Les Fusillés, en librairie à partir du 4 mai 2015.
Les fusillés (1940-1944), Dictionnaire biographique des fusillés et exécutés par condamnation et comme otage ou guillotinés, sous la direction de Claude Pennetier, Jean-Pierre Besse, Thomas Pouty et Delphine Leneveu, Éditions de l’Atelier, 2015.
Grâce à un travail scientifique et éditorial hors du commun et de nombreux partenaires, le grand public aura à sa disposition, pour la première fois, dans un seul et même tome, l’ensemble des biographies des personnes fusillées par condamnation par les autorités allemandes en France pendant l’Occupation (1940-1944). Car si les déportés et internés de la Seconde Guerre mondiale ont fait l’objet de nombreux travaux, les fusillés, autres victimes de la répression nazie et de la collaboration vichyste demeuraient jusqu’à présent un corpus méconnu, sujet à des polémiques mémorielles. Il y a eu, au fil des décennies, des chiffres à discuter mais pas de listes, pas de dictionnaires, peu de biographies historiquement établies.
Les auteurs ont d’abord procédé à la redéfinition de la notion de fusillé, distinguant d’une part la "justice légale" (les « fusillés par condamnation ou comme otages », et les guillotinés en France) ; et d’autre part une répression plus aléatoire, celle des exécutés sommaires qui sont présents sur une base en ligne accessible par un code donné dans le volume. Aux fusillés par condamnation, donc, s’ajoutent les victimes de la politique allemande : des otages exécutés à grand renfort de propagande, désignés en fonction de leurs opinions et activités antifascistes, qu’il ne faut pas confondre avec les prises d’otages des derniers mois de la guerre débouchant sur des exécutions sommaires. Figurent également les condamnés par les tribunaux italiens, les condamnés par les Sections spéciales françaises puis guillotinés, et les condamnés par les cours martiales de Vichy (Milice et Groupes mobiles de réserve).
L’ensemble forme, à notre sens, les fusillés stricto sensu. Il s’attache aux notices relevant des exécutions « légales ». Sont aussi signalés en fin de volume deux autres corpus : les femmes exécutées hors de France ou en France sans condamnation, et les suicidés morts sous la torture, sans garantie d’exhaustivité. Les femmes condamnées à mort en France étaient déportées en Allemagne et guillotinées hors du regard français, ou envoyées dans les camps de concentration. Les suicidés et morts sous la torture étaient destinés au peloton d’exécution et il ne serait pas juste de les séparer des fusillés. Plusieurs figurent dans le corpus des fusillés car suicidés dans les heures qui précèdent la fusillade, pour ne pas laisser aux nazis le droit de décider de leur mort. Ils sont d’ailleurs souvent cités dans les documents comme fusillés.
Ce travail de recherches et d’édition a été porté depuis 8 ans par Jean-Pierre Besse, décédé en 2012, Claude Pennetier et Thomas Pouty, puis Delphine Leneveu. Rassemblant une équipe de 111 historiens, ce volume édité par Les Éditions de l’Atelier compte près de 10 millions de signes qui courent sur 1952 pages imprimées sur du papier bible. Il représente un travail de conception et
d’accompagnement éditorial d’une très grande ampleur qui s’inscrit dans la dynamique éditoriale du Maitron.
Le livre est publié sous la direction de : Claude Pennetier, directeur du Maitron et chercheur au CNRS (CHS XXe siècle), Jean-Pierre Besse (1949-2012), co-responsable du Maitron et historien de la Résistance, Delphine Leneveu, historienne de la Seconde Guerre mondiale et membre du CRHQ, coordinatrice, Thomas Pouty, historien des fusillés.