LLUCH (ou LLUCH-FORÈS) François, Daniel

Par Jean-Marie Guillon

Né le 23 mars 1921 à Benicarlo (Valence, Espagne), fusillé le 31 mars 1944 à Marseille (Bouches-du-Rhône) ; ouvrier charpentier ; maquisard de l’Armée secrète (AS).

Ouvrier charpentier, célibataire, François Lluch appartenait à une famille d’antifascistes catalans habitant La Garde, près de Toulon (Var). Comme ses parents, Ramon Lluch et Vicente Forès, il fut naturalisé français le 23 février 1938. Engagé dans la Marine en juin 1941, servant comme matelot charpentier, il fut démobilisé en décembre 1942 et travailla comme charpentier pour l’entreprise de réparation navale, Mario Serra. Réfractaire au Service du travail obligatoire (STO), il rejoignit le maquis AS Robespierre, installé au col de Blaus, sur le territoire de la commune de Curbans (Basses-Alpes), à la limite des Hautes-Alpes. Ce camp a été l’un des premiers maquis du secteur attaqués par les troupes d’occupation allemandes. Cette attaque eut lieu dans la nuit du 11 au 12 décembre 1943.Quatorze maquisards furent faits prisonniers et incarcérés à Sisteron. La maison dans laquelle le maquis était établi fut dynamitée par les Allemands le 12 décembre vers 11 h 30. Treize maquisards furent conduits par la suite à la prison des Baumettes, à Marseille.
François Lluch fit partie des dix condamnés à mort par le tribunal militaire allemand de la Zone sud le 6 mars 1944 qui siégeait à Lyon (Rhône). Le procès eut lieu probablement en leur absence. Emprisonnés alors aux Baumettes, les dix hommes ont été fusillés vraisemblablement à Marseille, mais en fait l’incertitude règne sur le lieu de leur exécution, les familles ayant été tenues dans l’ignorance et n’ayant pu récupérer les corps.
La Liberté du Var, organe du Comité départemental de Libération, publia le 8 novembre 1944 la lettre d’adieu qu’il avait adressée à ses parents et dans laquelle il écrivait : « Je meurs pour la cause qu’ont embrassée tous les Français dignes de ce nom. J’ai conscience d’avoir agi en soldat et d’être mort en fidèle serviteur de la cause du peuple français. »
Ayant reçu la mention de « Mort pour la France », Homologué sergent FFI, il fut décoré de la Médaille de la Résistance à titre posthume le 24 mai 1957 (sous le nom de Lluch-Fores). Son nom figure sur les monuments aux morts de La Garde et du Pradet. Cette dernière commune le donna à une place le 2 mars 1945 et La Garde a inauguré un square François Lluch “ martyr de la Résistance, fusillé en 1944 ” le 26 juillet 1992.
Un monument fut érigé en souvenir des membres du maquis en juillet 2007, sur lequel figure aussi le nom de Teyssier qui fut déporté. Ce monument comporte une orthographe problématique pour certaines victimes.

« Mes chers parents, chères sœurs et cher frère,
 
Quand vous lirez ces lignes je ne serai plus de ce monde. Je meurs pour la cause qu’ont embrassé tous les Français dignes de ce nom. J’ai conscience d’avoir agi en soldat et d’être mort en fidèle serviteur de la cause du peuple français.
Je demande à tous ceux qui m’auront connu et qui auront embrassé la même cause que moi de persévérer dans la lutte dont la victoire est plus que certaine. Je leur demande, en outre, de nous venger sans pitié des boches et tous les collaborateurs doivent périr jusqu’au dernier.
Mes chers parents, je me fais une idée exacte de votre chagrin, je vous demande pardon. Soyez certains que je n’ai pas failli à l’honneur en tombant pour la cause de ma chère Patrie. J’ai la ferme conviction de perpétuer des traditions révolutionnaires de notre famille.
Je me rends compte nettement de tout votre dévouement et de toute l’affection dont vous avez entouré mon enfance. J’emporte votre souvenir dans ma tombe, vous embrasse chers tous de toutes mes forces. Derniers baisers. Adieu. »

Publiée par La Liberté du Var, 8 novembre 1944, rubrique de la commune de La Garde (Var) d’où il était originaire. Lettre écrite dans la prison des Baumettes où François Lluch et ses camarades ont probablement été fusillés, remise au directeur départemental des prisonniers et déportés par l’intermédiaire de Mme Tessier, 87, boulevard des Fauvettes, Marseille.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article171378, notice LLUCH (ou LLUCH-FORÈS) François, Daniel par Jean-Marie Guillon, version mise en ligne le 8 mars 2015, dernière modification le 2 octobre 2022.

Par Jean-Marie Guillon

SOURCES : Arch. Dép. Var, 1W82, 1W72, 1970 W 88 (dossier ONAC). – Mémoire des Hommes SHD 21 P 78991 et Vincennes GR 16 P 374366. ⎯ Presse locale (La Liberté du Var, 8 novembre 1944). – Jean Garcin, De l’armistice à la Libération dans les Alpes-de-Haute-Provence 17 juin 1940-20 août 1944, Digne, 1983 et rééd. 1990. – Renseignements Guillaume Vieira.

rebonds ?
Les rebonds proposent trois biographies choisies aléatoirement en fonction de similarités thématiques (dictionnaires), chronologiques (périodes), géographiques (département) et socioprofessionnelles.
fiches auteur-e-s
Version imprimable