TREPPO Raymond [TREPPO Guerrino, dit Raymond], pseudonyme Bernadet Augustin

Par Robert Kosmann

Né le 25 septembre 1922 à Tarvisio (Italie), mort le 17 février 2013 à Saint Denis (Seine-Saint-Denis) ; ouvrier mineur ; militant communiste, responsable du PCF chez Renault à Billancourt, membre du comité central (1970-1979) ; secrétaire départemental (1948-1954) puis national (1954-1959) de France-URSS.

Son père, Adamo Treppo, ouvrier chaufournier et semi paysan dans le Frioul (Italie) vint s’installer en France, dans le Dauphiné, près de Grenoble au début des années 1920 et travailla comme ouvrier mineur dans les mines de charbon de l’Isère. Guerrino, avec sa mère Irma, le rejoignit en 1926. Irma Treppo, qui, en Italie, travaillait dans la ferme familiale avant de se marier, se fit embaucher à la mine de La Mure (Isère), à 40 km de Grenoble, comme « grilleuse » (tri du charbon) jusqu’en 1931. Guerrino Treppo obtint son Certificat d’études primaires à treize ans avant d’effectuer une année de cours complémentaire. À l’issue de sa scolarité, il fut embauché comme vacher puis apprenti menuisier avant de rentrer également à la mine à dix-huit ans, en 1940. La famille s’était alors agrandie de deux sœurs Armeline (1926) et Mafalda (1931).
Sous l’influence d’un de ses camarades, en juin 1943, Guerrino Treppo adhéra aux Jeunesses communistes et au PCF clandestins, en même temps qu’il entra dans la Résistance FTPF, contribuant à la diffusion de tracts et journaux clandestins. En juin 1944, il rejoignit le 1er bataillon des FFI, sous le nom d’Augustin Bernadet, puis fut intégré au 6ème bataillon de Chasseurs alpins à Grenoble. Il fut démobilisé le 28 février 1945.
Cette même année, il fut nommé secrétaire du cercle local des JC. Il rencontra Annie, déjà mère de deux enfants (Jean 6 ans, et Louis José 4 ans) et s’installa en couple avec elle. Ils eurent ensemble une fille, Danielle, née au début 1948, et se marièrent en 1950. Annie faisait partie du bureau fédéral du PCF de l’Isère et fut déléguée au XIe congrès du PCF (Strasbourg, juin 1947) ; elle fut ensuite secrétaire départementale de l’Union des femmes françaises puis intégra la direction nationale de l’UFF.
Afin de pouvoir militer sans crainte de la répression autant que par conviction, Guerrino Treppo demanda la nationalité française, qu’il obtint le 10 septembre 1947. Il travailla alors dans divers métiers : employé de la sécurité sociale, métallo, homme à tout faire dans un journal local. En 1948, il devint membre du comité fédéral de l’Isère du PCF et permanent, comme secrétaire départemental de France-URSS. Il fit partie, à ce titre, de la première délégation en URSS de l’association après guerre, en 1949, aux côtés de Frédéric Joliot-Curie, Jean Effel, Marcel Prenant, Louis Daquin et Fernand Grenier.
Dans ce nouveau milieu, son prénom « ne sonnait pas bien » ; on lui attribua alors le prénom de Raymond, avec son consentement. Il resta à la tête de l’association départementale d’amitié avec l’Union soviétique jusqu’en 1954 puis en devint le secrétaire général, jusqu’en 1959. Il déménagea avec sa famille pour s’établir à Saint- Denis. Il suivit l’école centrale de quatre mois du PCF au début 1956 au cours de laquelle il découvrit dans Le Monde le rapport Khrouchtchev qui fut pour lui « un choc, une grande émotion ». En 1959, au congrès de France-URSS, dans une volonté d’élargissement des personnalités de l’association, Raymond Guyot informa Raymond Treppo qu’il ne serait pas réélu secrétaire général, nouvelle qu’il accueillit avec « une grande incompréhension, aucune explication ne lui ayant été fournie ». Il resta toutefois quelques temps pour préparer la venue de Nikita Khrouchtchev à Paris.
À partir de 1960, Raymond Treppo fut envoyé comme instructeur du comité central du PCF dans différentes fédérations de province pour impulser le renforcement des adhésions. À ce titre, il passa dix années, de 1965 à 1975, chez Renault à Billancourt où il permit au PCF de tripler ses effectifs. Bien que ne faisant pas partie du personnel de l’entreprise il put, grâce à une fausse carte du Comité d’entreprise et avec une certaine complaisance de la maîtrise, passer sur les chaines de production pour être au contact des ouvriers spécialisés qu’il voulait faire adhérer. Il coupla les remises de cartes CGT avec celles du PCF en les organisant le même jour. Le nombre d’adhérents de l’usine passa de 700 adhérents sur Boulogne Billancourt à 2 000 au milieu des années 1970. Raymond Treppo signa une brochure en 1967, réalisée avec le concours de la section du PCF sur la question des nationalisations à partir de l’exemple de Renault. En 1966, il intégra le comité de la fédération PCF des Hauts-de-Seine, puis son bureau en 1968. Il y siégea jusqu’en 1976. À cette date, n’ayant plus ses principales responsabilités sur le territoire de la fédération, il ne fut pas réélu.
En février 1970, Raymond Treppo fut élu au comité central du PCF, comme suppléant. Ses interventions dans cette structure revinrent souvent sur la nécessité et l’importance du travail communiste dans l’entreprise. Après son départ de Billancourt, il continua son activité de « sergent-recruteur », selon ses propres termes, dans de nombreuses entreprises de la région parisienne (RATP, Cheminots, Alsthom, NMPP, La Poste). Il demanda à quitter le comité central en 1979, pour favoriser la promotion des jeunes militants.
Avec son épouse, il soutint les directions successives de son parti. Il publia un livre de ses souvenirs en 2006 « La chance de ma vie » en forme d’autobiographie. En 2012, il restait un adhérent actif du PCF dans une section de la RATP à Saint-Denis, également membre du Secours Populaire, de l’ANACR, des vétérans du PCF, de l’Amicale des fusillés de Châteaubriant et des Amis de l’Humanité. a

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article171273, notice TREPPO Raymond [TREPPO Guerrino, dit Raymond], pseudonyme Bernadet Augustin par Robert Kosmann, version mise en ligne le 24 mars 2015, dernière modification le 27 octobre 2022.

Par Robert Kosmann

ŒUVRE : L’expérience de la Régie Renault. Le Parti communiste et le problème des nationalisations, brochure imprimé par le PCF, 1967. ─ La chance de ma vie, Raymond Treppo, Publibook, 2006.

SOURCES : Arch. PCF. ─ Entretien et correspondance avec Raymond et Annie Treppo, mars 2012.

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