Par Frédéric Stévenot
Né le 3 octobre 1896 à Folembray (Aisne), mort le 2 février 1982 à Soissons (Aisne), ou le 27 décembre 1988 à Albert ( Somme) ; fonctionnaire des Finances ; militant socialiste de l’Aisne ; résistant.
Fils de Jacques Tabarant, 27 ans, verrier, domicilié à Folembray, et de son épouse Marguerite Eugénie Adélaïde Lebrun, sans profession. Jean Tabarant se maria le 12 novembre 1919 à Val-Saint-Père (Manche) avec Marie-Josèphe Le Beltel ; le couple eut deux enfants. Jean Tabarant se remaria à Paris (VIe arrondissement) le 16 mai 1967 avec Lucienne Eugénie Léonie Maigret.
Jean Tabarant fit des études primaires puis entra en 1909 comme auxiliaire à la recette des Finances de Soissons. Évacué avec ses parents sur Paris en janvier 1915, il travailla à Pantin (Seine) dans une usine de fabrication d’obus. Incorporé au 5e régiment d’artillerie à pied, comme soldat de 2e classe de 1915 à 1919, Jean Tabarant fut blessé et versé dans le service auxiliaire. Il fut affecté au quartier général de l’armée française à Chantilly, puis à la commission de récupération de matériel ferroviaire en Allemagne. Démobilisé en septembre 1919, il reprit un emploi dans l’administration des Finances où il demeura jusqu’à sa retraite, en 1958, avec le grade de trésorier principal.
Déjà révolté par les conditions de travail dans les verreries du Soissonnais lorsqu’il était adolescent, Jean Tabarant adhéra à la section socialiste de Laon, lors de sa création en janvier 1924, et suivit les cours sur le socialisme d’Armand Cuvillier, professeur au lycée de Laon. À partir du 1er janvier 1926, il assuma les fonctions de trésorier de sa section en remplacement de Marcel Levindrey. Élu membre suppléant du bureau de la Fédération socialiste de l’Aisne lors du congrès du 12 mars 1929, il devint trésorier fédéral à partir de 1931 et devait le demeurer jusqu’en 1974.
Jean Tabarant fut à nouveau mobilisé en 1939-1940, comme affecté spécial. Pendant l’Occupation, son bureau devint le lieu de contact des services de renseignements français. Il appartint en effet au mouvement Libération-Nord et intégra les NAP (Noyautage des administrations publiques ; il fut également « boite aux lettres » du réseau Samson. Il hébergea des aviateurs alliés et fabriqua de faux papiers : il s’agit de deux officiers, canadien et britannique. Sous la présidence d’Eisenhower, les États-Unis d’Amérique lui témoignèrent leur gratitude pour son rôle dans l’évasion de soldats alliés, comme le fit également le Commonwealth.
Dans le dossier de Louise Macault, au Service Historique de la Défense à Vincennes (cote : GR 16 P 38 15 23), il y a une déclaration de Jean Tabarant faite en 1955 à un officier de police dans le cadre d’une enquête qui tentait de déterminer la reconnaissance éventuelle des services de Louise Macault dans la Résistance. Il y déclarait : « Durant l’occupation, j’ai appartenu au réseau "Samson" dont j’étais le responsable pour la ville de Laon. J’exerçais les mêmes prérogatives au mouvement "Libé-Nord". J’ai parfaitement connu durant cette période l’institutrice Louise Macault qui a été arrêtée par les Allemands en 1943 et déportée.
Cette personne n’était pas affiliée à aucun de mes deux réseaux. Toutefois je puis vous assurer qu’elle m’a, à plusieurs reprises, communiqué des renseignements d’ordre militaire...J’en assurais la transmission à mes supérieurs. […] Je tiens à vous faire savoir que dès l’arrestation de l’intéressée, j’ai assuré la protection de son frère et de son fiancé en vue de les soustraire aux recherches éventuelles ».
Arrêté le 20 mars 1943 par la Gestapo, il fut libéré le jour même sur intervention du préfet et du maire de Laon.
Le 28 janvier 1945, il fut proposé par le préfet de l’Aisne au ministre de l’Intérieur comme conseiller général du canton de Coucy-le-Château, en remplacement de Michel Guerre, socialiste, décédé. Trésorier de la fédération départementale de la SFIO, Tabarant était aussi membre du Comité départemental de Libération à titre consultatif.
Conseiller municipal et maire adjoint de Laon à partir de mars 1959, Jean Tabarant était décoré de la Croix de volontaire de la Résistance, de la Croix du combattant 1939-1945. Il était déjà titulaire de la Croix du combattant 1914-1918.
Un article de son fils, Michel, évoque brièvement la vie de ses parents lors de l’Occupation.
Par Frédéric Stévenot
SOURCES : Arch. dép. Aisne, 3 MM 4. — Le Cri, 1929-1933 — État civil de Folembray (arch. dép. 5 Mi 715). — Musée de la Résistance et de la Déportation, Tergnier. — Notes de Joëlle Tourbe (Service Historique de la Défense, GR 16 P 38 15 23). — Rens. communiqués par le militant, 1980.