PLANTAIN Michel

Par Daniel Grason

Né le 9 septembre 1923 à Cambrai (Nord), exécuté le 17 août 1944 par les Allemands rue Leroux à Paris (XVIe arr.) ; étudiant ; membre du groupe FFI de Seine-et-Oise.

Michel Plantain
Michel Plantain
Photographie communiquée par Philippe Plantain, neveu de Michel Plantain

Fils de Paul Plantain, conservateur de la bibliothèque de Cambrai, et de Olga Vermont, sans profession, Michel Plantain, célibataire, vivait Clos de l’Abbaye à Yerres (Seine-et-Oise, Essonne). Début juin 1944 Wigen Nercessian, ingénieur, gaulliste rencontra Charles Porel qui se présenta comme un autrichien, ancien brigadiste en Espagne républicaine, membre de l’Intelligence service. Il s’agissait en fait de Karl Rehbein, membre du Sicherheitsdienst, service de renseignements de la SS (SD). Celui-ci mit Nercessian en relation avec un autre capitaine de l’Intelligence service, Jack qui parlait couramment le français, l’italien, l’anglais et l’allemand n’était autre que Guy Glèbe d’Eu, comte de Marcheret, alias Guy de Montreuil etc., chef de groupe de la Gestapo. Wigen Nercessian mit en relation Jack avec les résistants Guy Hémery et Jean Favé.

Le débarquement allié du 6 juin 1944 sur les côtes normandes stimula les différentes organisations de la Résistance, et les armes manquaient. Guy Hémery rencontra le capitaine Jack, en informa son chef Jean Favé qui eut un entretien avec « Jack » qui s’engagea à fournir trois tonnes d’armes. Crédulité, excès de confiance… de Wigen Nercessian. Des membres de l’entourage du docteur Henri Blanchet le mirent en garde, en cette mi-août 1944 trois tonnes d’armes qui allaient tomber du ciel leur parurent suspects.

Un groupe de FFI de Seine-et-Oise dirigé par Robert Meersmann dit Sicard fut associé à la livraison d’armes. Ce 3ème groupe se composait de Lucien Malaviole, Léon Sorbier, Pierre Guilbert, Michel Plantain, Alexandre Marion, Jean Isoard, Pierre Weczerka, Gabriel Verdier, Maurice Guilbert, Georges Trapletti, Claude Bouvelle, Jacques Delporte et Émile Fruchart. Le rendez-vous était fixé au 16 août à 14 heures avenue de la Grande-Armée près de la Porte Maillot. Le camion stationna sur l’avenue en attendant le signal du départ pour aller prendre livraison des armes. Gustave Boulfroi se présenta comme un résistant, en fait, un homme de la Gestapo qui était chargé de guider le conducteur. Du côté du XVIe arrondissement, les forces répressives allemandes et leurs auxiliaires français disposaient de plusieurs hôtels particuliers : avenue Foch, rues de la Pompe, Lauriston et Leroux.

Après une longue attente, le camion rejoignit l’avenue Victor-Hugo, emprunta vers 15 heures la rue Léonard-de-Vinci, à l’intersection de la rue Leroux, les résistants se rendirent compte qu’ils étaient piégés. L’un tira, tuant Gustave Boulfroi. Des SS et des hommes de la Gestapo tirèrent… Rachid Zulgadar acheva Robert Meersmann et Pierre Guibert au couteau, les résistants Émile Fruchart, Jean Isoard, Lucien Malaviole, Alexandre Marion, Michel Plantain et Léon Sorbier furent tabassés puis tués par balles. Les corps des résistants massacrés furent chargés dans le camion et abandonné sur l’avenue Foch.

Plusieurs hommes du Sicherheitsdienst, service de renseignements de la SS (SD) participèrent à l’embuscade : Friedrich Berger, Walter Kley, le major Alfred Wenzel, les hommes de la Gestapo : Georges Gorisse dit Petit Jo, Rachid Zulgadar, Georges Guicciardini dit Jérôme, Manuel Stcherbina et Jean Emmanuel. Outre Gustave Boulfroi, Luigi Giannoni dit du Prélude, quatre SS du SD furent tués par les résistants qui défendirent chèrement leurs vies. Les survivants furent emmenés pour interrogatoire dans les locaux de la Gestapo, puis exécutés en soirée devant la Cascade du Bois de Boulogne.

L’agent infiltré, chef de groupe de la Gestapo Guy Glèbe d’Eu, comte de Marcheret, dit Jack fut arrêté par les Services américains au Danemark et remit à la police française le 25 octobre 1945. Responsable d’une centaine d’arrestations, notamment des exécutions de la rue Leroux et de la Cascade du Bois de Boulogne, il comparut le 2 avril 1949 devant la cour de Justice de Paris. Condamné à mort il fut passé par les armes le 20 avril à 8h 30 au fort de Montrouge.

Friedrich Berger responsable des antennes de la Gestapo de la rue de la Pompe et de l’avenue Victor-Hugo, condamné à mort par contumace le 22 décembre 1952 mourra de maladie le 10 février 1960 à son domicile de Munich (Allemagne). Alfred Wenzel fut condamné à cinq ans de travaux forcés, quant à Walter Kley il bénéficia de l’acquittement.

Sept tueurs gestapistes seront condamnés à mort : Georges Vaugeois, Georges Guicciardini, Georges Gorisse, Poupet Favriot et Leclercq. La peine sera commuée en travaux forcés à perpétuité pour les trois premiers le 12 mai 1954, puis à vingt ans. Georges Guicciardini était mort à la prison de Fresnes depuis le 4 avril. Poupet, Favriot et Leclercq furent passés par les armes le 22 mai 1954.

Le nom de Michel Plantain, orthographié Plantin figure sur les plaques commémoratives du 10 rue Leroux et de Draveil.

La mention « Mort pour la France » lui fut attribuée par décision du Secrétaire général des Anciens combattants en date du 3 février 1945. Il a été homologué résistant.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article171605, notice PLANTAIN Michel par Daniel Grason, version mise en ligne le 27 avril 2015, dernière modification le 4 août 2018.

Par Daniel Grason

Michel Plantain
Michel Plantain
Photographie communiquée par Philippe Plantain, neveu de Michel Plantain

SOURCES : Arch. PPo. BA 1801, JB 11, JB 15. – Bureau Résistance : GR 16 P 481366. – Patrice Miannay, Dictionnaire des agents doubles dans la Résistance, Éd. Le Cherche Midi, 2005. – Marie-Josèphe Bonnet, Tortionnaires, truands et collabos. La bande de la rue de la Pompe 1944, Éd. Ouest-France, 2013. – Guy Krivopissko, Axel Porin, « Les fusillés de la Cascade du bois de Boulogne », Éd. Mairie de Paris, 2004. – Site internet Gilles Primout, « Guet-apens Porte Maillot », 2015. – Site internet GenWeb. — État civil.

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