philippe.
Jeannine Rouxin dans les années 1980.
Jeannine Rouxin dans les années 1980.

ŒUVRES : Participation à l’ouvrage de Robert Jarry, Les communistes au cœur des luttes des travailleurs sarthois, Le Mans, 2 tomes, 1970. — Direction de La vie quotidienne des Sarthois de 1939 à 1945, Le Mans, 1986 (Catalogue illustré de l’exposition organisée sous l’égide de la municipalité du Mans lors du quarantième anniversaire de la Libération).

SOURCES : Archives du comité national du PCF. — Robert Jarry, op.cit. — Presse locale. — L’Aurore sarthoise 11-17 avril 1952, 16-22 mai 1952 (organe de la fédération sarthoise du PCF dans les années 1950). — Bulletin départemental de l’Enseignement primaire, octobre 1965. — Entretien de G. Boëldieu avec l’intéressée le 2 juillet 1998. — Notes de Jacques Girault.

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