SCHWEIZER Patrick, Bernard [Pseudonyme : Loïc]

Par Robert Kosmann

Né le 6 janvier 1951 à Paris (XVIIe arr.) ; ajusteur mécanicien ; syndicaliste CGT, délégué du personnel (1983-2010) chez Renault à Billancourt ; militant trotskiste à la Ligue communiste, puis LCR, puis NPA (1969-2014) ; membre du Conseil national du MRAP (1990-1995).

Le père de Patrick Schweizer, Émile, était issu d’une famille alsacienne de neuf enfants. Il s’établit après la Seconde Guerre mondiale en région parisienne. Il épousa Jeannine, née Boudet, employée au Crédit Lyonnais et, après des emplois d’ouvrier, devint également employé comme caissier au Crédit Lyonnais. La famille quitta Paris en 1957 pour s’installer à Champigny-sur-Marne (Seine, Val-de-Marne) où Patrick Schweizer obtint le certificat d’études primaires et le BEPC en 1965. Il poursuivit ses études jusqu’en classe de terminale mais, largement déscolarisé en 1968, il n’obtint pas le baccalauréat. Cette année coïncida avec le mouvement de contestation de Mai-Juin. Patrick Schweizer fut alors proche de la Jeunesse communiste. Il fut militant de l’UNCAL (Union nationale des comités d’action lycéens) dans son établissement de Champigny. Ce fut également l’occasion de quitter, en fin d’année, le domicile familial ainsi que le lycée, dans une optique d’émancipation.

Une relation de ses parents travaillait comme employé chez Renault, où l’embauche était à l’époque très ouverte. Il fut recruté le 25 septembre 1969 comme OS à l’usine de Billancourt, au département 34 (câblage) où il resta six mois. Son niveau scolaire l’indiquait pour suivre une FPA d’ouvrier qualifié alors que la RNUR en manquait. Il effectua cette formation à l’école Renault durant six mois et obtint un diplôme d’ajusteur (CFPA) en 1970. Il fut alors muté comme mécanicien d’entretien dans l’Île Seguin, au département 77.70 aux travaux de dépannage et maintenance sur les chaines et ateliers (Départements 12 et 74). Il conserva cet emploi jusqu’à la fermeture de l’Île Seguin en 1992. En 1986 accusé faussement d’avoir participé à des saccages de bureaux, il fut licencié à titre conservatoire ; cette sanction fut transformée en 10 jours de mise à pied. Il échappa ensuite à deux plans de licenciements économiques (1987, 1991) alors que la direction Renault l’avait inscrit sur les listes mais fut empêchée par l’Inspection du travail qui interdit le licenciement de « salariés protégés » (délégué du personnel) lorsque la raison est autre qu’économique. Il fut reclassé comme technicien au service des méthodes, dans un service formation, puis ensuite muté au Centre technique de Rueil. Il fit mis en préretraite en juin 2009. Il fit valoir ses droits à la retraite définitive en février 2011.

Sur le plan politique, dans le cadre du lycée, en contact avec un militant trotskiste de la JCR (Jeunesse communiste révolutionnaire), il eut vite la conviction de l’absence de volonté du PCF de transformer la société française de manière révolutionnaire. À partir de cette époque et en arrivant chez Renault en 1969, Patrick Schweizer fut un militant actif de la Ligue communiste, puis de la Ligue communiste révolutionnaire et du Nouveau parti anticapitaliste. Il suivit dans ce cadre deux écoles ouvrières de formation à Dijon, en 1975 et 1980, au cours desquelles intervenaient Hubert Krivine, Daniel Bensaïd, André Fichaut et d’autres dirigeants de l’époque. Les thèmes abordés débutaient par l’initiation à l’économie marxiste et au matérialisme puis portaient sur la nature de l’État, la crise révolutionnaire, les révolutions espagnoles et russes, le « programme de transition » de Léon Trotski et l’histoire du mouvement ouvrier. Patrick Schweizer fut candidat sur la liste LCR aux élections européennes de 2002, puis tête de liste aux élections municipales de Nanterre (Hauts-de-Seine) en 2001 (4,49 % des suffrages) et à nouveau candidat aux élections législatives de 2002 dans la 4ème circonscription des Hauts-de-Seine (1 % des suffrages). En parallèle, il milita à partir de 1985 au MRAP (Mouvement contre le racisme et l’antisémitisme et pour la paix) de la ville de Boulogne (Hauts-de-Seine), dont il fut président de 1985 à 1998. Il fit partie du Conseil national de ce mouvement de 1990 à 1995. Durant toute cette période (1969-2014) il participa et s’impliqua dans l’ensemble des mouvements sociaux qui traversèrent la société.

