ROTH Gilbert

Né le 3 juin 1945 à Paris (XIVe arr.), mort le 14 avril 2015 ; libraire ; anarchiste, animateur du CIRA-Marseille.

Gilbert Roth à Ligoure, en 2009.
Gilbert Roth à Ligoure, en 2009.

Gilbert Roth était fier d’avoir eu un grand-père anarchiste, le père de sa mère, l’Italien Attilio Cini (1868-1926). Lui-même, découvre les idées anarchistes avant Mai 1968. Il commence à militer en 1969. Il a été membre de la FA (Fédération anarchiste) ainsi que de la CNT (Confédération nationale du travail), du COJRA (Commission d’organisation des journées de réflexion antiautoritaire) et de l’UPF (Union pacifiste de France). Avec les libertaires présents, il s’investit dans l’animation de l’auberge du MIAJ (Mouvement indépendant des auberges de jeunesse) située près du métro Laumière dans le XIXe arrondissement de Paris. Ce lieu était aussi un espace de convergences de luttes notamment autour de l’insoumission à l’armée, de rencontres de divers groupes, individu-e-s et de débats. Pendant une longue période, avec Hellyette Bess, il a participé aux activités de la librairie anarchiste Le Jargon libre. Elle se trouvait rue de la Reine Blanche dans le XIIIe. Elle a fonctionné de 1974 à 1984.

Gilbert Roth eut une fille, Cécile. Plus tard, devenu malthusianiste convaincu, il partit en Suisse pour se faire vasectomiser. À son retour, il milita auprès des compagnons pour qu’ils en fassent de même. Après les arrestations de plusieurs membres des GARI (Groupes d’action révolutionnaires internationalistes) en 1974, il participa à diverses actions spectaculaires de solidarité : enlèvement de la statue en cire du Musée Grévin de Juan Carlos, attentat contre la statue de Saint Louis au Palais de Justice, sabotage d’une course hippique à Auteuil...

Diverses activités rémunératrices ont ponctué ces années : électricien, chauffeur de taxi (surtout pour les camarades !), coursier, représentant en vin... Il avait monté une SCOP (Société coopérative et participative) d’informatique et s’était investi dans le mouvement des coopératives. Son expérience dans le monde de la gestion d’entreprise se termina par un interdit bancaire de plusieurs années.

« Travailleur de la nuit », il connut quelques séjours à l’ombre... Lors de son procès en juillet 1975, il a plusieurs témoins de « moralité » (May Picqueray, Léo Campion...). On l’accusait d’avoir fait un casse chez un notaire de Montmorency. La seule preuve qu’ont les policiers contre lui est la présence d’un pied de biche à son domicile. Léo Campion déclara : « Monsieur le président, j’ai, sur moi, tout ce qu’il faut pour commettre un viol, et pourtant je n’ai jamais commis de viol ! » Cette fois-là, il fut relâché après un séjour de quatre mois de prison préventive.

En 1998, à la demande de René Bianco, il s’investit dans les activités du CIRA (Centre international de recherches sur l’anarchisme) de Marseille. Il mit en place l’informatisation. Il lança les fameuses cuvées de vin dont les recettes contribueront en partie en 2011 à l’achat d’un local. Il demanda à des dessinateurs connus de réaliser les étiquettes : Nicoulaud, Wolinski, Tardi, Pétillon, Soulas, Charmag et Babouse. Il fut présent dans un grand nombre de salons du livre libertaire, de Lisbonne à Gand en passant par Toulouse, Florence ou Merlieux. Jusqu’à son décès, il occupa le poste de secrétaire du CIRA.

Il écrivit dans Cocherule (revue du MIAJ) et Le Réfractaire. Il a publié plusieurs articles dans les publications du CIRA (calendriers, brochures, livre) : Alexandre Jacob, Reclus, Han Ryner, la propagande par le fait... Il anima en 2006 un cycle de discussions intitulé Les quatre saisons de l’anarchisme. En 2008, il est l’un des fondateurs du CIRA Limousin qui a organisé un colloque et des librairies champêtres. Il fait des apparitions dans deux films, Ni vieux ni traîtes de Pierre Carles et Georges Minangoy (2006) et De la propriété un court métrage de Till Roeskens (2008).

Il a toujours été un « accro » du bitume, scotché au volant de son véhicule. Il se posait souvent en courant d’air, entre deux colis de revues ou de bouquins à déposer, entre deux cartons de vin de Gaillac, entre trois causes à soutenir !
C’est en se rendant à la Foire internationale du livre libertaire et alternatif de Gand (Belgique) que sa route s’est arrêtée. Il est mort dans son sommeil dans la nuit du 13 au 14 avril 2015 chez un copain de Limoges. Malade et affaibli depuis plusieurs mois, il semble qu’il ne souhaitait pas connaître la nature de son mal et ne voulait pas finir ses jours dans un hôpital.

Un espace associatif libertaire porte son nom à Limoges, 64, avenue de la Révolution.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article172376, notice ROTH Gilbert, version mise en ligne le 20 avril 2015, dernière modification le 13 mai 2021.
Gilbert Roth à Ligoure, en 2009.
Gilbert Roth à Ligoure, en 2009.
À Marseille en 2005.
À Marseille en 2005.
Devant ses caisses de livres en 2010.
Devant ses caisses de livres en 2010.

SOURCES : Informations recueillies par des compagnon-ne-s de route (membres de centres de documentation libertaire), avril 2015.

rebonds ?
Les rebonds proposent trois biographies choisies aléatoirement en fonction de similarités thématiques (dictionnaires), chronologiques (périodes), géographiques (département) et socioprofessionnelles.
Version imprimable