ROY Pierre, Henri

Par Loïc Le Bars

Né le 23 août 1936 à Volvic (Puy-de-Dôme) ; professeur de lettres modernes ; militant trotskyste (OCI, PCI, Courant communiste internationaliste du Parti des travailleurs et du Parti ouvrier indépendant) ; militant du SNES ; membre de la CA du SNES au titre de l’École émancipée (1966-1967) puis de l’École émancipée-FUO (1969-1976) ; secrétaire des sections de la Loire du SNFOLC et de la FNEC-FO (1984-1997) ; président de la Fédération de la Loire de la Libre Pensée (1997) et de la Fédération des Associations des amis des monuments pacifistes, républicains et anticléricaux (1994-2008).

Pierre Roy
Pierre Roy

Pierre Roy, dont le père était employé comptable (chef de dépôt qui habitait avec son épouse à Montferrand, selon l’état civil de Volvic), fit ses études secondaires au lycée de Nevers (Nièvre). En 1955, il commença des études de lettres à la faculté de Dijon (Côte d’Or) tout en étant surveillant d’internat. Il milita à l’Union nationale des étudiants de France (UNEF) de cette ville et adhéra au Parti communiste français au début de l’année 1956 mais en démissionna, avec la plupart des membres de sa cellule étudiante, en décembre après l’écrasement de la révolution hongroise. Ayant eu l’occasion de discuter pendant l’été avec deux militants du Parti communiste internationaliste, Pierre Broué et Daniel Renard, il rejoignit cette organisation trotskyste dont le dirigeant le plus connu était Pierre Lambert. Le 10 février 1957, il intervint, an nom « d’un groupe de jeunes militants » ayant rompu « avec le PCF au moment de la Révolution hongroise », à une réunion publique du « Comité de liaison et d’action pour la démocratie ouvrière » (CLADO), fondé l’année précédente et qui regroupait des trotskystes et des anarchistes ainsi que des personnalités telles que Marceau Pivert, Paul Ruff* ou Edgar Morin. Dans son intervention, Pierre Roy demandait notamment que ce comité se dotât d’un organe, ce qui fut fait quelques mois plus tard sous la forme d’un mensuel intitulé La Commune. Il collabora à ce journal et participa aux activités du CLADO jusqu’à sa disparition en 1965. Ce fut au compte du PCI, devenu en octobre 1958 le groupe de La Vérité, qui ne regroupait plus alors qu’une soixantaine d’adhérents, qu’il milita au Parti socialiste autonome à la fin des années 1950, puis, pour peu de temps, au Parti socialiste unifié.

En 1958, Pierre Roy fut admis sur titre en sa qualité de surveillant à l’IPES de lettres de Paris où il termina sa licence de lettres. La même année, il épousa Danielle Dorey, une étudiante qui elle aussi était surveillante et qui partagea ses engagements politique et syndical. Devenue professeur de LEP, elle milita au SNTAA puis au SNFOLC et adhéra à l’OCI.

À Paris, Pierre Roy continua à intervenir dans l’UNEF et participa à la création du Comité de liaison des étudiants révolutionnaires (CLER) animé par des militants trotskystes et qui, en avril 1968, devint la Fédération des étudiants révolutionnaires (FER). Il commença aussi à intervenir dans le SNES en tant que militant de l’École émancipée à la revue de laquelle il collabora régulièrement. Il représenta sa tendance à la commission administrative de la Fédération de l’Éducation nationale, en tant que membre suppléant, de 1965 à 1968, et à celle du SNES pour l’année 1966-1967.

Après avoir obtenu en 1962 un diplôme d’études supérieures portant sur « Le caractère de l’absurde dans l’œuvre d’Alfred Jarry », Pierre Roy fut reçu au CAPES de lettres modernes et nommé au lycée Victor Grignard de Cherbourg (Manche) en octobre 1967. En octobre 1967, muté à Saint-Étienne (Loire), il enseigna successivement aux lycées Claude Fauriel et d’Alembert.

En janvier 1969, il fit paraître dans l’organe du SNES, L’Université syndicaliste, une « tribune libre » contre la participation aux commissions « cogestionnaires » mises en place par Edgar Faure, ministre de l’Education nationale, après la grève générale de mai-juin 1968. Exclu de l’École émancipée comme les autres militants et sympathisants de l’Organisation communiste internationaliste, qui avait succédé au groupe trotskyste éditant La Vérité, Pierre Roy contribua à la constitution de « l’École émancipée pour le Front unique ouvrier ». Il fut l’un des trois représentants de cette tendance élus en mai 1969 à la CA du SNES et devint le suppléant de Jean-Jacques Marie au bureau national. En octobre 1970, il intervint pour demander l’organisation d’une « conférence nationale de défense des IPES » dont le gouvernement de l’époque avait annoncé la suppression de la première année en lien avec son projet d’Instituts techniques de formation pédagogiques, mais cette proposition ne fut pas retenue par la CA qui préféra préparer avec le SNESup, le SNPEN et le SNEP des assises nationales sur la formation et le recrutement des maîtres. Réélu à cette instance jusqu’en juin 1975, il participa à la plupart des congrès du SNES des années 1970 et y défendit les positions de sa tendance : « le relèvement de tous les salaires par une indemnité uniforme égale pour tous » en 1971, nécessité de « lutter pour les conditions préalables à toute formulation correcte et à toute approche de solution des problèmes pédagogiques » (25 élèves par classe, nationalisation laïque de l’enseignement, défense et renforcement des garanties statutaires...). En 1972-1973, l’EE-FUO s’opposa au soutien par le SNES du programme commun de gouvernement de la gauche, approuvé par des « représentants de la bourgeoisie », pour préserver « l’indépendance et l’unité » de l’organisation syndicale. Pierre Roy participa également à la plupart des congrès de la FEN notamment à celui de 1976, où il présenta la motion d’orientation de sa tendance.

