JAGOREL Gérard

Par Robert Kosmann

Né le 20 février 1956 à Paris (XIe arr.) ; fraiseur aléseur puis photograveur ; syndicaliste CGT, délégué CHSCT chez Renault (1980-1988), délégué du personnel au syndicat du livre (2000-2014) ; militant communiste (1974-2000), secrétaire permanent de la section PCF de Gennevilliers (Hauts-de-Seine) (1991-1997).

Le père de Gérard Jagorel, Gilbert Gaborel, fut chauffeur de chaudières puis monteur d’antennes. Son épouse Liliane, née Lepagnol, travailla comme vendeuse en magasin puis devint cuisinière. Les parents de Gérard Jagorel étaient tous deux militants du PCF : Gilbert Jagorel était un militant des Comités de diffusion du journal l’Humanité et Liliane Jagorel vendait Heures Claires, le journal de l’Union des femmes françaises. Gérard Jagorel naquit à la clinique des Bluets, fondée par les métallurgistes CGT. Il suivit l’école élémentaire à Paris (XIXe arr.) et obtint son CEP en 1969. Élève à l’école professionnelle de la rue Potain (XIXe arr.), il obtint un CAP de fraiseur en juin 1973 et fut embauché chez Renault à Billancourt en septembre 1973 comme JFOP (Jeune en formation d’ouvrier professionnel) au département 70.41 où il effectua toute sa carrière chez Renaul, comme aléseur sur commandes numériques : P1 en 1973, il devint P2 en 1976, P3 en 1978 et technicien d’atelier en 1981.
Le département 70 était un des départements où le PCF était le plus implanté à Billancourt. Sous l’influence de Daniel Lacroix, Gérard Jagorel estima « naturel et indispensable » de se syndiquer à la CGT et de prendre sa carte au PCF, ce qu’il fit en 1974. Après avoir suivi une école de formation fédérale du PCF, à Billancourt en 1978, il effectua l’école centrale d’un mois à Choisy-le-Roi, au début des années 1980. Il entra alors au bureau de section et devint secrétaire de la section PCF de Renault Billancourt (1985-1989). En parallèle, il fut délégué hygiène et sécurité sur une liste CGT (1980-1988). Il quitta le PCF en 2000 en désaccord avec la politique de son secrétaire général Robert Hue qui supprimait les cellules d’entreprises et de quartiers.
Sa carrière professionnelle fut interrompue en septembre 1986 par son licenciement à la suite de l’affaire dite des « Dix de Billancourt » dont il fit partie. L’affaire commença par le tournant pris par le PDG de l’époque, Georges Besse, qui lança une vague de licenciements qui préfigurait la fermeture définitive de l’usine de Billancourt. 2 000 salariés quittèrent l’usine en 1986, constituant les premiers licenciements « secs », sans reclassements. Le PDG prononça 685 suppressions d’emplois dont celles de 26 délégués. Gérard Jagorel fut accusé d’avoir brutalisé un gardien. Licencié à ce titre il rejoignit le groupe des « dix de Billancourt » parmi lesquels Jean-Pierre Quilgars* dont il était proche. La CGT et le PCF menèrent, seuls en tant qu’organisations, une vive campagne pour leur réintégration pendant trois années. Malgré un soutien militant associé à de très nombreuses manifestations et accompagné de la publication de l’ouvrage La machination, la campagne ne déboucha pas sur une mobilisation de masse dans l’usine. Dans cette période, Gérard Jagorel fut licencié une première fois en février 1988 puis réintégré dans un premier temps sur décision du ministre du Travail Jean-Pierre Soisson puis à nouveau licencié définitif en août 1989. À la suite d’une bataille juridique de 42 mois, conclue par la décision de la Cour d’appel de Versailles puis de la Cour de cassation (décembre 1989), les dix délégués, dont Gérard Jagorel, ne furent pas réintégrés. Pendant les trois années 1987-1990 il vécut des indemnités de chômage et des collectes de solidarité.
En 1991, Gérard Jagorel fut reclassé comme permanent du PCF à Gennevilliers (1991-1998) puis suivit une formation de photograveur de presse en 1998 et fut embauché par l’intermédiaire du syndicat du livre à la société Offprint, imprimerie de la Presse quotidienne nationale (1998-1999) puis au journal l’Humanité à partir de février 2000. Il devint délégué du personnel en 2000 et réélu jusqu’en 2014. Sa retraite était prévue en 2016.
Sur le plan personnel, Gérard Jagorel se maria en octobre 2003 avec Yamina Slimani qui était secrétaire à la coordination CGT Renault. Il avait été auparavant père de trois enfants.
En 2014, Gérard Jagorel était toujours délégué du personnel CGT sur son lieu de travail et depuis une quinzaine d’années adhérent à la Confédération nationale du logement.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article171296, notice JAGOREL Gérard par Robert Kosmann, version mise en ligne le 2 mars 2016, dernière modification le 2 juillet 2022.

Par Robert Kosmann

SOURCES : Arch PPo. ─ Arch. PCF, section Renault. ─ Nombreux articles dans l’Humanité, entre 1986 et 1989. ─ Pierre Agudo, La machination, imprimerie CGT Renault, 1989. – Gilbert Hatry (dir.), Notices biographiques Renault, Paris, Éditions JCM, 1990. ─ Virginie Linhart, « Les dix de Renault Billancourt, les enjeux d’une mobilisation d’appareil », Revue Française de sciences politiques, 1992, vol. 42, n°3, pp. 375-401. ─ Géraldine Souloumiac, Visages d’une rupture morale ouvrière, Mémoire de maîtrise (Paris VIII), 1996. ─ Entretien avec Gérard Jagorel, mars 2014.

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