SICRE Michel, Laurent

Par Didier Bigorgne

Né le 29 septembre 1901 à Leychert (Ariège), mort le 4 décembre 1972 à Montgailhard (Ariège) ; machiniste, puis vigneron ; syndicaliste CGT et militant communiste ; responsable du Front national, résistant FTPF et président du comité départemental de Libération de la Marne ; maire de Reims (1945-1947).

Michel Sicre dans  son bureau à la mairie de Reims
Michel Sicre dans son bureau à la mairie de Reims

Michel Sicre était le fils de Paul Basile Sicre, cultivateur, et de Maria Costesèque, mère au foyer. Avec le divorce de ses parents, il vécut et travailla à la ferme avec son père. Il ne fréquenta pas l’école, et apprit seul à lire et à écrire. Après le service militaire, Michel Sicre s’installa à Paris. Embauché à la société des Transports en commun de la région parisienne, il exerça le métier de chauffeur de bus. Le 6 février 1926, à Paris, il épousa Madeleine Alexandrine Minard, sans profession, qui lui donna trois enfants (un garçon et deux filles).

Michel Sicre avait adhéré à la CGTU en 1924. Il fut désigné en 1934 secrétaire du syndicat CGTU de la société TCRP qui groupait 3800 adhérents, selon la police. De 1937 à 1939, il représenta, en qualité de secrétaire du syndicat CGT, les transports, chemins de fer et manutention, à la commission administrative de la Bourse du Travail de Paris. Membre du Parti communiste depuis 1927, Michel Sicre fut son candidat aux élections municipales du 5 mai 1935 dans le XVe arr. de Paris (2e circonscription, quartier Necker) ; il obtint 890 voix sur 7094 inscrits.

Mobilisé en 1939 au 15e régiment d’infanterie, Michel Sicre servit ensuite dans la 5e compagnie du Train. Il fut démobilisé le 5 juillet 1940. De retour à Paris, il entra en résistance dès le 25 août 1940, en devenant responsable des groupes clandestins CGT dans les dépôts de l’est parisien de la STCRP : il organisa la rédaction, l’impression et la diffusion de tracts anti-allemands. Inquiété par la Gestapo qui avait repéré son domicile, il partit avec sa famille, à Avallon (Yonne), le 6 mars 1941.

Michel Sicre, entré au Front national le 25 août 1941, passa vite dans la clandestinité. Il devint responsable interrégional, civil et militaire, pour différents départements : la Marne, la Haute-Marne et l’Aube du 1er septembre au 31 décembre 1941, puis le Doubs, la Haute-Saône, le Territoire de Belfort et le Jura du 1er janvier 1941 au 1er mai 1942. Pourchassé par la police allemande, Michel Sicre réussit à rejoindre le département de la Saône-et-Loire ; la Gestapo avait alors accentué la menace par l’arrestation et l’incarcération de sa fille aînée, âgée de quatorze ans, à l’orphelinat « Les petites bleues »d’Avallon. Il fut ensuite responsable technique (des services d’imprimerie clandestine) en Côte-d’Or du 24 avril 1943 au 21 novembre 1943.

Nommé dans le département de la Marne, Michel Sicre organisa la Résistance FTPF. Il coordonna aussi les mouvements de résistance qui donnèrent naissance, au printemps 1944, au comité départemental de Libération. Il y siégea, au titre de la CGT, et en devint le président. Dans le même temps, il contribua à fonder le journal L’Union dont le premier numéro parut dans la clandestinité le 30 août 1944. Michel Sicre, membre de l’état major FTPF-FFI avec le grade de capitaine, participa aux combats de la libération de Reims les 28, 29 et 30 août 1944. Dans les premiers jours d’octobre 1944, il présida un meeting au Cirque municipal de Reims qui rassembla 5 000 personnes, en présence du colonel FTPF Albert Ouzoulias, et appela à la formation de milices patriotiques « pour imposer le véritable ordre français et démocratique ».

Avant les élections municipales des 29 avril et 13 mai 1945, Michel Sicre, en qualité de président du CDL, invita tous les partis politiques à former une liste commune d’union. Devant l’échec des négociations pour le premier tour, il consentit à être candidat sur une liste d’unité patriotique, républicaine et antifasciste composée de dix-sept communistes, onze socialistes et huit indépendants au second tour. Élu conseiller municipal le 13 mai, Michel Sicre devint maire de Reims le 19 mai suivant (à l’élection du maire, il réunit 19 voix sur 36 votants contre 17 voix au socialiste Jacques Bott, docteur en médecine). Il improvisa alors un discours qu’il termina en déclarant : « Si nous savons être convaincus et résolus à aboutir comme dans la clandestinité, nous nous rendrons dignes de la confiance de nos concitoyens. Soyons pour cela une municipalité d’action ». Le 7 juillet 1945, deux mois après la signature de la capitulation de l’Allemagne à Reims, Michel Sicre reçut du général américain Lord les clés de la salle de reddition.

Le 19 octobre 1947, Michel Sicre fut réélu conseiller municipal de Reims sur la liste du Parti communiste qui obtint onze élus (contre seize au RPF, cinq au Parti socialiste SFIO, cinq au MRP). Très affecté par les attaques personnelles violentes portées par ses adversaires pendant la campagne électorale, il quitta la ville de Reims quelques mois plus tard pour retrouver son Midi natal.

Michel Sicre acheta une petite propriété dans le département de l’Aude, avec l’héritage des parents. Il devint agriculteur-vigneron au hameau de Couleurs, commune d’Espéraza. Homme travailleur et énergique, il donna une impulsion nouvelle à la cave coopérative de Couiza et présida le syndicat des vignerons d’Espéraza. Malade d’un cancer, Michel Sicre se rapprocha de sa plus jeune fille domiciliée à Foix, en s’installant avec son épouse à Montgailhard. Membre du Parti communiste et lecteur du journal L’Humanité jusqu’à sa mort, il était titulaire de la médaille de la Résistance et chevalier de l’ordre de Léopold de Belgique.

Aujourd’hui une rue de Reims porte le nom de Michel Sicre.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article172239, notice SICRE Michel, Laurent par Didier Bigorgne, version mise en ligne le 10 avril 2015, dernière modification le 5 novembre 2019.

Par Didier Bigorgne

Michel Sicre dans son bureau à la mairie de Reims
Michel Sicre dans son bureau à la mairie de Reims
Michel Sicre
Michel Sicre

SOURCES : Arch. PPo. 300. — Agendas de la Bourse du travail de Paris. — Arch. Dép. Marne, M 5583 (élections municipales de 1945). — L’Humanité, 6 mai 1935. — Notice DBMOF. — Service historique de la Défense (Vincennes), dossier Michel Sicre, 16P 547802.— L’Union, 21 mai 1945.— Jean-Pierre et Jocelyne Husson, La Résistance dans la Marne, collection Histoire en mémoire 1939-1945, Cédérom CRDP Champagne-Ardenne, 2013.— Presse locale. — Notes de Gérard Soufflet.— Témoignages de Guy Sicre et de Christiane Alard-Sicre, enfants de l’intéressé (2 et 3 avril 2015). — État civil de Leychert.

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