Sur le plan syndical, Patrick Schweizer adhéra à la CGT en 1970. Il fut animateur de colonies de vacances et de camps d’adolescents avec le Comité d’entreprise Renault de 1973 à 1982. Il exerça des responsabilités dans sa section syndicale dès 1971. Son engagement politique à l’extrême gauche lui barra la route des responsabilités électives sur l’usine jusqu’en 1983 en raison de la prédominance du PCF chez Renault. À partir de 1983, il obtint un mandat de délégué du personnel qu’il conserva jusqu’ à son départ de l’entreprise en 2010. Il exerça également un mandat en CHSCT de 1990 à 1992 et fut un des animateurs des « Commissions immigration discrimination » des syndicats CGT du groupe Renault, de 1994 à 2005. Il obtint, pour lui même, une indemnité en 2003 pour « discrimination syndicale » en faisant valoir un accord spécifique Renault.

Sur le plan personnel, P. Schweizer vécut successivement avec quatre compagnes dont il eut six enfants (quatre filles et deux garçons). Deux de ses compagnes étaient des militantes de la LCR. Il fut marié à trois reprises (en 1971 avec Fabienne Burkarth, en 1984 avec Souad Benani et en 2003 avec Daniele Sene avec qui il vivait en 2014, qui était infirmière et militante de la FCPE).

Dans un cadre associatif, Patrick Schweizer fut également militant de la FCPE dans les années 80, du Comité Nanterre Palestine. Il fut aussi un des initiateurs de l’ATRIS (Association des anciens travailleurs Renault de l’Île Seguin), qui visait à recueillir et à transmettre la mémoire des travailleurs Renault, et membre de son bureau de 1994 à 2010. Il participa également au comité de pilotage de la SAEM (Société d’aménagement d’économie mixte) de l’Île Seguin en vue de la réalisation d’un « lieu de mémoire » pour les ouvriers Renault ayant travaillé sur le site.

En 2014, Patrick Schweizer estimait que le mouvement de mai 1968 était l’événement qui avait changé sa vie et que durant ces années de militantisme « au-delà de la solidarité ouvrière qui s’exprimait dans les grèves et à l’usine, la fin de l’usine de Billancourt en 1992 avait été la période la plus pénible à vivre, véritable défaite subie sans combat ». Il regrettait la division du mouvement ouvrier et les difficultés de relation qu’il avait pu avoir en « étant obligé de combattre à la fois les positions des patrons et celles des dirigeant syndicaux ». Il était, en 2014, l’un des animateurs du secteur automobile du NPA. Il militait aussi pour son parti dans la région où il s’était établi, en Eure-et-Loir. Il était toujours syndiqué chez les retraités CGT de Billancourt et adhérent à l’ATRIS et au MRAP.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article171299, notice SCHWEIZER Patrick, Bernard [Pseudonyme : Loïc] par Robert Kosmann, version mise en ligne le 2 mars 2016, dernière modification le 23 novembre 2016.

Par Robert Kosmann

ŒUVRE : Nombreux articles et tracts, notamment « Tribune de l’immigration CGT ».

SOURCES : Arch. PPo. ─ Gilbert Hatry (dir.), Notices biographiques Renault, Éditions JCM. — Amanda Petigrand ATRIS face à son passé, maîtrise d’histoire sous la direction de Danielle Tartakowsky, Paris 8, 2002. ─ Morgan Sportes, Ils ont tué Pierre Overney, Paris, Grasset, 2008 — plusieurs interviews dans le Parisien Libéré. ─ revue italienne Sette, sup. del Corriere della Sera, septembre 1997. – Regards, n° 76 fév. 2002. – Renault, un défaut de transmission, Saga-Cités FR3 23 mars 2002. ─ Entretien avec Patrick Schweizer janvier 2014.

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