HERMAN Juliette.

Par France Huart

Bruxelles (pr. Brabant, arr. Bruxelles ; aujourd’hui Région de Bruxelles-Capitale), 4 janvier 1907 – camp de concentration de Görlitz (Saxe, Allemagne), 12 février 1945. Institutrice, militante communiste, militante syndicale, membre du Comité mondial des femmes contre la guerre et le fascisme, résistante.

Au décès de leurs parents, Juliette Herman et sa sœur Marguerite sont placées, le 25 mars 1919, à l’Hospice des orphelines de la Ville de Bruxelles (situé à l’avenue de Cortenberg). En 1924, elle est diplômée de l’École professionnelle et ménagère de l’Institut Auguste Couvreur à Bruxelles. Ensuite, elle entreprend des études d’institutrice froëbelienne à Bruxelles qu’elle réussit. En novembre 1925, elle quitte l’orphelinat et devient éducatrice au Préventorium marin de Klemskerke situé au Coq. L’année suivante, elle devient institutrice maternelle au Jardin d’enfants n°5 en plein centre de Bruxelles, dans les Marolles.

Dans les années 1930, Juliette Herman s’engage au sein du Comité mondial des femmes contre la guerre et le fascisme (CMF), fondé en 1934, et dont la mission est de rassembler au niveau international les forces féminines antifascistes. Elle devient également militante syndicale.

Pendant la Seconde Guerre mondiale, sous l’Occupation, Juliette Herman s’engage dans la défense des droits des épouses de prisonniers et organise des récoltes de vêtements et des vivres pour améliorer le sort de ces femmes et des enfants des quartiers populaires. Fin mai 1941, avec d’autres femmes, J. Herman organise la manifestation « Du pain, du lait pour nos gosses ! » pour dénoncer les défaillances du ravitaillement allemand. Cette marche du Comité des ménagères rassemble plus de 3.000 femmes et enfants et relie le Boulevard du Botanique au Sablon à Bruxelles. Marchant en tête de la manifestation, J. Herman est photographiée. Dénoncée, la police vient l’arrêter à son domicile rue Watteau, où elle est en train de préparer un tract pour une nouvelle manifestation qui dénonce les incohérences entre les pénuries alimentaires et les exigences de l’intendance de l’armée allemande. La fouille de son appartement permet de l’identifier comme membre du Parti communiste de Belgique (PCB), alors clandestin, et de révéler ses activités de résistante. Au moment de son arrestation, elle parvient à prévenir sa complice, Marguerite Mertens, de la présence de la Gestapo.

Juliette Herman est incarcérée à la prison de Saint-Gilles (Bruxelles), puis transférée à Forest (Bruxelles). Elle comparaît très mois après son arrestation devant un tribunal allemand et est condamnée à dix ans de travaux forcés. Elle est déportée le 15 janvier 1942 vers la prison de Krefeld, en Rhénanie (Allemagne).
Au début de 1944, elle est transférée à la prison de Jauer (Jawor), en Silésie au sud-ouest de la Pologne, où elle est obligée de travailler dans l’industrie de guerre nazie. Le 28 janvier 1945, les Allemands évacuent son camp, distribuent des vêtements civils et du pain aux détenues. Commence alors pour toutes ces femmes une marche de neuf jours dans la neige. Épuisée par les privations et malade, Juliette Herman décède 12 février 1945 au camp de concentration de Görlitz.

Le 14 décembre 1945, A. Goossens-Bara, président de la Commission d’assistance publique de Bruxelles, inaugure le mémorial Juliette Herman, établi dans l’Hospice des Orphelines de la ville, où elle a été pensionnaire. Une autre stèle en bronze est installée le 13 novembre 1947 dans la salle des fêtes du Jardin d’enfants n°5, où elle a travaillé. Par ailleurs, à la Libération, l’Union des femmes (fondée en 1944) rend aussi hommage à Juliette Herman comme résistante. Elle la considère comme « une sœur » et publie des articles illustrés dans Femmes dans la lutte. Le 17 avril 1951, l’Hospice des Orphelines devient le Home Juliette Herman en souvenir de son ancienne pensionnaire décédée.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article172406, notice HERMAN Juliette. par France Huart, version mise en ligne le 22 avril 2015, dernière modification le 13 janvier 2020.

Par France Huart

SOURCES : HUART F., PEREIRA S., Rassemblement des Femmes pour la Paix. Un mouvement, une histoire, des engagements, Bruxelles, Éd. Université des Femmes, 2009 (Collection Agirs féministes) – Livre de vies. Plus d’un siècle d’accueil de l’enfance à Bruxelles, Bruxelles, CPAS de Bruxelles, 2007.

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