BONIFAY Charles, Marius

Par Robert Mencherini

Né le 19 juillet 1919 à Marseille (Bouches-du-Rhône) , mort le 28 janvier 2017 à Marseille (VIIIe arr.) ; instituteur puis chargé de cours à la Faculté de droit d’Aix-en-Provence ; syndicaliste FO et militant socialiste SFIO ; conseiller général, sénateur (1980-1989) ; directeur de l’URSSAF des Bouches-du-Rhône.

[Sénat]

Charles Bonifay naquit à Marseille, ville où habitait sa famille dans le quartier des Chartreux, d’une mère sans profession et d’un père clerc de notaire.

D’abord scolarisé dans un pensionnat catholique des Chartreux, il continua ses études à l’école primaire supérieure Pierre Puget, puis au lycée Saint Charles de Marseille. Ayant le projet de faire carrière dans la marine, il obtint son baccalauréat à la fin de la classe de seconde, en 1937. Mais la maladie et la mort de son père en 1939, laissant sa mère à sa charge et à celle de sa sœur aînée, née en 1911, le contraignirent à chercher un travail, tout en engageant des études de droit à Marseille. Il fut salarié pendant quelques mois de la Caisse d’épargne de Marseille, emploi qu’il abandonna lors de la déclaration de guerre de 1939. N’étant pas immédiatement mobilisé, il exerça quelques mois en tant qu’instituteur à l’école de la Major à Marseille, puis en Camargue. Sa classe 1939-2, appelée en avril 1940, quelques semaines avant l’armistice, fut utilisée, après celui-ci, pour l’encadrement des Chantiers de jeunesse, ce que Charles Bonifay fit essentiellement dans le Massif Central, en Lozère et dans le Gard jusqu’en novembre 1942.

Marié en 1941, il eut un fils, Michel, en 1942, et reprit, dès sa démobilisation, un poste d’instituteur dans le quartier de Beaumont à Marseille. Il continua parallèlement des études de Lettres (licence d’histoire) et de droit (diplôme d’études supérieures de droit privé). Il décida alors d’entrer à la Caisse d’allocations familiales à Marseille avec l’intention d’effectuer une thèse de droit sur cet organisme. Il abandonna momentanément ce projet de thèse pour présenter le concours d’entrée à l’École nationale de sécurité sociale où il fut reçu major de la deuxième promotion. Il devint, en 1954, directeur de l’Union de recouvrement des cotisations de Sécurité sociale et d’Allocations familiales des Bouches-du-Rhône (URSSAF), fonction qu’il occupa jusqu’en 1980.

Lors de la création de FO, Charles Bonifay rejoignit la nouvelle organisation. Il fut administrateur FO de la caisse primaire et représentant de FO à la Fédération nationale des organismes de sécurité sociale (FNOSS).

Charles Bonifay soutint le 2 avril 1960, à la Faculté de droit d’Aix-en-Provence, une thèse ès sciences économiques intitulée Les problèmes d’autorité et de personnel dans la sécurité sociale (dynamique administrative et stratégie sociale), sous la présidence du professeur Sellier. Il y plaidait pour une organisation administrative autonome de la Sécurité sociale et une gestion directe par les intéressés. Il fut également, pendant plus de trente ans, chargé du cours sur la Sécurité sociale à l’université d’Aix. Il enseigna également à l’Institut d’études politiques, à l’Institut d’administration des entreprises d’Aix, à l’école supérieure de commerce de Marseille et à la Faculté de droit de Nice.

Il commença sa carrière politique en étant élu, en 1959, conseiller municipal à Cuges, petite localité des Bouches-du-Rône, située entre Marseille et Toulon et où sa famille avait ses racines. Aux élections municipales suivantes se présentant de nouveau à Cuges, mais en concurrence avec la liste de Pierre Cornille, maire en place, il ne fut pas réélu, du fait du non-désistement de la liste communiste.

