ERNEST François.

Par Jean Puissant

Né à Ixelles ou Uccle (pr. Brabant, arr. Bruxelles ; aujourd’hui Région de Bruxelles-Capitale) selon Jan Moulaert, en 1866. Typographe, anarchiste.

François Ernest, qui a été employé des postes et télégraphes, est signataire du Manifeste républicain en septembre 1884. Il est toujours membre de l’avant-garde républicaine en 1886. Il peut être considéré comme anarchiste dès 1885. Selon un rapport de la police du 8 août 1885, il « vit avec sa mère, veuve », « qu’il est très intelligent, aimé et écouté par ses amis anarchistes ».

Âgé de vingt ans à peine, François Ernest figure parmi les anarchistes bruxellois les plus actifs avec les Govaerts, Monier…, en 1885-1886, au moment où l’anarchie connaît un regain d’intérêt après les impasses de 1880. Il participe au milieu qui édite L’Insurgé de mars à mai 1885, puis Ni dieu ni maître (mai 1885-mars 1886) qui lui succède, et probablement aux titres suivants, L’Interdit, L’Anarchiste. Les textes sont anonymes, il n’est donc pas possible d’identifier sa participation.

François Ernest est considéré comme complice (coauteur) de l’opuscule dû en fait à l’anarchiste français Pol Martinet qui accuse le bourgmestre Charles Buls d’être mêlé au « scandale des petites anglaises » qui agite l’opinion à l’époque. Il se dénonce comme l’auteur du pamphlet. Le 6 août 1885, il est condamné à des dommages et intérêts pour ce fait. Il est également considéré comme l’auteur du manifeste anarchiste anonyme distribué en mars 1886 et appelant à l’émeute et au pillage dans les Galeries et au quartier Léopold (Bruxelles). Cette action fait suite à à la grève de Liège (pr. et arr. Liège), suscitée par les anarchistes à la suite d’une commémoration de la Commune le 18 mars, et aux grèves violentes de Charleroi.

« Compagnons de misère…

Une ressource nous reste pour obvier à cet état de choses douloureux. Nous avons pu voir à la devanture des magasins luxueusement étalés, vous invitant en quelque sorte à les prendre, les objets de première nécessité que l’exiguïté (sic) de nos ressources ne nous permettent (sic) pas d’acquérir.

Et bien compagnons, allons les prendre.

À cet effet réunissons-nous samedi soir, à 7 h, Marché aux Herbes devant le passage (galerie de la Reine) et à l’aide du nombre et de notre énergie, emparons-nous de tout ce dont nous sommes dépourvus.

Et que le mot d’ordre soit donné, que chacun mette le feu au bouge qu’il occupe et ensemble nous irons prendre domicile au quartier Léopold. »

François Ernest est arrêté le 1er avril 1886, relâché le lendemain, pour sa participation à la rédaction, la fabrication et la distribution de ce manifeste. Il habite alors au n°3, impasse de la Cheminée 3, dans la rue des Alexiens.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article172082, notice ERNEST François. par Jean Puissant, version mise en ligne le 3 avril 2015, dernière modification le 14 juillet 2022.

Par Jean Puissant

SOURCES : Archives de la ville de Bruxelles, fonds de la police – MOULAERT J., Le mouvement anarchiste en Belgique 1870-1914, Ottignies-Louvain-la-Neuve, 1996 – Les anarchistes, Dictionnaire biographique du mouvement libertaire francophone, Paris, 2014.

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