BOUVET Marius [BOUVET John, Marius]

Par Michel Germain, Annie Pennetier

Né le 31 mai 1902 à Margencel (Haute-Savoie), fusillé le 26 février 1944 à Thonon-les-Bains (Haute-Savoie) par les Groupes mobiles de réserve (GMR) suite à une condamnation à mort ; artisan boulanger ; militant communiste ; résistant FTPF.

John Marius Bouvet était le fils de Amédée Bouvet (né en 1862 à Habère-Lullin, Haute-Savoie), boulanger et Jeannette Chrétien (née en 1866 à Margencel). Il était le cadet d’une fratrie de neuf enfants. Son père, maire de la commune, fit graver sur la tombe de son fils Adophe, tué sur le front en 1914, le mot le sigle GALG pour « Guerre à la guerre », mot d’ordre de Jean Jaurès. Marius Bouvet se maria le 20 juin 1925 à Lyon 6e arr. avec Franceline, Geneviève Plassat (née le 6 avril 1902 à Anthy, Haute-Savoie), issue d’une famille de pêcheur du lac Léman ; le couple avait trois enfants. Après avoir travaillé à Lyon, il revint à Margencel où il retrouva son métier de boulanger et acheta en octobre 1943 la boulangerie de ses parents.
Militant communiste, Marius Bouvet avait été un actif soutien aux républicains espagnols. Après l’interdiction du Parti communiste le 26 septembre 1939, il réorganisa le mouvement communiste dans le Chablais.
En 1941, avec l’aide de sa femme Geneviève Plassat, il cacha le couple Wascher (Rodolphe et Maria, et leurs enfants), résistants communistes allemands recherchés, puis il hébergea le responsable FTP du sous-secteur Émile Cochard, et les jeunes nantais FTP les frères Paul et Pierre Benest. Il s’occupait également des réfractaires au STO.
Il devint l’adjoint de Maurice Flandin-Granget, chef de bataillon FTPF en Savoie. Marius Bouvet organisa des réceptions de parachutages avec Alexandre Néplaz et participa, le 1er octobre 1943, à l’attaque d’un train allemand à Margencel. Il organisa le passage en Suisse de Jean et Paulette Peccoud, résistants du réseau Buckmaster. Il servait de boîte aux lettres aux réseaux Gilbert par l’intermédiaire d’André Allombert.
Marius Bouvet fut arrêté par la Milice, avec son ouvrier boulanger, André Grépillat, le 9 février 1944 alors qu’ils étaient en route pour attaquer le repaire milicien de la Grange Allard, à Allinges. Ramenés avec brutalité à sa boulangerie, les miliciens s’emparèrent de la voiture de Marius, une Ford, qu’ils utilisèrent pour transporter leurs captifs à la Grange Allard et les y torturer, puis pour tromper les résistants et les arrêter dans les quatre jours suivants. Transférés à l’Intendance à Annecy (siège de la Section anticommuniste) par la Milice, torturés, ils furent ramenés au Savoie-Léman, à Thonon-les-Bains, école hôtelière utilisée comme lieu d’internement de la Milice et des GMR depuis février 1944. Ils furent condamnés à mort par la cour martiale qui se tint le 25 février 1944, à Thonon, Un septième, Maurice Flandin-Granget était mort sous la torture. Le lendemain à l’aube, ils furent passés par les armes, par un peloton de Groupe mobile de réserve (GMR), dans la cour de l’École hôtelière.

Leurs noms sont inscrits sur la plaque commémorative des sept fusillés de Thonon et sur le monument aux morts : Ange Angeli, Marius Bouvet, Jean Genoud, André Grépillat, Jean Tallieu, René Trolliet et Maurice Flandin-Granget. Le nom de Marius Bouvet figure également sur le monument aux morts de Margencel.
Reconnu Mort pour la France, Marius Bouvet a été homologué sous-lieutenant FFI et interné-résistant.

Sa fille, Jacqueline Néplaz-Bouvet, est une militante communiste, militante de la mémoire de la Résistance et de la déportation, présidente départementale de la Fondation pour la mémoire de la déportation.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article171249, notice BOUVET Marius [BOUVET John, Marius] par Michel Germain, Annie Pennetier, version mise en ligne le 5 mars 2015, dernière modification le 27 septembre 2021.

Par Michel Germain, Annie Pennetier

SOURCES : SHD, Vincennes, GR 16 P 85286 (nc). — AVCC, Caen, AC 21 P 716216 (nc). — AERI-Haute-Savoie, Fonds Michel Germain. – Michel Germain, Haute-Savoie rebelle et martyre, Mémorial de la Seconde guerre mondiale en Haute-Savoie, La Fontaine de Siloé, 2009. — Témoignage de Jacqueline Bouvet-Néplaz. — Mémorial GenWeb.

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