ROSSO Georges, Arthur

Par Micheline Abours, Gérard Leidet

Né le 14 décembre 1929 à Marseille (Bouches-du-Rhône) ; musicien puis employé des postes ; syndicaliste (CGT) ; militant communiste ; maire du Rove (Bouches-du-Rhône) à partir de 1981, mandat en cours.

Georges Rosso naquit à Marseille et connut très peu son père, Francesco Giuseppe Rosso, journalier né le 10 juin 1899 à Cartosio (Piémont, Italie), mort à l’âge de 39 ans. Sa mère, née Thérèse Speranza, se retrouva veuve et dut élever seule ses sept enfants. En juin 1940, lorsque l’Italie déclara la guerre à la France, un réveil des sentiments xénophobes envers les italiens se fit jour à Marseille et dans la région. Sa mère fut insultée par des voisins et c’est un réfugié espagnol, militant communiste et connu comme tel, qui prit la défense de la famille. Cet épisode marqua profondément l’enfant puis le jeune adulte qui datait de ce moment précis son intérêt « vers le communisme ». Malade durant l’enfance, il fréquenta très peu l’école et n’en garda aucun souvenir précis. Ce qu’il apprit, il l’ apprit seul, en lisant beaucoup dès qu’il maîtrisa l’apprentissage de la lecture. S’il trouvait un journal qui traînait, il le prenait et commençait à le déchiffrer. A seize ans, il commença à étudier la musique et travailla énormément le solfège puis le saxophone. Il poursuivit ses études musicales, d’abord au conservatoire de Marseille, puis à celui de Toulon. Il obtint successivement un 1er prix de solfège, puis un prix d’harmonie, ainsi que le 1er prix au concours de virtuosité à Toulon (classe de saxophone). Devenu musicien professionnel, il joua dans les orchestres de jazz et de variétés de la région (notamment celui de José Gomez ...). Ce parcours de musicien amateur puis professionnel devait s’échelonner sur 36 années, entre 1945 et 1981. Il estima par la suite que cette étude poussée de la musique lui avait donné « l’esprit de synthèse » nécessaire dans d’autres domaines, dont celui d’élu municipal qui allait occuper la deuxième partie de son parcours.

En 1955, Georges Rosso entra à la Poste Colbert à Marseille et adhéra à la CGT. Il y avait alors six sections syndicales, pour les différentes catégories de personnel. C’est lui qui animait la vie syndicale. Un collègue de travail lui ayant affirmé qu’il ne pourrait être titularisé que s’il possédait le certificat d’études primaires (CEP), il se mit à préparer l’examen avec l’aide d’un instituteur. Il obtint le CEP alors qu’il était âgé de plus de 30 ans.

Longtemps il eut une activité militante proche du Parti communiste : collage d’affiches, participation aux réunions de la cellule du PCF dans un bar de Plan de Cuques, village dans lequel il résidait alors…Et ce sans avoir la carte du Parti. C’est au moment de l’arrivée de De Gaulle au pouvoir, en mai 1958, qu’il décida d’adhérer au PCF.

En 1971, Georges Rosso vint habiter au Rove, petite commune peuplée alors de 2 000 habitants environ, et située à l’ouest de Marseille. Étienne Mathieu, maire communiste (1965-1981) lui proposa d’être conseiller municipal et parvint à le convaincre que cela lui prendrait peu de temps. En réalité, il fut chargé de l’action sociale et allait y consacrer beaucoup de temps. En 1977, il devint 2e adjoint mais en cours de mandat, le maire tomba malade et c’est Georges Rosso qui le remplaça en 1981. Il fut ensuite élu maire en 1983 puis réélu dès le premier tour lors de tous les scrutins municipaux suivants. La singularité de la commune du Rove résida longtemps dans le fait qu’une seule liste, animée par le PCF, se présentait aux suffrages des électeurs. Il n’y eut qu’aux municipales de 2008 et 2014 que la physionomie des élections locales changea. En 2008, la liste communiste présentée par Georges Rosso obtint 2 064 voix (69,5 % des voix) face à celles de Robert Sichi, classée Divers gauche avec 608 voix (20,5 %) et Christophe Pistoresi, Majorité présidentielle avec 2296 voix (9,9 %). En mars 2014, Rosso opposé à un seul candidat, Ray Sari pour l’Union de la Droite, l’emporta encore plus nettement, avec 2 191 voix (79,5 % des suffrages) contre 564 voix (20,5 %) à son adversaire qui rassemblait à lui seul, cette fois-ci, l’opposition municipale.

