Par Alain Dalançon
Né le 19 décembre 1923 à Bazas (Gironde), mort le 26 mars 2019 à Captieux (Gironde), professeur de l’enseignement technique ; militant syndicaliste du SNET puis du SNES, secrétaire du S2 de la Gironde, membre de la CA et du BN ; militant associatif et socialiste (SFIO puis PS) de la Gironde, adjoint au maire de Cenon (Gironde) de 1980 à 1995.
Troisième enfant et seul fils d’un petit agriculteur autodidacte devenu clerc d’avoué, militant socialiste du Parti socialiste SFIO, et d’une mère sans profession décédée alors qu’il était très jeune, Jean-Pierre Bonnac alla à l’école primaire puis au cours complémentaire de Bazas où il obtint le certificat d’études complémentaires. À 14 ans, il entra comme apprenti aux Chantiers navals de la Gironde, suivit des cours du soir qui lui permirent d’obtenir trois certificats d’aptitude professionnelle, un brevet professionnel, et de devenir ainsi ouvrier qualifié.
Sous l’Occupation, son père organisait des passages clandestins à Bazas traversé par la ligne de démarcation, et était actif dans la résistance locale ; lui-même fournissait à cette résistance des renseignements sur les trafics portuaires de Bordeaux.
Après la libération de Bordeaux en septembre 1944, Jean-Pierre Bonnac fut mobilisé au 196e Régiment d’Artillerie lourde, il participa ensuite au siège de La Rochelle-La Pallice en 1945, puis fut affecté dans l’ancien camp allemand de Jaunay-Clan (Vienne) et termina son service militaire comme maréchal des logis à Belfort.
Revenu à la vie civile en 1946, il travailla à nouveau aux Chantiers navals de la Gironde. Il était alors militant de la CGT qu’il avait contribué à réorganiser clandestinement aux chantiers en 1944 ; par cet intermédiaire syndical, il devint pendant deux années moniteur des Centres de formation professionnelle pour adultes créés par Ambroise Croizat, ministre du Travail. En 1948, il vécut douloureusement la scission de la CGT et la marginalisation que lui firent subir ses camarades communistes, alors qu’il souhaitait reprendre le travail. Il suivit des cours par correspondance et fut reçu au concours de professeur technique-adjoint (spécialité fabrication mécanique) en 1949. Affecté à la rentrée scolaire suivante au collège technique Gustave Eiffel de Bordeaux (qui devint lycée), il y termina sa carrière en 1984, au grade de professeur technique, après avoir été reçu au concours interne spécial en 1974.
Jean-Pierre Bonnac se maria exclusivement civilement le 25 octobre 1947 avec Jacqueline Arnaud, secrétaire, avec laquelle il eut un fils, décédé à l’âge de 5 ans.
Syndiqué au Syndicat national de l’enseignement technique dès le début de sa carrière d’enseignant, il fut secrétaire de la section syndicale de son établissement (S1) dans les années 1960 et membre de la commission administrative nationale sur la liste « autonome », suppléant de 1959 à 1961 puis titulaire de 1961 à 1966. Sollicité par Louis Astre, alors secrétaire général du SNET, pour devenir secrétaire national de la catégorie des PTA, il préféra rester à Bordeaux, où il avait beaucoup d’activités. Au cours de cette période, il fut notamment directeur adjoint des cours du soir à la Bourse du travail de Bordeaux de 1956 à 1960.
Après la fusion du SNET avec le SNES en 1966, Bonnac demeura secrétaire de son S1, siégea de façon continue à la CA nationale du nouveau SNES de 1966 à 1992, au titre du courant autonome (devenu ID, UID puis UIDR), en tant qu’actif, candidat au secrétariat de catégorie des PTA tant qu’il appartint à ce corps, puis en tant que retraité. Il siégeait également aux commissions paritaires académique et nationale des PTA et fut élu suppléant au Conseil de l’Enseignement Général et Technique, dans le collège 14 des PTA des lycées techniques en 1969. Il défendit toujours avec pugnacité, tant à l’intérieur de son syndicat que dans ces instances paritaires, la cause des enseignements techniques et de leurs personnels et la formation continue.
Jean-Pierre Bonnac fut aussi et surtout responsable du SNES et de la FEN dans un département où la tendance majoritaire fédérale était bien implantée. Membre de l’exécutif de la section académique (S3) du SNES en 1967-1969 aux côtés de Claude-Jean Hourcau et d’ André Mondot, il perdit cette responsabilité quand la liste Unité action dirigée par Renée Augé-Orcié devint majoritaire aux élections de 1969 mais il demeura secrétaire de la section départementale (S2) de Gironde de 1969 à 1979, une des rares à avoir conservé une majorité UID. Il était également secrétaire adjoint de la section départementale de la FEN. Cette période fut marquée par d’âpres débats avec les militants U-A.
Jean-Pierre Bonnac était en même temps administrateur départemental de la Mutuelle assurances des instituteurs de France, administrateur de la section départementale de la Mutuelle générale de l’Éducation nationale, dont il fut un moment le secrétaire. Il fut ensuite élu administrateur de la Caisse primaire d’Assurance maladie au titre de la FEN, à partir de 1981, puis de la Caisse régionale d’Assurance maladie de l’Aquitaine de 1989 à 1996, et à ce titre était administrateur de plusieurs hôpitaux.
Militant socialiste du Parti socialiste SFIO depuis sa jeunesse, Jean-Pierre Bonnac continua de l’être au Parti socialiste. Il fut secrétaire de la section (jusqu’à 200 adhérents) de sa ville de résidence dans la banlieue bordelaise, Cenon, de 1969 à 1993, et membre du bureau fédéral. Élu au conseil municipal de cette commune de plus de 20 000 habitants, il occupa la fonction d’adjoint au maire de 1980 à 1995, chargé du personnel. Cette responsabilité l’amena à être administrateur du Centre national de la Fonction publique territoriale de 1982 à 1995.
Veuf en 1989, il se remaria avec une veuve, adjointe au maire de Cenon comme lui, Geneviève Macouillard, décédée en 2002. En 2005, il était toujours militant au PS, se reconnaissant dans le courant fabiusien. Il habitait sa maison de Cenon, dans un lotissement de 96 maisons complètement aménagé au début des années 1960 par une société d’accession à la propriété populaire, qu’il avait créée et dirigée avec un petit groupe de militants bénévoles. Il était chevalier des Palmes académiques.
Par Alain Dalançon
SOURCES : Archives syndicales de l’IRHSES (fonds SNET, SNES, S3 de Bordeaux).— Témoignage de l’intéressé et témoignages oraux. — Notes de J. Veyret.