TOUCHARD Pierre-Aimé

Par Alain Dalançon

Né le 15 août 1903 à Mézeray (Sarthe), mort le 11 novembre 1987 à Paris ; écrivain, Administrateur général de la Comédie Française, Directeur du Conservatoire national supérieur d’art dramatique ; militant syndicaliste des répétiteurs, résistant, théoricien du théâtre et de la télévision.

Pierre-Aimé Touchard était le dernier des trois enfants d’Aimé, Hyppolite Touchard, instituteur, et de Louise Estelle Genêt, sans profession. Il avait une sœur, Blanche, et un frère Jean. Son père était investi dans le mutualisme, trésorier de la société scolaire de secours mutuels de circonscription de la Flèche avant-guerre. Instituteur à Ecommoy, il devint directeur d’école au Mans puis du cours complémentaire et prit sa retraite en 1934 en étant directeur départemental des assurances sociales.

Elevé dans le respect de la laïcité et de la patrie dans cette famille pieuse, Aimé Touchard obtint le baccalauréat au lycée du Mans et s’inscrivit en Sorbonne. Après avoir été surveillant de 1922 à 1924, il devint répétiteur à Dreux (Eure-et-Loir), puis au collège de Melun (Seine-et-Marne). Il fut élu en mai 1928 secrétaire de la section académique de Paris du Syndicat national des répétiteurs et répétitrices de collège de France et d’Algérie, ainsi que membre de son secrétariat national. À la rentrée scolaire suivante, il fut nommé, à sa demande, au lycée Henri IV à Paris. Il abandonna alors toutes ses fonctions syndicales, étant remplacé à la tête de la section parisienne du syndicat par Victor Pillon.

Licencié ès lettres, il ne souhaitait pas faire carrière dans l’enseignement mais avait l’ambition de devenir critique littéraire. Après la sortie du premier numéro d’Esprit, il entra en contact en 1932 avec Emmanuel Mounier qui le chargea de la « Chronique du théâtre vivant » à partir de février 1933. P-AT pour ses amis, devint un des piliers de la revue et du mouvement. Dans sa chronique régulière et dans le numéro spécial sur « L’art et la révolution spirituelle », puis dans un petit livre de la collection « Esprit », Dionysos, il plaidait pour un théâtre revenant à ses origines, loin du « théâtre superficiel [...] fermé au mouvement politique et social ».

Au retour d’un voyage à Moscou en 1936, il fit part de son désarroi devant les purges staliniennes. En 1938, à la suite des Accords de Munich, il lança avec Mounier un nouveau journal politique afin de dénoncer ces accords, Le Voltigeur, supplément d’Esprit, dont il garda la co-direction jusqu’en mai 1940. Des dissentiments intervinrent entre les deux hommes à la suite de la mise en place du régime de Vichy. Cependant il accepta la reparution de la revue en juillet 1941. Et c’est sans doute à la demande de François Perroux appuyé par Jacques Madaule, qu’il accepta peu après la direction de la Maison des Lettres de Paris, foyer d’étudiants subventionné par le gouvernement. Il le dirigea jusqu’à la Libération et en fit un foyer d’activités clandestines, relais pour l’école de cadres des maquis de Robert Soulage « Sarrazac ».

En 1945, Pierre-Aimé Touchard créa l’association Théâtre et Culture (TEC), avec Jean-Marie Serreau, Maurice Delarue et Joseph Rovan. Entre 1946 et 1947, il fut inspecteur principal des spectacles à la Direction générale des Arts et des Lettres, poste qu’il reprit entre 1953 et 1955 quand il fut chargé de la décentralisation dramatique et des jeunes compagnies. Entre-temps, de 1947 à 1953, il fut administrateur de la Comédie-Française à un époque difficile, obtenant le retour des anciens comédiens, rajeunissant et augmentant le répertoire et redonnant du lustre aux grandes premières. Devenu inspecteur général des spectacles de 1955 à 1968, il présida le comité des programmes de la télévision française (1958-1962), fut conseiller littéraire à l’ORTF (1959-1967), et professeur à l’INSAS (Institut national supérieur des arts du spectacles et des techniques de diffusion) (1962-1964).

En 1968, ayant toujours été à l’écoute de la jeunesse, la remise en question de l’enseignement l’enthousiasma et il dirigea de 1968 à 1974 le Conservatoire national supérieur d’art dramatique. Tout en assurant la direction des programmes de télévision à l’ORTF de 1969 à 1971 puis en étant délégué du directeur général de l’ORTF en 1971-1972.

Après sa mise à la retraite administrative en 1974, il termina son parcours en étant directeur du Théâtre d’Orléans de 1975 à 1981.

Dans son hommage après sa mort, Antoine Vitez écrivit : « Comme il aimait qu’on le prît pour un autre ! Comme il jouissait d’être regardé comme un bourgeois conservateur, alors qu’il était un dangereux agitateur ! »

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article172050, notice TOUCHARD Pierre-Aimé par Alain Dalançon, version mise en ligne le 1er avril 2015, dernière modification le 9 janvier 2021.

Par Alain Dalançon

OEUVRE :
Livres : Dionysos, Apologie pour le Théâtre, Aubier, 1938. — Les Grands Ecrivains Français, de Rabelais à Hugo, PUF, 1941. — L’Amateur du Théâtre ou la Règle du Jeu, Seuil, 1952. — Histoire sentimentale de la Comédie Française, Seuil, 1955. — Grandes heures de Théâtre à Paris, Librairie Académique Perrin, 1965. — Le Théâtre et L’Angoisse des Hommes, Seuil, 1968.
Textes d’émission télévisées : Images pour Baudelaire, 1959. — Portrait-souvenir : Molière, 1963. —Jacques Copeau, 1966. — Les Colonnes du ciel, série de Gabriel Axel, d’après la série romanesque, Les Colonnes du ciel, de Bernard Clavel (1976-1981)

SOURCES : Arch. Dép. Sarthe, état civil — Le Professeur adjoint, organe du Syndicat national des répétiteurs et répétitrices des collèges de France et d’Algérie, avril, mai, octobre 1928 (BNF, Gallica).— P-A Touchard, Six années de Comédie Française, Mémoires d’un Administrateur, Seuil, 1955. — Esprit https://esprit.presse.fr/ressources/portraits/pierre-aime- touchard-331— Pierre-Aimé Touchard, 1903-1987, Revue d’histoire du Théâtre, 1990 – 1-2, N° 165/166. — André Clavé, Théâtre et Résistance – Utopies et Réalités, A.A.A.C., Paris, 1998. Pierre Aimé TOUCHARD, Radioscopie, entretien avec Jacques CHANCEL, 17 juil. 1969.— Notes de Louis Botella.

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