ROUGIER Eugène [pseudonyme dans la résistance : Eugène, Gégène]

Par Annie Pennetier

Né le 26 mai 1914 à Maringues (Puy-de-Dôme), fusillé par les GMR après condamnation le 2 mars 1944 à Riom (Puy-de-Dôme) ; boucher ; résistant au sein des Francs-tireurs et résistants (FTP) de Riom.

Fils de Gabriel Rougier et de Maria Marguerite Rance, cuisinière, Eugène Rougier était marié, père de famille et travaillait comme boucher. Il habitait 41 rue du Commerce à Riom (Puy-de-Dôme).
Il rejoignit la résistance en intégrant le camp Gabriel-Péri, camp FTP du Puy-de-Dôme. Sous le nom de guerre de Gégène, il devint adjudant-chef, chef de corps franc.
Il fut arrêté le 12 février 1944 à Clermont-Ferrand par la Sipo-SD en même temps que quatre autre membres de son groupe FTPF après l’assassinat du milicien Gouillardon et du gendarme Coissard, à Riom (Puy-de-Dôme), les 6 et 7 février 1944. Il était porteur d’une arme. L’enquête permit d’établir qu’ils avaient également été en relation avec l’attaque d’un train le 9 février, en gare de Clermont-Ferrand ; un groupe de FTP s’étant emparé d’un milliard de francs appartenant à la Banque de France. Les arrestations se multiplièrent, le groupe fut pour moitié décimé mais le cerveau de l’opération, Henri Sintes, échappa à la police.
Eugène Rougier aurait également fait des aveux pour l’exécution d’un civil, Alphonse Peter, garde-voies et communication. Celui-ci fut arrêté le 13 novembre 1943 par deux membres des FTP, Eugène Rougier et Albert Chollet qui l’emmenèrent dans une ferme où il fut jugé par une sorte de conseil de guerre sur la base d’éléments fournis par un inspecteur de police Ameil, du commissariat de Riom, qui lui-même assista au jugement. C’est Rougier qui dit avoir été chargé de l’exécution consécutive à ce jugement sommaire. Selon le témoignage de Rougier et Chollet, vivement dénoncé par l’intéressé, l’inspecteur de police Georges Batisse se trouvait aux côtés d’Ameil à la gare de Riom où Peter était attendu le jour de son arrestation par les FTP.
Batisse, du commissariat de Riom, lui aussi présenté par Chollet et Rougier comme membre de la Résistance comme Ameil, fut révoqué et interné sur décision du préfet le 10 mars 1944. Batisse nia avoir eu des relations avec Rougier et Chollet. Il reconnut qu’Ameil et Rougier pouvaient être assez liés puisqu’ils avaient joué ensemble au rugby au stade riomois.
Le 10 février 1944, Ameil se rendit dans un appartement du 29 avenue de Grande-Bretagne à Clermont-Ferrand pour voir Rougier. C’est là que ce dernier ouvrit une valise contenant des billets de 1000 francs qui venaient juste d’être volés dans l’affaire dite du milliard de la Banque de France, vol commis par un groupe de FTP dont faisaient partie Rougier et Chollet, la veille, le 9 février 1944. Ameil n’aurait reçu aucun argent.
Georges Batisse fut gardé à vue deux semaines à Clermont avant d’être interné à compter du 12 mars 1944 au camp de Nexon (Haute-Vienne). Batisse clama son innocence auprès du préfet après 3 mois de détention, invoquant le ressentiment de Rougier et Chollet à son égard pour expliquer le fait qu’ils l’aient dénoncé comme membre de la résistance gaulliste. En effet, il indiqua les avoir inquiété à plusieurs reprises depuis 1942 pour des affaires de droit commun.

Emprisonné à Clermont-Ferrand, Rougier fut transféré à Riom (Puy-de-Dôme), en même temps que ses camarades Fernand Claverie (23 ans), Albert Chollet (33 ans), Tadeusz Walewski (21 ans) et Victor Lothe, le 2 mars 1944.
Tous comparurent devant une cour martiale française et non le tribunal allemand de Clermont comme il a été écrit la plupart du temps. Hormis Victor Lothe, tous furent condamnés à mort avec exécution immédiate dans la prison de Riom par la Milice. Victor Lhote qui put prouver n’avoir joué qu’un rôle passif, fut déporté et devait décéder entre Reims et Compiègne. Leur camarade Marcel Rey, qui avait fait partie de l’équipe du Milliard de la Banque de France, fut arrêté le 18 ou 19 février. Ayant été blessé, il fut jugé plus tard et condamné à mort et exécuté le jour de la sentence le 23 mars 1944.
Eugène Rougier fut fusillé par des agents des GMR (Groupes mobiles de réserve) le 2 mars 1944, rue Hôtel des Monnaies dans la prison de Riom à 17h40.

Son nom figure sur le monument aux morts de Riom et sur la plaque commémorative aux patriotes fusillés, de Riom (FNDIRP, 17 rue Soubrani).
Il a été homologué FFI et DIR, "Mort pour la France", avec une durée de service du 2 juillet 1943 au 2 mars 1944.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article171483, notice ROUGIER Eugène [pseudonyme dans la résistance : Eugène, Gégène] par Annie Pennetier, version mise en ligne le 13 mars 2015, dernière modification le 7 mars 2022.

Par Annie Pennetier

SOURCES : Arch. Dép. Puy-de-Dôme, 908 W 496 : liste des fusillés, des massacrés dans la région du Puy-de-Dôme, 1er mars 1945 .— Arch. Dép. Puy-de-Dôme, 900 W 90, dossier d’internement d’Eugène Rougier. — SHD Vincennes, 19 P 63/5 : liste des membres de la formation Gabriel Péri ou 12e Bataillon comprenant 1103e, 1104e, 1105e et 1106e compagnie FTPF du Puy-de-Dôme .— SHD Vincennes dossier Eugène Rougier, GR 16 P 522595 (nc) .— AVCC dossier Eugène Rougier, AC 21 P 666829 (nc) .— SHD Vincennes, 19 P 63/5 : état des morts ayant appartenu au Camp Gabriel-Péri .— SHD Vincennes, 19 P 63/5 : état nominatif des cadres ayant appartenu au Camp Gabriel Péri ou 1103e Compagnie FTPF, signé Commandant Delmas, dit Lucien, 21 novembre 1947 .— Témoignage de Georges Favard (FNDIRP 63). — Mémorial GenWeb .— Vanessa Michel, Le milliard de la banque de France , Clermont-Ferrand, éditions Ôtrement, 2019, 229 p. .— Mémoire des Hommes .— "Les assassins du Milicien Gouillardon et du gendarme Coissard ont été condamnés à mort par la Cour Martiale de Clermont. La sentence a été immédiatement exécutée", Le Moniteur, 4 mars 1944 .— Arch. dép. du Puy-de-Dôme, 900 W 84 : dossier d’internement de Georges Batisse. — Compléments par Eric Panthou.

rebonds ?
Les rebonds proposent trois biographies choisies aléatoirement en fonction de similarités thématiques (dictionnaires), chronologiques (périodes), géographiques (département) et socioprofessionnelles.
Version imprimable