FLEITH Pierre, Nicolas

Par Jean-Christophe Pérignon

Né le 6 décembre 1935 à Colmar (Haut-Rhin), mort le 16 août 2022 à Dijon (Côte-d’Or) ; instituteur puis professeur ; syndicaliste au SGEN-CFTC puis CFDT ; militant politique au PSU puis au PS ; élu municipal à Talant (Côte-d’Or).

Fils d’Alfred Fleith, né le 9 avril 1900 à Colmar (Haut-Rhin), employé des PTT au service téléphonique, mutualiste très engagé, et de Marie Woerth, née le 3 mai 1903 à Mulhouse, employée des PTT, Pierre Fleith, quatrième enfant d’une fratrie de cinq, fut élevé dans une famille relativement modeste, catholique et pratiquante. Après une maternelle à Colmar qui devint en octobre 1940 un « kindergarten » après l’arrivée des Allemands, il fut expulsé, avec sa famille, par les nazis vers la France. Après un séjour de six mois à Auch (Gers) – les Alsaciens-Lorrains furent nombreux à avoir été repliés dans le sud-ouest – il se retrouva à Constantine (Algérie) de 1941 à 1945 où il fréquenta l’école primaire Jean-Jaurès. Revenu en France, il fit ses études au lycée à Colmar de 1945 à 1953, puis à l’école normale d’instituteur de Lyon de 1953 à 1955. Il fut, en même temps, de 1944 à 1954, scout de France.

Instituteur à Dambach-la-Ville (Bas-Rhin) de 1955 à 1956, Pierre Fleith fut appelé sous les drapeaux en juillet 1956. Après quatorze mois en France entre Haguenau et Saumur où il fit l’école d’officier de réserve, il fut affecté dans l’est constantinois à Aïn Beïda, comme sous-lieutenant au 16e Dragons, au 5e bureau « action psychologique ». Il ne fit pas la guerre mais anima, pendant quinze mois, différentes activités sportives, sorties, cinéma pour les jeunes de la ville. Libéré en novembre 1958, il exerça son métier d’instituteur, reprenant parallèlement des études à l’Université de Strasbourg de 1958 à 1965 où il obtint une licence d’histoire-géographie en 1963, un diplôme d’étude supérieure en 1964 et le certificat d’aptitude au professorat de l’enseignement du second degré en 1965.

Devenu professeur d’histoire-géographie, il décida avec son épouse d’être de 1965 à 1968 coopérant en Algérie à Skikda, au lycée Larbi Tébessi. Il enseigna ensuite à Auxerre de 1968 à 1975 puis vingt ans à Dijon (Côte-d’Or) au collège Marcelle Pardé, puis à Talant (Côte-d’Or) au collège Boris Vian et enfin à Dijon au lycée du Castel.

Ce fut en 1954 à Lyon qu’il avait adhéré au SGEN-CFTC, bien que très minoritaire, en réaction au syndicat national des instituteurs qu’il considérait corporatif et intolérant. Pierre Fleith avait occupé de nombreuses responsabilités au sein du syndicat après son retour du service militaire. C’était dans le cadre de ses activités syndicales qu’il avait fait la connaissance de sa femme, Monique Maugras, lors de sa première session de formation syndicale en 1959. Il fut, de 1959 à 1965, responsable des commissions jeunes pour le SGEN et l’Union départementale CFTC puis CFDT, du Bas-Rhin. Il participa à différentes actions contre la guerre d’Algérie et en faveur de la « déconfessionnalisation » de la CFTC dans une région qui y était réticente.

De 1965 à 1968, Pierre Fleith fut trésorier de l’Association générale professionnelle des coopérants culturels et techniques en Algérie (AGEP), dont la plupart des adhérents français furent membres de la CFDT. Il devint secrétaire départemental du SGEN-CFDT de l’Yonne de 1968 à 1972 et participa à la relance du syndicat SGEN-CFDT de l’Yonne. Il contribua avec Noël Berry, militant de la métallurgie, de façon active à la vie de l’Union départementale CFDT de l’Yonne et fut trésorier de l’UD-CFDT. Avec Jean Denis, il prit part à la création de l’Union régionale interprofessionnelle CFDT.