Il avait à ce moment-là adhéré au parti socialiste. Le 3 avril 1966, au congrès fédéral du PS d’Arles qui se prononça en faveur de la fusion dans la FGDS, il rapporta sur la politique économique et sociale. Membre du bureau fédéral, il fut responsable de la commission culturelle. Il représenta les Cercles Jean Jaurès au comité exécutif fédéral de la FGDS des Bouches-du-Rhône et fut membre de la commission d’études de celle-ci.

Élu conseiller général FGDS (contre l’allié de Defferre, Théo Lombard) puis PS de Marseille-2° en 1967, Charles Bonifay fut réélu en 1973, l’emportant de 49 voix. Pendant ces deux mandats, il devint premier vice-président et rapporteur du budget du Conseil général. Mais il fut battu au renouvellement de 1979 par M. Santoni, RPR, par 7 467 suffrages contre 6 970 (du fait du barrage du PCF à l’occasion d’une élection triangulaire).

Membre du comité fédéral du Parti socialiste, Charles Bonifay exerça la responsabilité de trésorier départemental, en charge des questions administratives. Avant même le congrès d’Épinay (11 au 13 juin 1971) où il fut délégué, il affirma son opposition au programme commun et à l’alliance avec le Parti communiste.

En 1971-1977, il fut conseiller municipal de Marseille et, en 1973, candidat malheureux aux législatives de 1973 dans la 6e circonscription des Bouches-du-Rhône (10 877 voix sur 55 644 suffrages exprimés et 71 616 inscrits largement distancé par le communiste E. Garcin).

Charles Bonifay prit sa retraite professionnelle en 1980. Président du Comité d’expansion économique des Bouches-du-Rhône, Charles Bonifay fut élu sénateur le 28 septembre 1980, occupant, jusqu’en 1989, l’un des deux sièges nouvellement créés pour le département. Secrétaire du Sénat et vice-président de la commission des affaires sociales, il fut aussi président de la fraternelle parlementaire. Également conseiller municipal d’Aix-en-Provence, depuis 1989, il fut adjoint au maire aux Travaux, puis aux Finances et au contentieux. Pendant ce mandat, il assuma aussi la présidence de l’Hôpital d’Aix-en-Provence.

Charles Bonifay présida, dans les années 1970, le comité départemental du tourisme. Il obtint à ce titre, le rachat par le conseil général de la Vallée de Saint-Pons à Gémenos et s’intéressa également à la préservation du site des Calanques de Marseille. Il présida aussi la Fondation de la qualité de la vie et la Fédération départementale des Logis de France.

Aujourd’hui retiré à Cuges dans la maison où sa famille vécut pendant longtemps, Charles Bonifay préside le comité départemental d’histoire de la sécurité sociale et écrit de nombreux articles dans le bulletin de cette association. Il se livre aussi à son violon d’Ingres, la peinture. Il a été nommé, en 2003, membre du comité national d’Histoire de la Sécurité sociale.

Charles Bonifay était commandeur de la Légion d’honneur et officier de l’ordre national du mérite.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article17156, notice BONIFAY Charles, Marius par Robert Mencherini, version mise en ligne le 20 octobre 2008, dernière modification le 4 mars 2021.

Par Robert Mencherini

[Sénat]

ŒUVRE : Charles Bonifay, Les problèmes d’autorité et de personnel dans la Sécurité sociale, dynamique administrative et stratégie sociale, Paris, Union nationale des caisses d’allocations familiales, 1961, 254 p.

SOURCES : Arch. Nat., F/1cII/552. — Arch. FJJ/6EF73/2. — Bulletin quotidien, 15 décembre 1986. — Le Provençal, 4 avril, 30 avril 1966, 29 septembre 1980. — Renseignements fournis par Gilles Morin. — Recherche socialiste, n° 78-79, janvier-juin 2017, p. 199. — Entretien avec le militant, à Cuges, le 19 mars 2003.

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