VÉRON Jean, Ernest

Par Daniel Grason

Né le 11 novembre 1920 à Anizy-le-Château (Aisne), exécuté le 16 août 1944 par les allemands à la cascade du Bois de Boulogne (Paris XVIe) ; boucher ; membre du groupe FFI-FTP de Chelles (Seine-et-Marne), mouvement Valmy.

Fils d’Ernest Véron, chauffeur puis boucher, et de Eugénie Waroquier, sans profession, Jean Véron demeurait 38 rue Alexandre-Bickart à Chelles. Il fut requis au titre du Service du travail obligatoire (STO) dans une usine chimique de Ludwighaffen (Allemagne). Il tenta de s’évader, purgea de la prison. Bénéficiant d’une permission, il ne repartit pas. Copain avec Jacques Schlosser avec qui il avait une pratique sportive, il entra dans la clandestinité avec de faux-papier. Membre d’aucune organisation il rejoignit le groupe FFI-FTP.

Début juin 1944 Wigen Nercessian, ingénieur, gaulliste rencontra Charles Porel qui se présenta comme un Autrichien, ancien brigadiste en Espagne républicaine, membre de l’Intelligence service. Il s’agissait en fait de Karl Rehbein, membre du Sicherheitsdienst, service de renseignements de la SS (SD). Celui-ci mit Nercessian en relation avec un autre capitaine de l’Intelligence service, « Jack » qui parlait couramment le français, l’italien, l’anglais et l’allemand n’était autre que Guy Glèbe d’Eu, comte de Marcheret, alias Guy de Montreuil etc., chef de groupe de la Gestapo. Wigen Nercessian mit en relation « Jack » avec les résistants Guy Hémery et Jean Favé. Des Résistants de l’entourage du docteur Henri Blanchet, capitaine FFI le mirent en garde, en cette mi-août 1944 trois tonnes d’armes qui allaient tomber du ciel leur parurent suspects.

Plusieurs groupes de Résistants de diverses obédiences : Jeunes chrétiens combattants (JCC), Organisation civile et militaire (OCM), groupe Franc de Turma Vengeance, FFI-FTP de Chelles, près d’une cinquantaine de résistants dont une vingtaine âgés de moins de vingt-et-un ans unis pour récupérer des armes au rendez-vous fixé par le capitaine « Jack » le 16 août au matin à la Porte-Maillot à l’angle des rues Saint-Ferdinand et de la Grande-Armée à Paris (XVIIe arr.) Non loin de là, côté XVIe arr. les forces répressives allemandes et leurs auxiliaires français disposaient de plusieurs hôtels particuliers : avenues Foch et Victor-Hugo, rues de la Pompe, Lauriston et Leroux.

Henri Blanchet et Jean Favé commandaient le 2ème groupe composé de Jean Véron, Jacques Schlosser, Arthur De Smet, Bernard Gante, René Faugeras, Pierre Bezet, Marcel Douret, Robert Magisson, Luigi Vannini, Franck Hémon, Roland Verdeaux et Charles Birette. Une quarantaine de résistants étaient répartis dans deux camionnettes et une ambulance. « Jack » et Wigen Nercessian attendaient sur place. Le convoi alla à quelques rues de là, emprunta la rue d’Armaillé, entra au 11 bis dans un grand garage vers 11 heures 30. Les véhicules furent cernés une trentaine de SS et des hommes de mains en civils commandés par le lieutenant SS Walter tirèrent. Dans la soirée du 16 août 1944, des bruits de mitrailleuse et de grenades retentirent près de la Cascade du Bois de Boulogne, la Gestapo exécutait trente-quatre hommes dont Jean Veron.

L’agent infiltré, chef de groupe de la Gestapo Guy Glèbe d’Eu, comte de Marcheret, dit « Jack » fut arrêté par les Services américains au Danemark et remis à la police française le 25 octobre 1945. Responsable d’une centaine d’arrestations, notamment des exécutions de la rue Leroux et de la Cascade du Bois de Boulogne, il comparut le 2 avril 1949 devant la cour de Justice de Paris. Condamné à mort il fut passé par les armes le 20 avril à 8h 30 au fort de Montrouge.

Friedrich Berger responsable des antennes de la Gestapo de la rue de la Pompe et de l’avenue Victor-Hugo, condamné à mort par contumace le 22 décembre 1952 mourra de maladie le 10 février 1960 à son domicile de Munich (Allemagne).
L’inhumation de Jean Veron eut lieu dans le carré militaire du cimetière communal de Chelles, son nom est inscrit sur la plaque commémorative apposée sur la façade de la mairie aux côtés des autres fusillés et déportés, ainsi que sur la stèle commémorative à la Cascade du Bois de Boulogne. Le conseil municipal de Chelles donna son nom à une rue de la ville.

« Tué au combat », il fut reconnu « Mort pour la France » par décision du secrétariat général aux Anciens combattants en date du 27 septembre 1945 (AC 21 P 167664), à titre militaire. Jean Veron fut homologué à titre posthume sergent des F.F.I le 31 janvier 1958 ; lui furent accordées les homologations en tant que DIR et membre des FFC (GR 16 P 590866).



16 août 1944. Cascade du Bois de Boulogne à Paris (XVIe arr.)

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article171598, notice VÉRON Jean, Ernest par Daniel Grason, version mise en ligne le 5 mai 2015, dernière modification le 6 mars 2022.

Par Daniel Grason

SOURCES : SHD, dossiers adm. résistants. Arch. PPo. BA 1801, JB 11, JB 15. SHD, Caen AC 21 P 167664. – Patrice Miannay, Dictionnaire des agents doubles dans la Résistance, Éd. Le Cherche Midi, 2005. – Marie-Josèphe Bonnet, Tortionnaires, truands et collabos. La bande de la rue de la Pompe 1944, Éd. Ouest-France, 2013. – Guy Krivopissko, Axel Porin, « Les fusillés de la Cascade du bois de Boulogne », Éd. Mairie de Paris, 2004. – Site internet Gilles Primout, « Guet-apens Porte Maillot », 2015. – Sites internet : Mémoire des hommes, Mémorial GenWeb. — État civil. — Notes Frédéric Stévenot.

ICONOGRAPHIE. Memorial GenWeb

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