Par Jacques Girault
Né le 15 février 1895 à La Cadière (Var), mort le 12 mars 1955 à La Cadière ; courtier en vins ; maire socialiste de La Cadière (1929-1941, 1944-1955) ; conseiller général SFIO du canton du Beausset (1945-1955).
Fils d’un commerçant, Athanase Bonifay, après avoir fait la guerre (front d’Orient), se maria à La Cadière en juillet 1922. Courtier en vins à La Cadière, puis au Beausset, Bonifay fut élu conseiller municipal de La Cadière, le 3 mai 1925 sur une liste « d’union républicaine et socialiste » comprenant de nombreux militants socialistes SFIO selon le sous-préfet bien que la section SFIO de La Cadière n’existât plus à cette date. Il obtint 236 voix sur 448 inscrits et fut délégué à l’Hospice. En 1929, Henri Jansoulin, le maire sortant, ne se représentait pas ; les rivalités politiques s’aiguisèrent. Des anciens socialistes tels que Bonifay se retrouvaient sur une liste « républicaine socialiste » et affrontaient d’autres socialistes SFIO regroupés sur une autre liste tandis que quatre communistes briguaient des suffrages pour la première fois. Bonifay obtint personnellement 116 voix au premier tour sur 424 inscrits et ne fut élu que le 12 mai avec 194 voix. Huit jours après son élection, le nouveau maire Pascal démissionnait « vu mon état de santé et mes infirmités ». Il ne faisait pas de doute que la perspective d’une majorité instable qu’il pouvait espérer dans le conseil avait pesé lourd dans sa démission. Le 30 juin 1929, une élection complémentaire était organisée. Le candidat socialiste, Marius Blanc, candidat du Bloc ouvrier et paysan, s’opposait à un conservateur. L’ancien maire socialiste Jansoulin, le secrétaire de la cellule communiste et Bonifay signèrent un appel commun à voter Blanc, appel qui fut entendu. Aussi, la semaine suivante, le 7 juillet 1929, Bonifay était-il élu maire avec neuf voix contre sept au candidat conservateur Teisseire.
Ami de Pierre Renaudel, il signa dans La Vie socialiste de juin 1931 une lettre collective de militants varois constatant « une impression de malaise » à propos de la défense nationale et approuvant la déclaration des 25 députés lors du congrès national du Parti. Membre du comité central électoral en 1932, il ne semble pas que Bonifay ait suivi le député du Var Renaudel au Parti socialiste de France. Le 13 septembre 1934, il écrivait une lettre de démission de son poste de maire, « démission causée par suite de ma situation commerciale délicate actuellement, sans toutefois être dangereuse. Je tiens à conserver ma liberté d’action pour liquider mes affaires ». A la suite des pressions du sous-préfet et des demandes de ses collègues du conseil, il revenait sur sa décision le 21 septembre.
Lors de l’élection au conseil d’arrondissement, Bonifay accorda son entier soutien au candidat communiste Marius Mari. Il signa une affiche très critique à l’égard du conseiller d’arrondissement sortant Blanc, son adjoint à la mairie de La Cadière, qui avait quitté la SFIO et avait le soutien du Parti socialiste de France. Cet appel eut un certain effet puisque, à La Cadière, Blanc, au deuxième tour, n’eut que deux voix de majorité sur le candidat communiste.
Bonifay, qui avait réadhéré à la SFIO depuis quelques mois, et présidait le comité antifasciste de La Cadière, se présenta à la tête d’une liste comprenant des socialistes SFIO et des communistes aux élections municipales de 1935. Il était réélu, le 5 mai 1935, avec 267 voix sur 450 inscrits. Le Populaire du Var, hebdomadaire socialiste SFIO, estimait le 18 mai, « La Cadière rejoint le giron du Parti sous le signe de l’Unité d’action avec un maire énergique et dévoué comme Bonifay ». Le mois suivant, il présidait le comité central patronnant la candidature de Jacques Toesca dans la deuxième circonscription de Toulon pour l’élection législative partielle. En 1936, il était vice-président du comité électoral SFIO.
Pour les élections au conseil général en 1937, le conseiller sortant le socialiste Victor Rougier ne se représentait pas. Bonifay, dont le frère Marius Bonifay était un militant actif du Parti communiste, fut le candidat de la SFIO dans le canton du Beausset. Le 10 octobre 1937, il obtenait 449 voix sur 2 404 inscrits ; son désistement assurait le succès du maire communiste du Beausset, Mari.
Bonifay fut suspendu de ses fonctions de maire par le gouvernement de Vichy en 1941. Il fut président du Comité local de Libération et le Comité départemental de Libération lui confia la présidence de la délégation municipale. Il fut confirmé comme maire de la commune dès les premières élections en avril 1945 et réélu en octobre 1947 et en avril 1953.
Le 23 septembre 1945, Bonifay était élu conseiller général SFIO du canton du Beausset ; il battait son unique adversaire, le conseiller général sortant, le communiste Mari, au deuxième tour, avec 2 226 voix.
À l’assemblée départementale, Bonifay fut membre de la commission des travaux publics, de la commission des affaires économiques et du ravitaillement, de la commission d’agriculture, de l’instruction publique, de celles des transports, de répartition des subventions aux associations agricoles. Il s’occupait aussi pour l’arrondissement de Toulon des commissions sanitaires et du syndicat des communes du littoral varois. Il apporta notamment, le 26 novembre 1945, sur la restitution des armes déposées par les chasseurs varois pendant l’Occupation et sur la composition de la commission spéciale chargée d’étudier la question des incendies des forêts. Dès 1948, il devenait membre de la troisième commission (agriculture, instruction publique, vœux) et des commissions de l’hydraulique, des affaires économiques et du ravitaillement, de la commission d’études concernant l’approvisionnement en viande, du syndicat des communes du littoral varois, du conseil d’administration de l’Office départemental des pupilles de la Nation.
Pour le renouvellement du conseil général, Bonifay, à nouveau candidat de la SFIO, retrouvait le communiste Mari et un candidat RPF. Le 8 octobre il obtenait 1 365 voix sur 5 137 inscrits et arrivait en tête. Le retrait du candidat RPF assurait son large succès au deuxième tour avec 2 081 voix sur 5 137 inscrits. Au conseil général, il restait membre des mêmes grandes commissions. En outre, il faisait partie des commissions de visite des bâtiments départementaux, du tourisme, de vérification des comptes des services publics automobiles. Il représentait le conseil au conseil d’administration de l’office public d’HBM du Var, au comité d’agrément pour la reconstruction, à la commission d’expropriation, à la commission d’appels d’offres pour la lutte contre les incendies de forêts. En octobre 1952, il fut désigné comme secrétaire du conseil général. Enfin, nouveauté, à partir d’octobre 1953, il participait aussi à la deuxième commission (travaux publics, bâtiments départementaux, vicinalité).
Par Jacques Girault
SOURCES : Arch. Dép. Var, 2 M 3 51, 3 52 ; 2 M 5 29 4 ; 2 M 7 30 1, 31 1, 32 1, 33 1, 35 1, 35 4 ; 3 Z 2 10, 12, 14, 15, 23 ; 3 Z 4 19. — Arch. Com. La Cadière. — Arch. J. Charlot (Centre d’histoire sociale du XXeme siècle. Université de Paris I). — Presse locale. — Sources orales.