BONAFEDI Charles, Toussaint

Né le 10 juillet 1925 à Petreto-Bicchisano (Pitretu Bicchisgià, Corse, auj. Corse-du-Sud), mort au combat le 2 mars 1945 près de Primskovo (Yougoslavie ; auj. Slovénie) ; militant communiste corse ; résistant, déporté, évadé, engagé dans l’armée yougoslave.

Membre des Jeunesses communistes corses, Charles Bonafedi participa à la Résistance en Corse. Son premier acte de résistance consista, en mai 1943, à distribuer une cinquantaine d’exemplaire de l’Appel au peuple corse destiné à susciter l’esprit de résistance dans l’île.

Arrêté par les Italiens le 6 juillet 1943 à Petreto-Bicchisano, avec trente-sept autres résistants, Charles Bonafedi fut déporté à l’île d’Elbe, transféré vers le Reich comme les autres internés après la capitulation italienne, au camp de Wolsberg (Autriche). Il réussit à s’évader et rejoignit alors les troupes de Tito. Il s’en expliqua dans une lettre à ses parents en date du 25 août 1944 :

« Mes très chers parents,
« Je vous écris à tout hasard car je ne sais si ma lettre vous parviendra. Enfin, vous saurez qu’avant de partir j’ai pensé à vous.
« Demain à une heure de l’après-midi, je pars… Ici une ressource s’offre à moi : ne pouvant combattre aux côtés des Français, je vais rejoindre les patriotes slaves.
« Si vous restez longtemps sans nouvelle de moi ne désespérez pas car s’il m’arrivait malheur vous seriez prévenus : mais si cela arrivait ne me pleurez pas, je serais mort en tâchant de faire mon devoir.
J’ai vu, Papa, les sacrifices que tu as consentis pour m’envoyer à l’école.
« Si je vais combattre c’est pour que d’autres papas n’aient pas besoin de se saigner pour élever leurs enfants. C’est pour que tout le monde travaille dans un monde de paix et de prospérité. Si je tombe, d’autres resteront et finiront notre œuvre.
« Maman, ne te fais pas de mauvais sang. Ton fils, vois-tu, va lutter pour que les futures mamans n’aient plus peur pour leur gosse. Sois courageuse comme j’essaie de l’être en ce moment : je ne veux pas pleurer, non, c’est mon devoir que je vais faire.
« Paulo, toi mon frère, n’abandonne pas papa et maman. Console maman surtout. Tâche de lui faire comprendre que je devais faire cela.
Embrasse tous nos parents et saluez tous les camarades et les voisins.
« J’ai le ferme espoir de retourner et alors nous pourrons faire la fête.
Courage à tous ! […] »

Charles Bonafedi fut tué au combat le 2 mars 1945 dans les rangs de l’armée yougoslave. Il fut inhumé dans le cimetière de Radohova Va (Slovénie).

Il fut décoré de la médaille yougoslave du Courage. À titre posthume, il reçut la médaille de la Résistance (décret du 29 novembre 1946, publié au JO du 8 décembre 1946), le titre de combattant volontaire de la Résistance. Homologué comme membre des Forces françaises de l’intérieur (GR 16 P 69546), il aurait reçu le grade d’aspirant au titre du Front national de la Résistance (mention non retrouvée).

Une place d’Aiaccio porte son nom, qui figure aussi sur le monument aux morts de Petreto-Bicchisano, celui de Bastia, sur la plaque commémorative dédiée aux Maîtres de l’enseignement primaire morts pour la patrie, située dans l’École normale de la ville d’Aiaccio, et sur le Livre d’or de la Résistance de Sartène.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article17125, notice BONAFEDI Charles, Toussaint, version mise en ligne le 20 octobre 2008, dernière modification le 15 juillet 2021.

SOURCES : SHD Vincennes (GR 16 P 69546), Arch. André Marty, E VIII. — Notice biographique de Charles Bonafedi par Jean-Baptiste Fusella, Le Petit bastiais.— Hélène Chaubin La Résistance en Corse AERI. — Sites Internet : Les Corses morts pendant la deuxième guerre mondiale ; Mémorial GenWeb ; Mémoire des hommes.

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