COPERBAC Rauchla, dite Rachel.

Par Jo Szyster

Kichinev (Bessarabie), 14 mai 1908 – Uccle (Région de Bruxelles-Capitale), 5 janvier 2004. Ouvrière tailleuse, syndicaliste, militante communiste et de « Solidarité juive », membre des Partisans armés, déportée.

À la naissance de Rauchla, dite Rachel, Coparbac, la Bessarabie faisait partie de l’empire tsariste. Elle est donc née russe mais devenue roumaine. Après la révolution bolchévique, la Bessarabie est partiellement rattachée à la Roumanie, ce qui explique qu’elle quittera son pays d’origine avec la nationalité roumaine, mais garde son prénom russe « Rauchla ».

Le père de Rachel Coperbac meurt trois ans après sa naissance. La mère reste veuve avec cinq enfants, deux garçons et trois filles. La sœur aînée part en Amérique, Rachel devient donc l’aînée de la famille. La sœur cadette de Rachel, Etlea, sera prénommée Emma en Belgique.
Rachel Coperbac aide sa mère à tenir le ménage jusqu’à l’âge de quatorze ans, puis elle entre dans un atelier de couture où elle adhère au syndicat. Son activité syndicale entraîne son arrestation. Elle reste deux mois en prison. Elle quitte la Roumanie en 1929 et arrive en Belgique.

Rachel Coperbac s’installe à Anvers (Antwerpen, pr. et arr. Anvers), et travaille comme ouvrière tailleuse dans un atelier de bonneterie. Rachel épouse la même année un ouvrier ébéniste, Joseph Ghilman, dont elle aura en 1932 une fille, Vera. La même année, elle est renvoyée de l’atelier de bonneterie pour s’être absentée sans permission le jour du 1er mai.
Elle continue à travailler, toujours comme ouvrière tailleuse jusqu’en 1940, à Anvers d’abord puis à Bruxelles, où, séparée d’avec Joseph Ghilman depuis 1936, elle vit avec Abel Chaïm, un ingénieur né à Vilnius en 1907 et immigré en Belgique en 1926. Elle adhère au syndicat du vêtement.

Dès 1939, peu après la création du mouvement « Solidarité juive », Rachel Coperbac y est active avec son ami Abel qui milite également au mouvement « Prokor ».
Le travail et l’activité politique ne leur permettent pas de s’occuper de Véra. L’enfant est donc placée dans un internat de Bruxelles dont la résidence d’été est située à Gouy-lez-Piéton (aujourd’hui commune de Courcelles, pr. Hainaut, arr. Charleroi).

En 1940, Rachel Coperbac et Abel Chaïm sont entraînés par le flot de réfugiés. Ils arrivent à Lille (département du Nord, France) d’où ils retournent à Bruxelles et y retrouvent la petite Véra. R. Coperbac s’inscrit en décembre au Registre des Juifs de Schaerbeek. Ultérieurement, ils sont inscrits tous trois comme ménage à l’Association des Juifs de Belgique (AJB).
Rachel Coperbac reprend son travail à l’atelier et renoue ses relations avec les amis d’avant guerre dont notamment ceux de « Solidarité juive ». Elle participe à l’activité du Comité de défense des Juifs (CDJ), notamment le placement d’enfants juifs dans des familles non juives. Elle devient courrière dans un groupe de résistants à Schaerbeek (pr. Brabant, arr. Bruxelles ; aujourd’hui Région de Bruxelles-Capitale) dont le responsable est Michel Moerenhout, militant du Parti communiste belge (PCB).

Dès 1942, Rachel Coperbac entre dans l’illégalité. Son ami, Abel Chaïm, membre des Partisans armés (PA) depuis 1941, reste dans leur ancien domicile de la rue Verboeckhoven. Il est arrêté en juillet 1943 et envoyé à la Caserne Dossin à Malines (Mechelen, pr. Anvers-Antwerpen, arr. Malines). Il ne reviendra pas de déportation.
Rachel devient courrière nationale aux PA, assurant la liaison entre Bruxelles, Liège et Namur. Elle est arrêtée le 13 avril 1944 au cours d’un rendez-vous avec une courrière de l’État-major, Rachelle François. Interrogée par la Sipo SD, avenue Louise à Bruxelles, Rachel Coperbac est enfermée au cachot deux mois, du 20 avril au 13 juin, à la caserne Dossin. Incarcérée ensuite à la prison de Saint-Gilles (pr. Brabant, arr. Bruxelles ; aujourd’hui Région de Bruxelles-Capitale), elle part de là le 19 juin pour le camp de Ravensbrück (Brandebourg, Allemagne). Libérée le 23 avril mais hospitalisée à cause du typhus, elle est rapatriée en Belgique via la Suède le 29 juin 1945.

Après la guerre, Rachel Coperbac reprend son travail de couturière dans un atelier de confection (Maroma) et aussi son activité au syndicat. Elle sera déléguée syndicale jusqu’à sa retraite. Elle acquiert la nationalité belge en 1960.
Elle renoue aussi ses contacts avec l’organisation et ses amis de « Solidarité juive ». Reconnue Résistante armée (aux PA) et prisonnière politique, elle est décorée au rang de Chevalier de l’Ordre de la Couronne.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article172111, notice COPERBAC Rauchla, dite Rachel. par Jo Szyster, version mise en ligne le 5 avril 2015, dernière modification le 9 janvier 2020.

Par Jo Szyster

SOURCES : Archives générales du Royaume, Fonds SPF Sécurité sociale, Direction générale Victimes de la guerre, Bruxelles : dossier Prisonnier politique – CArCoB, dossier CCP – Centre d’archives et de documentation de la Kazerne Dossin – SCHRAM L., La caserne Dossin, manuscrit inédit, (2015).

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