STELLATO Gaston

Par André Balent

Né le 20 novembre 1922 à Perpignan (Pyrénées-Orientales), mort le 8 novembre 1974 à Cannes (Alpes-Maritimes) ; militant des Jeunesses socialistes SFIO avant 1939 ; agent de liaison du réseau Brutus (CAS, Libération-Sud, MUR) ; déporté à Buchenwald (Thuringe, Allemagne).

Gaston Stellato était le fils de Placido Stellato né le 10 octobre 1896 à Maratea (province de Potenza, Basilicate Italie), employé du gaz à Perpignan et de Concetta Scarfo née le 31 juillet 1897 à Gerace Marina (nommée Locri depuis 1934, province de Reggio Calabria, Calabre, Italie). Ils étaient domiciliés rue des Commères dans le quartier Saint-Jacques de Perpignan. Il se maria à Vichy (Allier) le 5 septembre 1942 avec Clémence, Marie Grand. Ce mariage fut dissous par le tribunal de Grasse (Alpes-Maritimes) le 27 août 1953. Il se remaria à Cannes (Alpes-Maritimes) le 1er juin 1972 avec Éliane, Mathilde Paput.

En 1938, Gaston Stellato adhérait aux Jeunesses socialistes SFIO des Pyrénées-Orientales. Il écrivait dans le mensuel La Voix des Jeunes socialistes catalans, organe de l’Entente des Jeunesses socialistes des Pyrénées-Orientales.

Gaston Stellato fut un résistant actif des Pyrénées-Orientales. Il participa aux actions de mouvements et réseaux de la mouvance socialiste SFIO (Voir Olibo Jean, Rous Joseph [de Puyvalador], Mayneris Marcel) : à partir du début de 1943, il fut agent de liaison des CAS, de Libération-sud puis des MUR et du réseau « Brutus » de renseignements et de passages vers l’Espagne lié à ces organisations. Ce fut, Joseph Rous [de Puyvalador]*, socialiste SFIO, deuxième chef départemental de Libération-sud qui le choisit afin de remplacer dans ces fonctions le Vendéen Picorit dont on sut à la Libération qu’il était un agent de la SIPO-SD (arrêté, il parvint à s’évader et n’a pas été retrouvé). Stellato était en particulier chargé de convoyer pour le compte du réseau Brutus des personnes désireuses de gagner l’Afrique du Nord ou Londres via l’Espagne. Depuis Perpignan, il les amenait jusqu’à proximité de la frontière espagnole où ils étaient pris en charge par d’autres guides (des Cérétans le plus souvent : Jean Coste, Noël Figueres, tous deux SFIO et de Libération-sud, Jacques Piquemal le passeur habituel de Brutus).

Les témoignages écrits concordants et non concertés de Marcel Mayneris (SFIO, Libération-sud) et de Camille Fourquet s’accordent pour présenter un Gaston Stellato très imprudent. Fourquet, en particulier, évoque « l’abondance de son verbe » et « son impérieux besoin de bavardage » qui ne sont pas de mise dans une organisation clandestine. Ce fut Stellato qui aurait associé Gabriel Vidal à un passage d’ « Évadés de France » organisé par le réseau Brutus le 21 mai 1943. La SIPO-SD les arrêta à proximité du Boulou. Vidal et Stellato furent interrogés et torturés à Perpignan. Cette arrestation se produisit car, comme l’a écrit Camille Fourquet, « l’un ou l’autre (Stellato ou Vidal) dut commettre quelque indiscrétion ». L’un des deux parla et fit arrêter un nombre considérable de résistants, décapitant presque les MUR des Pyrénées-Orientales : furent en particulier arrêtés : le commandant Fernand Viaux, chef départemental des MUR, Joseph Rous [de Puyvalador]* de Libération-sud, Joseph Pomarola de Franc-tireur, Dominique Parsuire de Libération-sud, etc.

Qui de Stellato ou de Vidal fut-il à l’origine de cette grande vague d’arrestations ? Pour certains, comme Camille Fourquet, ce fut Vidal qui « donna 34 noms de personnes des MUR ». Dans un rapport du 20 février 1954, le préfet des Pyrénées-Orientales estimait que Vidal était à l’origine de l’arrestation de « 23 patriotes ». D’autre part, François Delcos, député radical des Pyrénées-Orientales élu en 1935 et résistant (mouvement Combat puis MUR) arrêté en même temps que Vidal, indiqua que ce fut l’agent de liaison des MUR Gaston Stellato qui aurait parlé. Mais il ne dit pas sur quoi il fondait cette affirmation. Il en est de même de Ramon Gual et Jean Larrieu qui disculpent Vidal et implicitement accusent Stellato sans étayer leurs dires.

Stellato fut ensuite détenu à Montpellier (Hérault) pendant environ trois mois puis à Compiègne (Oise). Le 28 octobre 1943, un convoi ferroviaire l’emmena avec d’autres détenus au camp de concentration de Buchenwald (Thuringe). À partir de juillet 1944 affecté au commando de Hablesstadt, il travailla dans une usine souterraine à la construction d’ailes d’avions Junkers. Ce commando fut ensuite transféré en janvier-février 1945 à Langenstein-Zwieberge (Saxe-Anhalt) puis dans les Sudètes le 8 avril 1945. Stellato fut libéré à Wittenberg (Saxe-Anhalt) le 21 avril 1945. Il ne fut pas rapatrié dans les Pyrénées-Orientales. Il s’installa dans les Alpes-Maritimes où il résidait, au moins à partir des années 1950.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article172264, notice STELLATO Gaston par André Balent, version mise en ligne le 11 avril 2015, dernière modification le 15 août 2019.

Par André Balent

SOURCES : Arch. Com. Perpignan, état civil, acte de naissance de Gaston Stellato et mentions marginales. — Marcel Mayneris texte manuscrit (inachevé) sur son activité militante rédigé à l’intention d’André Balent, Perpignan, 10 juillet 1983 (archives André Balent). — La voix des Jeunes socialistes catalans, mensuel, Perpignan. — Émilienne Eychenne, Les portes de la liberté. Le franchissement clandestin de la frontière espagnole dans les PO de 1939 à 1945, Toulouse, Privat, pp. 111, 217. — Camille Fourquet, Le Roussillon sous la botte nazie. Année 1940-1944, tapuscrit inédit, s.d. [1965] pp. 20-21 (Archives André Balent). — Ramon Gual & Jean Larrieu, « Vichy, l’occupation nazie et la Résistance catalane, II b, De la Résistance à la Libération », Prades, Terra Nostra, 93-96, 1998, p. 973. — Jean Larrieu, « Vichy, l’occupation nazie et la Résistance catalane », I, « Chronologie des années noires », Terra Nostra, 89-90, Prades, 1994, pp. 184, 185, 250. — Entretiens avec Marcel Mayneris, Perpignan, 2 juillet 1982, 13 octobre 1982, 10 juillet 1983 et conversations (1982-1984). — Site de la Fondation pour la mémoire de la déportation ( http://www.bddm.org/liv/recherche.php ) consulté le 25 mars 2014.

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