ROBERT Guy, André, Michel

Par Robert Kosman, Claude Pennetier

Né le 18 mars 1943 à Ranville (Calvados) ; technicien dans l’automobile à la Saviem de Blainville (Calvados) de 1964 à la fin 2000 ; militant CFDT (1964- 2000) ; secrétaire de l’Union régionale CFDT de Basse-Normandie ; puis adhérent à « SUD Industrie Basse Normandie » (1999 – 2022). Sa non reprise au retour du service militaire provoqua "l’affaire Guy Robert".

Guy Robert devant le grille de la Saviem à Blainville lors de sa réintégration en février 1972.
Guy Robert devant le grille de la Saviem à Blainville lors de sa réintégration en février 1972.

Fils d’Arthur Robert, coiffeur puis salarié d’une laiterie son père fit toute sa carrière à la Société Métallurgique de Normandie (SMN) à Mondeville et d’Alice, une mère sans profession qui éleva huit enfants. Son père fut syndicaliste à la laiterie et militant familial à l’UNAF. Le frère aîné, plus âgé de douze ans, militait à la CFDT à la SMN et eut de l’influence sur Guy. La famille était de tradition catholique pratiquante.
Guy Robert fut élève en primaire à l’école Pierre Hilly à Ranville (Calvados), puis au lycée Malherbe de Caen et au lycée professionnel Laplace dans la même ville. Ses études lui permirent d’obtenir deux CAP (ajustage et dessin industriel) en 1959, un Brevet d’Enseignement Industriel (BEI) en 1961 et un Brevet de Technicien Supérieur (BTS) en 1964. Il milita à la JOC entre 15 et 18 ans puis au CLAJ (club de loisirs et d’action de la jeunesse) en région parisienne de 18 à 20 ans.
Guy Robert entra à la Saviem, à Blainville-sur-Orne (Calvados) en juillet 1964
Il adhéra à la CFDT en novembre de la même année, d’abord technicien au contrôle, Guy Robert fut un "meneur" des grèves de 1968. Il fit ensuite son service militaire en novembre 1968 dans des conditions difficiles, père de deux enfants il fut affecté pour ses classes à Sissonne (infanterie de marine dans l’Aisne). Affecté ensuite à Caen, il refusa l’éloignement dans un bataillon disciplinaire de l’infanterie de marine (RIMA à Vannes). Après intervention centrale de la CFDT, il fut en définitive affecté à Carpiquet près de Caen.
À sa démobilisation en octobre 1969, l’entreprise de la construction automobile refusa de le reprendre et lui annonça son licenciement. Le même jour, l’armée refusait sa libération anticipée. C’était clairement une revanche sur mai 68, la Saviem voulait se débarrasser d’un militant syndical. Ce fut "l’affaire Guy Robert" qui dura trois ans. Après de nombreuses procédures, il fut réintégré en février 1972 suite à une décision de justice du tribunal correctionnel qui contraignit le directeur de l’usine de Blainville et le PDG de la Saviem Bernard Vernier-Paillez, à procéder à la réintégration sous peine d‘être condamné à une peine de prison ferme en cas de refus.
Ce jugement du tribunal correctionnel obligeait la SAVIEM à appliquer le jugement de la chambre criminelle de la Cour de Cassation qui avait validé le mandat de délégué syndical et le droit de participer aux élections des délégués du personnel.
Par crainte de la direction peu de services souhaitaient la présence de Guy Robert, il fut finalement affecté comme dessinateur, au service méthodes, qui correspondait à sa qualification où il fut employé jusqu’à sa retraite prise à la fin de l’année 2000.

Dans ces années 1970, les mentalités furent bouleversées. Lorsque Guy Robert apprit, la radiation des prêtes ouvriers par le Vatican puis, tardivement, la signature du concordat de 1933 du pape Pie XII avec l’Allemagne de Hitler et son soutien à Franco en Espagne, il se détacha de sa liaison avec la foi religieuse. En parallèle, il se sentait proche du Parti Socialiste Unifié (PSU) mais n’adhéra pas à celui-ci. Il voulait « éviter une confusion des mandats syndicaux et politiques ».
Son engagement à la CFDT lui permit des responsabilités multiples. Il fut délégué du personnel à la Saviem (1966-2000), délégué au CHSCT (1982-2000). Il siégea au Bureau national de la CFDT de 1973 à 1976, fut secrétaire de l’Union régionale CFDT de Basse-Normandie de 1975 à 1995 et fut aussi pendant onze ans conseiller prud’homal à Caen. Il fut permanent pour son syndicat de 1975 à 1980. Il reprit son travail à la SAVIEM, devenue Renault VI.
Au milieu des années 1970, il estima « que l’orientation de la CFDT confédérale s’était dégradée sous la direction d’Edmond Maire qui avait déjà mis à mal l’indépendance de la CFDT en l’engageant officiellement 
dans les « Assises du Socialisme » en contradiction avec ses statuts. Puis, à l’approche de l’élection présidentielle de 1981, la confédération avait abandonné la lutte contre la précarité en signant la « convention intérim » et avait pris ses distances dans la lutte contre le nucléaire incarné en Basse-Normandie par le centre de retraitement de La Hague. »
« L’Union régionale CFDT de Basse-Normandie prit toute sa place pour résister aux dérives qui se poursuivirent avec Nicole Notat et Jean Kaspar. Constatant que le réformisme l’avait emporté et qu’il cautionnait des politiques lourdes de conséquences pour les salariés, l’équipe régionale démissionna en juin 1999. La majorité des militants CFDT de Basse-Normandie rejoint alors SUD Solidaires. ».
Peu avant sa retraite Guy Robert adhéra à SUD Industrie Basse Normandie rejoignant ainsi l’Union syndicale Solidaires créée avec l’aide d’Annick Coupé quelques années auparavant. La personnalité de Guy Robert fut mise en avant dans la rupture avec la CFDT. Il termina ses mandats en étant adhérent de son nouveau syndicat dans lequel il était toujours militant actif en 2022.

Sur un plan personnel il se maria en août 1965 avec Arlette née Longuet, enseignante. Ils eurent trois enfants : Xavier en 1968, Fanny en 1969 et Emmanuel en 1972.

En 2022, retraité, il habitait dans la commune d’Ifs près de Caen, il impulsait dans son syndicat « une réflexion pour s’opposer aux effets désastreux du capitalisme financier autoritaire qui déferle sur toute la planète et qui a pris la place du capitalisme industriel. »

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article172184, notice ROBERT Guy, André, Michel par Robert Kosman, Claude Pennetier, version mise en ligne le 8 avril 2015, dernière modification le 3 mai 2022.

Par Robert Kosman, Claude Pennetier

Guy Robert devant le grille de la Saviem à Blainville lors de sa réintégration en février 1972.
Guy Robert devant le grille de la Saviem à Blainville lors de sa réintégration en février 1972.

SOURCES : Entretien et correspondance avec Guy Robert en avril 2022 — Jérôme Letournel, Socialisme et socialistes dans le Calvados des origines à la fin du XXe siècle (1864-1998), thèse, Université de Caen, 2013, p. 738. — Syndicalisme hebdo, 17 février 1972. — Michel François, L’affaire Guy Robert ou la revanche de 1968, Edité par l’UD CFDT du Calvados, 1970 (livre tiré à 10 000 exemplaires et qui joua un rôle important dans la victoire judiciaire).

rebonds ?
Les rebonds proposent trois biographies choisies aléatoirement en fonction de similarités thématiques (dictionnaires), chronologiques (périodes), géographiques (département) et socioprofessionnelles.
Version imprimable