Durant cette période et à la suite des aspirations à plus de démocratie exprimées lors des évènements de Mai 68, il joua un rôle important dans la constitution d’une minorité active à l’intérieur du SGEN, en opposition à son secrétaire général, Paul Vignaux, et à son successeur Charles Piétri. Les minoritaires dont les principaux objectifs étaient de réformer les statuts du SGEN pour une plus grande démocratie interne et un fonctionnement plus décentralisé, en direction des sections académiques, d’élaborer une véritable stratégie syndicale et des propositions de renouveau pédagogique tout en restant attaché aux valeurs portées par la Confédération, furent battus au congrès fédéral de 1970, mais l’emportèrent en 1972 au congrès de Reims.

Pierre Fleith devint permanent national du SGEN-CFDT à Paris de 1972 à 1977, comme « mis à disposition ». Secrétaire national adjoint du second degré (lycées et collèges), chargé notamment de la défense du personnel, du suivi des catégories surveillants et des bibliothécaires-documentalistes, il fut également chargé du suivi des commissions administratives paritaires nationales et locales (CAP). Il fut présent à tous les congrès fédéraux et aussi au congrès confédéral CFDT à Annecy en 1976. Après 1975, il avait participé au titre du SGEN à la section académique de Dijon et avait été élu à la commission administrative paritaire nationale des professeurs certifiés.

En 1960 lors de sa fondation, Pierre Fleith avait adhéré au PSU. Il avait participé aux actions fortes menées par ce parti de 1960 à 1962 à Strasbourg (Bas-Rhin), essentiellement contre la guerre d’Algérie ; il avait fait du porte-à-porte pour vendre La tribune socialiste et avait contribué avec le Groupe d’Action Républicaine (GAR) à des affichages et tags contre l’OAS. Après la coopération en Algérie, il milita de 1968 à 1972 de nouveau au PSU à Auxerre (Yonne).

Candidat en vain à Auxerre aux élections municipales en 1971 sur une liste d’union de la gauche (PS, PC, PSU), il fut conseiller municipal minoritaire de Talant de 1983 à 1989 où il habitait depuis 1975. Il avait rejoint la section PS de cette ville en 1977 et en avait été secrétaire de section de 1979 à 1981. Il fut réélu aux élections municipales de 1989 mais minoritaire, il démissionna du conseil municipal avec fracas en 1990 à la suite de la décision unilatérale prise par la majorité conduite par le maire RPR, Baptiste Carminati, de supprimer les subventions et fermer la MJC de Talant. Le tribunal administratif annulera cette décision trois ans plus tard. Il avait participé de façon active à l’association « l’Union de Talant » qui regroupait les opposants de gauche.

Retraité en 1995, il adhéra avec son épouse au Groupement des retraités éducateurs sans frontière dont l’objectif vise à apporter, tant aux enseignants locaux qu’aux élèves, un appui et un accompagnement de l’apprentissage de la langue française. Ce fut ainsi qu’ils participèrent jusqu’en 2006 à des missions au Liban, en Slovaquie et en Tchéquie.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article171623, notice FLEITH Pierre, Nicolas par Jean-Christophe Pérignon, version mise en ligne le 21 mars 2015, dernière modification le 30 août 2022.

Par Jean-Christophe Pérignon

SOURCES : Entretiens avec Pierre Fleith, 14 octobre 2014. — Archives personnelles de Pierre Fleith. — Association bourguignonne des Amis du Maitron. — Madeleine Singer, Histoire du SGEN (1937-1970) : le syndicat général de l’Éducation nationale, Lille, Presse universitaire de Lille, 1987.

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