Pierre Roy continua à militer activement au sein de l’OCI dont il fut le candidat dans la deuxième circonscription (Saint-Étienne-Sud) aux élections législatives de 1973 et obtint 365 voix. Il prit part à presque tous les congrès de cette organisation qui devint le Parti communiste internationaliste (PCI) en 1981 puis le Courant communiste internationaliste du Parti des travailleurs (PT) (1992) et du Parti ouvrier internationaliste (POI) (2008). Il collabora de façon occasionnelle à son organe La Vérité et à Informations ouvrières, tribune libre de la lutte des classes. Aux élections européennes de 1989, il figura sur la liste « Pour l’Europe des travailleurs et de la démocratie » présentée par le Mouvement pour un parti des travailleurs. Cette liste, emmenée par Marc Gauquelin, obtint 0,60 % des suffrages exprimés.

En mai 1984, lors d’une conférence nationale d’« Indépendance syndicale et laïcité », la tendance qui, dans la FEN, avait succédé au FUO, il se prononça, comme la majorité de ses camarades en faveur de l’adhésion à la CGT-FO, estimant que l’autonomie du syndicalisme enseignant et son mode de fonctionnement n’avaient plus leur raison d’être. Il devint alors secrétaire départemental du SNLC-FO et de la FNEC-FO, fonctions qu’il exerça jusqu’en 1997.

Pierre Roy prit sa retraite en 1996. Il se consacra alors essentiellement à la Fédération de la Loire de la Libre Pensée à laquelle il avait adhéré en 1976 et dont il devint le président. Dans ce cadre, il s’intéressa particulièrement aux monuments aux morts pacifistes. Avec son épouse, il fut à l’initiative au début des années 1990 de la fondation de l’Association laïque des amis des monuments pacifistes de Saint-Martin-d’Estreaux et du département de la Loire, puis, en 1994, il prit part à la fondation de la Fédération nationale laïque des Associations des amis des monuments pacifistes, républicains et anticléricaux qu’il présida à partir de 2008, succédant ainsi à Christian Eyschen. Pierre et Danielle Roy écrivirent deux ouvrages consacrés à ces monuments qui, avec la réhabilitation des fusillés pour l’exemple de la Première Guerre mondiale, la défense de la laïcité, la présentation de grandes figures des Lumières du XVIIIe siècle, furent les principaux thèmes des nombreuses conférences qu’il prononça au compte de la Libre Pensée. Il écrivit aussi deux biographies, l’une consacrée à Pierre Brizon, parlementaire socialiste devenu un opposant résolu à la Première Guerre mondiale, l’autre tirant de l’oubli la figure de Noël Pointe, un ouvrier armurier stéphanois acteur de la Révolution Française.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article171204, notice ROY Pierre, Henri par Loïc Le Bars, version mise en ligne le 2 mars 2015, dernière modification le 27 juillet 2022.

Par Loïc Le Bars

Pierre Roy
Pierre Roy

Œuvre : Pierre Brizon, Pacifiste, Député socialiste de l’Allier, pèlerin de Kienthal, Nonette (63), Editions Créer, 2004. - Autour des monuments pacifistes en France, Suresnes, Fédération nationale laïque des Associations des amis des monuments pacifiste, républicains et anticléricaux, 1999, réédition enrichie en 2006 (avec Danielle Roy). - Autour de quelques grandes figures de la pensée libre en France, Suresnes, Fédération nationale laïque des Associations des amis des monuments pacifistes, républicains et anticléricaux, 2001 (ouvrage collectif coordonné par Nicole Bossut, Danielle et Pierre Roy). - Maudite soit la guerre et ses auteurs : Saint-Martin d’Estreaux, Loire : les inscriptions pacifistes contemporaines du monument aux morts érigé en 1922 et leur initiateur Pierre Monot, maire de la commune : l’activité pacifiste laïque internationale d’aujourd’hui, Suresnes, Fédération nationale des Associations des amis des monuments pacifistes, républicains et anticléricaux, 2005 (avec Danielle Roy). - La revanche du parti noir. La lente mise à mort de l’école publique, Angoulême, Editions Castor, 2011 (avec Michel Eliard et Michel Godicheau). - Noël Pointe. Un conventionnel stéphanois député à la Convention, Nonette (Puy-de-Dôme), Editions Créer, 2012.

SOURCES : Renseignements fournis par l’intéressé. — L’Université syndicaliste — La Vérité —L’Ecole émancipée-Front unique ouvrier. — Jean Hentzgen, Du trotskysme à la social-démocratie : le courant lambertiste en France jusqu’en 1963, thèse, université de Normandie, 2019. — .Notes d’Alain Dalançon et de Jacques Girault.

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