La commune se trouvant sous équipée en 1971, les différentes municipalités animées par Georges Rosso durent mettre en place une véritable politique de rattrapage. Les réalisations effectuées le furent tout en apurant les dettes initiales : Centre culturel Nelson Mandela, l’ensemble crèche - école maternelle - école primaire, l’école municipale de danse et celle de musique, la salle d’arts martiaux, le stade, la médiathèque (prévue en 2015). Tout au long de ses mandats, Georges Rosso agit pour la sécurité dans sa ville, estimant qu’ "il ne [pouvait] y avoir de démocratie sans sécurité". L’autre sujet qui lui tint à coeur dès son premier mandat de maire fut la construction de logements sociaux : "il faut permettre aux jeunes qui naissent au Rove de pouvoir y rester".

La situation géographique du village, avec les calanques de Niolon et la Vesse qui font partie de la commune du Rove, incita Georges Rosso à s’investir résolument dans les questions liées à l’environnement. À ce titre, il participa avec les autres maires du secteur à la création du parc régional marin de la Côte Bleue en 1983. Ainsi sur les 2 300 hectares de la commune, 2000 (87% du territoire) ont été répertoriés en site classé depuis le mois de juin 2013. Cela avait nécessité une longue bataille contre les promoteurs, intéressés par le Massif de la Nerthe. Georges Rosso, qui fut président départemental du Mouvement national de lutte pour l’environnement (MNLE) considérait en 2015 que « [c’était] là sa grande victoire".

Dans les années 2012-2015, Georges Rosso était très engagé dans la bataille contre la Métropole, avec les 109 maires opposés à la métropole gouvernementale (sur les 119 que compte le département des Bouches du Rhône). Ce dernier point a sans doute motivé sa décision de se représenter aux élections municipales de 2014, pour un septième mandat. En défendant sa commune au sein de la Communauté Urbaine de Marseille, dont il fut vice-président, Georges Rosso noua avec Jean-Claude Gaudin, Sénateur-Maire UMP de Marseille, des liens de proximité qui dépassaient, sans les nier, les clivages politiques. Lorsque ce dernier lui remit, en novembre 2008, les insignes de Chevalier de la Légion d’Honneur, il eut ces mots pour conclure son discours : "Rosso, cela veut dire rouge, et je remets la légion d’honneur à un rouge ...".

Marié le 18 septembre 1956 à Plan-de-Cuques (Bouches-du-Rhône) avec Agathe Stella, Georges Rosso avait eu une fille de son premier mariage. Après avoir divorcé, il a épousé le 30 juillet 1988 au Rove (Bouches-du-Rhône), Viviane Revert, née le 28 octobre 1945, issue d’une famille de militants communistes.

Georges Rosso n’a eu qu’un seul type de mandat d’élu , celui de maire, malgré diverses sollicitations plusieurs fois réitérées. A ce titre il a incarné durant plus de 40 années un communisme municipal singulier, entièrement tourné vers une gestion de proximité et de développement des services publics envers ses administrés ; tout en revendiquant son appartenance au PCF, et sa fidélité aux différentes directions du Parti.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article172413, notice ROSSO Georges, Arthur par Micheline Abours, Gérard Leidet, version mise en ligne le 29 juillet 2015, dernière modification le 13 juillet 2022.

Par Micheline Abours, Gérard Leidet

SOURCES : Entretien avec Georges Rosso le 2 avril 2015. — Bulletin municipal du Rove, février 2015. — Archives municipales du Rove. – Archives de la Fédération des Bouches-du-Rhône du Parti communiste Français. — État civil.

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